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«L'Algérie vient de montrer que l'Afrique a des moyens et peut aider son cinéma à décoller»
Entretien avec Thierno Ibrahima Sane, réalisateur sénégalais
Publié dans Le Temps d'Algérie le 09 - 09 - 2009

Thierno Ibrahima Sane, réalisateur sénégalais, vient d'obtenir une aide de l'Algérie pour la coproduction de son film La Petite Maman. Dans cet entretien, il parle de la situation du cinéma au Sénégal et de ses projets.
Le Temps d'Algérie : Le cinéma sénégalais est parmi les premiers cinémas africains, depuis ce temps-là. Il connaît des problèmes, c'est dû à quoi à votre avis ?
Thierno Ibrahima Sane : Le cinéma sénégalais comme vous le dites était le premier en Afrique avec Sembene Ousmane et autres. Aujourd'hui, beaucoup de pays africains nous ont ravi la vedette et cela pour plusieurs raisons. D'abord, l'Etat sénégalais ne fait aucun effort pour soutenir ni encourager ce secteur. Pour preuve, la quasi-totalité des salles de cinéma sont fermées ou transformées en lieu de culte.
En outre, les cinéastes sont livrés à eux-même et ne bénéficient d'aucun soutien de quelque bord, surtout nous jeunes cinéastes qui venons de démarrer. Nous sommes dès lors obligés de compter sur des subventions extérieures pour faire un film, ce qui n'est pas du tout évident. A cela s'ajoute le manque de formation et de professionnalisme de nombreux acteurs du milieu, ce qui se répercute sur la qualité des œuvres présentées.
Dès lors, on est obligé de se contenter des films extérieurs plutôt que les rares films qui sont produits au Sénégal.
Comment est financé le cinéma au Sénégal. Y a-t-il un fonds d'aide à la production cinématographique ?
Le fonds d'aide à la production cinématographique existe sur papier, mais en réalité ce fonds ne sert pas à grand-chose. Sur ce, je vais vous raconter une petite anecdote. Un ami cinéaste a déposé il y a quelques années un projet de film d'un budget de 600 000 000 FCFA.
Un an plus tard, on l'appelle pour lui dire que son financement est acquis. Tout content, il vient croyant être en mesure de démarrer son film.
A sa grande surprise, on lui remit 500 000 FCFA, même pas 1/1000 de la somme demandée. C'est une aberration. Au lieu de distribuer des miettes à 10 personnes qui ne peuvent rien faire avec, ils auraient pu remettre cette somme à un seul demandeur qui peut au moins faire quelque chose avec. En ce qui me concerne, j'ai d'ailleurs déposé depuis 2 ans mon projet de film et jusque-là rien. C'est ce même projet qui vient d'être subventionné par le gouvernement algérien pour la coproduction.
C'est pour vous dire qu'on ne peut espérer de ce fonds pour faire un film au Sénégal, et c'est vraiment désolant, surtout au moment où l'on parle de Fesman 3 au Sénégal. L'Etat nous demande de présenter des films sans au préalable nous aider à les produire. C'est comme demander à sa femme de préparer un bon plat au déjeuner sans lui avoir donné de quoi aller au marché.
Ne pensez-vous pas que les réalisateurs Djibril Diop Mambéty et Ousmane Sembène ont trop influencé le cinéma sénégalais ?
Sembène Ousmane et Djibril Diop Mambéty sont les précurseurs du cinéma sénégalais. Mieux encore, ils sont la références du cinéma sénégalais, voire africain. Il y a certes de grands cinéastes aujourd'hui, mais force est de reconnaître que les œuvres de Sembène restent des modèles.
D'ailleurs ses films sont toujours actuels. En réalité, ce qui faisait la force de Sembène c'est qu'il traitait des thèmes en rapport avec nos réalités quotidiennes et beaucoup de Sénégalais s'y retrouvent.
Quels sont les principaux thèmes que vous abordez dans vos films ?
Je travaille en ce moment sur deux films : un film documentaire sur les talibés, c'est-à-dire les enfants mendiants au Sénégal, et une fiction intitulée La Petite Maman. C'est cette fiction qui vient d'être acceptée par la commission de lecture du ministère de la Culture algérien pour la coproduction. Je traite des thèmes sociaux en rapport avec le vécu des Sénégalais. J'ai deux défis à relever dans mes films. Les défis de l'originalité des thèmes en rapport avec le courage des idées à défendre, mais aussi le défi du réalisme budgétaire. En somme, présenter un bon film, mais pas trop cher pour parvenir à le produire un jour.
Votre scénario vient d'être accepté par la commission de lecture du ministère de la Culture pour une coproduction, pouvez-vous nous parler de ce projet ?
D'abord je remercie le gouvernement algérien par le biais de son ministère de la Culture qui vient de me donner une opportunité de produire et de réaliser mon premier film. C'est un film qui me tient beaucoup à cœur et vous comprendrez pourquoi.
La Petite Maman est l'histoire d'une fille de 12 ans qui abandonne l'école pour s'occuper de sa maman handicapée suite à un accident sur une mine anti-personnel.
C'est ainsi qu'elle va faire du petit commerce et se comporter en adulte pour nourrir sa «famille» et permettre à ses 2 jeunes frères de continuer leurs études.
Ce film traite de 2 thèmes majeurs : le problème de la scolarisation des filles et le phénomène des mines anti-personnel en Casamance (au sud du Sénégal). Je pense faire un cinéma engagé pour dénoncer certaines tares de notre société mais aussi informer, éduquer et éveiller par la magie de l'image.
Vous êtes venu en Algérie dans le cadre du festival panafricain. Quelles sont vos impressions ?
En réalité, je ne me suis pas déplacé en Algérie dans le cadre de l'Anaf, car la commission s'est réunie en marge du festival, donc personne ne savait a priori qui sera retenu pour la coproduction.
J'ai posté mon dossier de candidature comme tout le monde et j'ai été retenu à ma grande satisfaction. Mais j'ai suivi à travers la télé et l'internet ce grand événement culturel et je pense que tous les pays africains doivent s'en inspirer pour la relance du cinéma local. Cette initiative devrait faire tache d'huile et inciter nos gouvernants à promouvoir le cinéma africain.
L'Algérie vient de montrer que l'Afrique a des moyens et peut aider son cinéma à décoller et ne pas toujours compter sur les fonds européens pour faire des films. Je pense que c'est juste une volonté politique de la part des gouvernants, mais j'espère qu'avec ce qui vient de se passer, beaucoup de pays africains vont suivre la voie que vous venez de tracer.
Des projets ?
Oui, beaucoup de projets. D'abord je compte terminer mes deux films sur lesquels je suis en train de travailler, ensuite aller continuer ma formation à l'extérieur pour me renforcer et actualiser mes connaissances cinématographiques. Enfin, créer une grande boîte de production de cinéma car c'est quasi inexistant au Sénégal.
Ceci me permettra d'aider les jeunes talents qui, comme moi, n'ont pas souvent assez de moyens pour démarrer leur carrière.
A terme, je compte me retirer dans une grande plantation de 20 ha en Casamance (sud du Sénégal) où j'aurais toutes les espèces fruitières, faire de l'élevage de volaille, des moutons, des bœufs et de la pisciculture. Ce sera mon projet de retraite qui sera réalisé dans un grand film intitulé Le retour vers la terre.


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