Rokia Benmessaoud est une jeune enseignante de Tamanrasset. Elle est passionnée par la fabrication d'objets décoratifs avec de la récupération et par la transformation d'objets usés. Cet artiste, venue de l'extrême sud algérien, participe pour la première fois au festival national de la création féminine dont le thème pour cette année est ‘'Récup'Art''. C'est une manifestation dont elle n'a jamais entendu parler auparavant, mais à son arrivée, elle fut impressionnée par ce qu'elle a découvert. Au milieu de femmes avec lesquelles elle partage la même passion, elle se sent dans son monde. Rokia est émerveillée de découvrir que cette passion qu'elle cultive dans le grand sud est partagée par des dizaines de femmes comme elle à travers le territoire national. «Pour une débutante comme moi, c'est vraiment une belle opportunité de découvrir ce que mes semblables font, et apprendre d'elles de nouvelles choses», dit- elle modestement. Pourtant, pour une débutante comme elle se définit, son stand attire des dizaines de visiteurs, impressionnés par ses créations. Cette passion n'est pas nouvelle pour Rokia. Elle ne l'a pas apprise à travers les chaînes de télévision ou internet, mais «c'est une passion héréditaire. Je l'ai apprise de ma mère qui, elle aussi, faisait de magnifiques objets avec de la récupération de tissus, avec lesquels elle fabriquait des tapis et autres tissages. Il y avait ma tante qui faisait des sacs à dos avec d'autres objets, et ma grande sœur qui fabriquait des tables et des cadres avec du roseau» raconte-t-elle. «C'est un peu tout cela qui m'a ouvert les yeux sur cette passion depuis que j'étais toute petite», ajoute-t-elle. Ayant grandi dans ce milieu, elle ne pouvait pas échapper à la contamination : «ça a commencé à m'inspirer depuis que j'étais adolescente». Rokia se rappelle le premier objet qu'elle a fabriqué à l'âge de 17ans. «Sur mon chemin de retour du lycée, j'ai retrouvé un pare-brise de voiture cassée. J'ai ramassé les débris et une fois à la maison, j'ai pris soin de fabriquer avec mon signe du zodiaque, le sagittaire», se rappelle-t-elle. Le premier essai lui donne la motivation de continuer et elle se lance alors à la recherche de tout objet destiné à être jeté pour lui donner une seconde vie. Elle utilise des cartons, du bois, du papier pour en faire de beaux objets de décoration qui embellissent sa maison et celles de son entourage à qui elle les offre gracieusement. Rokia a quelque peu délaissé sa passion pour se consacrer à ses études supérieures durant quelques années. Transmettre son savoir-faire Mais son diplôme obtenu, le goût de la récupération lui revient naturellement. En 2013, elle intègre un CEM dans la ville de Tamanrasset comme enseignante d'anglais. Ayant la conscience de l'impotance de transmettre son savoir- faire et sa passion aux enfants, elle crée un atelier de récupération au sein de l'école où elle enseigne. Elle apprend aux petits chérubins la fabrication de jolies fleurs avec de la sciure et des sacs poubelles, et des animaux avec des bouteilles en plastique. Son initiative est un succès et attire beaucoup d'enfants. «Mon but aussi, à travers cette initiative, est de semer, à l'intérieur de chaque enfant, la nécessité de la protection de l'environnement et l'écologie et les dangers de la pollution», dit-elle. «Je suis tellement impressionnée par les idées créatives des enfants. Ils ont une imagination débordante», dit-elle non sans fierté. «Les enfants, il suffit juste de leur faire aimer une passion et les encadrer», ajoute-t-elle. Une année après, soit en 2014, Rokia change d'établissement d'enseignement et décide de créer un autre atelier. «Le résultat est absolument le même. Les enfants y trouvent un grand intérêt et le font avec un grand plaisir», se réjouit-elle. Au mois de ramadhan 2015, elle commence à fabriquer des bijoux avec des chutes de tissus, recouvrir des chaussures usées et les orner de manière à les transformer en de beaux objets de décoration. «C'est à travers ça que mon travail s'est fait connaître. On m'a invitée à faire une exposition à la maison de la culture de Tamanrasset, et j'étais très heureuse que ce que je fais plaise énormément aux gens», raconte-elle encore. Sa participation à ce salon ‘'Récup'Art'', et sa connaissace d'autres femmes touchées par la même passion lui donnent plus de motivation et une grande ambition. «ça me donne une grande envie d'investir encore plus dans ce domaine, fabriquer encore davantage d'objets, transmettre ma passion et, pourquoi pas, ouvrir un magasin de vente pour ces objets à Tamanrasset», dit-elle, déterminée.