Oser contredire son chef, souligner l'inefficacité d'une réunion, dire stop à des comportements odieux, proposer des idées différentes… Voici des exemples d'impertinence constructive au travail. Constructive, car ils sont source d'efficacité, de performance et de bien-être professionnel, défendent les spécialistes en management. Il est urgent, face à l'augmentation de la souffrance au travail et de la résignation, de libérer la parole et l'intelligence collective. Il y a urgence également car de nombreux managers n'arrivent pas à passer le cap d'un management différent. Ils deviennent de plus en plus durs par manque de confrontation et face à l'apparente passivité des gens. Une autre urgence encore, ce sont les dommages collatéraux. Notamment la famille des personnes qui sont mal dans leur travail et qui, le soir, va subir leur stress, leur colère. Faire circuler une parole libre «Impertinence constructive» est un oxymore, c'est-à-dire l'association de deux contraires. C'est utiliser de manière vertueuse l'énergie et le courage que donnent la colère, l'envie de dire et de provoquer des choses. Mais ce n'est pas partir en bataille. Dans le monde du travail actuel, nous sommes tous fatigués de cela. Il s'agit de créer les conditions d'une confrontation pacifiée et constructive. Ceci repose sur deux savoir-faire. D'abord savoir exprimer des questionnements et des idées auprès de sa hiérarchie, sans gêne, avec clarté et simplicité. Ensuite, savoir tisser un dialogue constructif pour trouver des solutions originales. Certains individus possèdent ce talent. Mais ils sont rares. La plupart apprennent à devenir impertinents. Si l'environnement le favorise, ou une partie Se taire et subir, ou commencer à introduire une nouvelle manière d'être en relation pour pouvoir influencer petit à petit les choses autour de soi ? Ceci demande beaucoup d'énergie, certes, mais nous l'avons. Sauf qu'elle est souvent mal utilisée et mise à mal par notre lassitude, notre sentiment d'impuissance… Il est certain que dans les organisations très procédurières, hiérarchisées, ça va être dur. Il faut faire attention à ne pas s'épuiser et à trouver des alliés, avec qui échanger notamment sur la manière de s'y prendre. Après, si l'on se rend compte que plusieurs tentatives concernant ses valeurs, l'éthique ou encore les conditions de travail, échouent, il faut, à un moment, se donner la liberté de partir. En général, lorsque de bons éléments quittent une entreprise, c'est un signe. Cela crée quelque chose. Et les organisations doivent se poser des questions.