A défaut d'apporter des précisions et des explications sur ses relations avec Farid Bedjaoui, recherché par la justice internationale et qualifié hier par la presse américaine de «criminel majeur», l'ex-ministre de l'Energie s'en prend à la compagnie française Total qui a sollicité un arbitrage pour son contentieux avec Sonatrach. Chakib Khelil s'est exprimé hier via sa page Facebook au sujet de la taxe sur les profits exceptionnels (TPE) et la procédure d'arbitrage lancée par les compagnies pétrolières contre l'Algérie à la suite de son application. Pour l'ex-ministre, cette taxe a été instaurée à son «initiative afin de rétablir l'équilibre» dans les anciens contrats dits de partage de production. «Compte tenu de l'évolution continue et spectaculaire du prix du pétrole, j'avais considéré que tous ces contrats établis avant la loi de 2006 étaient économiquement injustes car ils pénalisaient lourdement l'intérêt de notre pays», a-t-il précisé. Pour lui, «les contrats ont été mal négociés et conclus avec les compagnies étrangères sans tenir compte de la variation des prix du pétrole dans le temps, alors qu'il s'agissait de contrats à long terme». C'est ainsi que «pour faire valoir notre droit à la vérité, à la justice et à la réparation du préjudice économique, la TPE fut imposée dans le cadre de la nouvelle loi et appliquée dès lors que le prix du baril dépassait les 30 dollars», soutient-il. Grâce à cette imposition, l'Etat a prélevé, jusqu'à aujourd'hui, pas moins de 15 milliards de dollars. Considérée par certaines parties comme une taxe inspirée par les Etats-Unis, Chakib Khelil réfute cette idée et donne comme preuve l'impact subi par la compagnie américaine Anadarko qui a été, selon lui, «la plus affectée par l'application de cette loi de 2006». «En raison de sa part de production qui est la plus élevée par rapport aux autres compagnies étrangères», dit-il. Mais Anadarko, qui avait contesté cette taxe, avait obtenu, au terme d'une procédure d'arbitrage, un dédommagement d'une valeur de 4,4 milliards de dollars. S'agissant du cas de Total, Chakib Khelil n'a pas été tendre avec la compagnie française. «Total aurait dû être poursuivi en arbitrage international pour les dommages économiques subis par l'Algérie, suivant l'exemple de Repsol dans l'affaire de Gassi Touil, où l'Algérie a eu gain de cause et a pu récupérer 1,5 milliard de dollars», estime-t-il. L'ex-ministre, cité dans plusieurs affaires de corruption, persiste et signe qu'il avait toujours défendu les intérêts de l'Algérie. «Mon action au sein du secteur de l'énergie a toujours été dictée par l'intérêt national et marquée par la transparence de ma méthode», se défend-il, citant «l'introduction de la procédure d'appel d'offres ouvert et transparent pour l'octroi de contrats d'exploration et de production d'hydrocarbures». Malgré les précisions apportées hier, Khelil ne veut pas s'exprimer sur ses «relations» avec le jeune Farid Bedjaoui et pourquoi cet «intermédiaire» a été sollicité pour des «négociations» avec les grandes compagnies mondiales, notamment italiennes. L'ex-ministre avait juste reconnu, récemment, l'avoir rencontré à Paris lors d'une occasion «informelle» sur insistance de «la partie italienne».