Depuis l'arrêt des importations de véhicules fin 2015, le marché de l'occasion a connu une hausse qui a dépassé tout entendement. Les prix ont augmenté de 50% pour certaines marques très prisées en Algérie. La demande est telle que certains vendeurs ont pu s'en donner à cœur joie et se livrer à des trafics et des arnaques en tous genres. En effet, les marchés de véhicules d'occasion, notamment ceux du centre du pays (El Harrach et Tidjelabine) sont devenus la destination privilégiée des Algériens. Ils sont des milliers, voire plus, à se diriger chaque fin de semaine (les vendredis et samedis) vers ces endroits, surtout depuis le blocage des importations en juillet 2015 par les autorités publiques qui veulent diminuer la facture des importations et encourager les concessionnaires à investir dans l'industrie locale de montage. Le parc de véhicules d'occasion est devenu du coup la seule solution pour acheter une voiture. Mais la forte demande et la pénurie de véhicules neufs ont provoqué une hausse injustifiée, au détriment bien sûr du pouvoir d'achat des acheteurs, acculés à se rabattre sur des voitures dans un état quelquefois douteux à des prix exorbitants. C'est une véritable politique de dilapidation de l'argent du contribuable qui s'est installée, au détriment de la qualité et de la sécurité des automobilistes... et de tout un chacun. Même la monnaie nationale a accusé le coût dès lors que les prix des véhicules vendus dans ces marchés ne reflètent pas leur réelle valeur. Ainsi, on se retrouve avec des cylindrées immatriculées en 2007 qui se vendent plus cher que leur prix de sortie d'usine. A titre d'exemple, on peut citer les prix de la Suzuki Maruti 800, immatriculée en 2007 et ayant roulé 105 000 km, proposée à 420 000 dinars, alors que son prix initial était à l'époque de 375 000 DA. La Chevrolet Spark, immatriculée en 2013, avec 66 000 km au compteur, est cédée à 900 000 dinars, alors que le concessionnaire l'avait vendue à l'état neuf... 780 000 dinars ! Les prix des grosses cylindrées n'échappent pas à cette réalité kafkaïenne, ce qui renseigne à quel point les Algériens sont de grands amateurs de voitures toutes marques confondues. Dans un vaste pays doté d'un non négligeable maillage de routes (routes communales, wilayales, nationales et autoroutes…) et en l'absence de moyens de transport public satisfaisants, ponctuels, confortables et propres…, la voiture demeure le moyen de déplacement le plus sûr pour les Algériens. Certains n'hésitent pas d'ailleurs à acquérir deux bagnoles, voire plus, afin d'éviter tous les aléas (pannes, accidents, évènements familiaux…). Pour certaines femmes actives, la voiture est leur hidjab ...ou son complément ! De plus, le prix du carburant n'est pas prohibitif, malgré les récentes augmentations. Malheureusement, cette «fièvre acheteuse» qui s'est emparée des Algériens a fini par atteindre considérablement leur pouvoir d'achat. Des ménages étaient prêts à rogner sur leur nourriture et leur habillement pour pouvoir acheter un véhicule. Ceci au moment où dans d'autres pays, très proches de nous, la voiture, neuve ou d'occasion soit-elle, ne trouve pas preneur. Et les autorisations d'importation octroyées hier par le ministère du Commerce ne vont pas bouleverser la donne en Algérie : les concessionnaires automobiles, confortés par la forte demande locale et la sacro-sainte loi de l'offre et de la demende, ne comptent pas baisser les prix.