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Le quartier interdit aux femmes
Constantine : Rahbet Lejemal (la place des Chameaux)
Publié dans Le Temps d'Algérie le 09 - 03 - 2010

En parler en famille était un tabou même si cette portion de la vieille ville de Constantine existe depuis des siècles. Elle est exclusivement réservée aux hommes et interdite aux femmes, mais pas toutes les femmes puisqu'une certaine catégorie y vivait du plus vieux métier du monde.
A un certain moment, cette place représentait la virilité des hommes. Entre hommes l'on se vantait d'y avoir fait un détour pour échanger quelques familiarités avec les chefs de bande qui régnaient parfois en maître des lieux. Depuis très longtemps c'est-à-dire environ deux à trois siècles, l'endroit qui menait vers les maisons closes de Constantine se trouvait derrière la porte d'El Djabia (Bab El Djabia) au sud et la place des Chameaux (Rahbet Lejemal).
Toute cette partie de la vieille ville est interdite aux femmes depuis que les maisons closes ont été ouvertes dans la ville du Vieux Rocher c'est-à-dire depuis plusieurs dizaines d'années. On retrouve des traces dans les livres de l'époque faisant état dans l'administration des beys d'un commis appelé «mézouari» chargé de collecter les rentes de cette activité qui était régulée à l'époque. Bab El Djabia ou l'histoire d'un endroit interdit aux femmes.
Les vieilles Constantinoises ne veulent même pas entendre ce mot même si c'est une porte de Constantine disparue depuis l'entrée des colons français par la brèche faite dans la muraille de la ville en 1837. Le colon entretiendra cette activité dans ce même endroit qu'était Bab El Djabia et la place des Chameaux qui fut une partie farouche de la résistance des Constantinois face à l'armée française.
Se développeront ensuite des activités commerciales tout au long de l'histoire de la ville notamment les fast-foods à la constantinoise avec des pois chiches et autres mets rapides. Mais au siècle passé, Rahbet Lejamel demeurait un quartier réservé aux hommes en raison de la présence des filles de joie dans la rue de L'échelle qui fut célèbre pour ses numéros de portes où chacun représentait une maison de style mauresque avec un patio où les filles en tenue légère exposaient leurs formes pour attirer les hommes. Cela explique en partie les étonnements de nos aînées lorsque nous évoquons le mot interdit.
«Bab El Djabia» ou le mot tabou
«Aib et hchouma (c'est honteux) de parler de cet endroit car il n'y a que les femmes de mœurs légères qui s'y rendaient», témoigne Khalti Guamra, 82 ans et une mémoire encore vive. Il est interdit de parler de Bab El Djabia et l'on vous apprenait dès le plus jeune âge que cet endroit est infréquentable pour les filles de bonne famille.
Aussi je ne peux même pas vous décrire ce quartier pour la simple raison que je ne m'y suis jamais rendue depuis que je suis née. Nous avions nos endroits à nous les femmes qui faisions notre marché à Souk El Asser et nous nous rendions au hammam une fois par semaine. Hormis ces exceptions, les femmes sortaient très peu à notre époque, d'ailleurs c'était hchouma de voir une femme seule dehors.
Aujourd'hui l'époque a changé mais les habitudes sont restées les mêmes car les femmes ne se rendent pas à Rahbet Lejemal. Même son de cloche chez tata Menouba, 77 ans et beaucoup de caractère.
«C'est impensable de voir une fille de bonne famille dans cet endroit (elle ne le cite même pas). Les hommes ont leur endroit, les fondouks (des genres de garçonnières où les femmes n'ont pas le droit d'entrer). De plus il y avait les filles de mauvais genre, tu sais mon fils, les femmes de bonne familles ne parlaient même pas de cet endroit qui aujourd'hui a disparu mais les habitudes sont les mêmes.»
Imen, 29 ans célibataire, «je n'ai aucune raison de m'y rendre et je n'ai rien à faire dans cet endroit c'est pour cela que je n'y vais pas. Depuis longtemps les maisons closes sont fermées mais l'endroit est toujours de mauvaise réputation. J'ai terminé mes études et je sais que c'est devenu un grand souk mais je n'y vais pas. Ma mère m'a raconté que lorsqu'elle était jeune et voulait s'acheter un jean, car c'est le seul endroit à l'époque où il y avait ce genre de produit, elle envoyait mon oncle qui était jeune.
C'est dire que cet interdit existe depuis très longtemps». Sarah, 35 ans mariée deux enfants, «parfois, je me dis que les préjugés ont la peau dure car les filles de joie ont disparu de ce lieu depuis 1995 mais les femmes ont peur d'y entrer. Cela ne me traverse même pas l'esprit car il y va de ma réputation et je pense que les Constantinoises sont majoritairement comme moi».
Et si par malheur une femme s'aventure là-bas ? «Cela veut dire qu'elle n'est pas de la ville et des jeunes l'accompagnent pour lui faire rebrousser chemin tout en lui expliquant qu'elle s'est trompée de chemin. Et cela est arrivé plusieurs fois» nous confie Sarah. Depuis l'attentat de 1995, où une bombe terroriste a explosé dans une des dernières maisons closes de la rue de L'échelle, le plus vieux métier du monde a disparu d'une manière définitive de Rahbet Lejemal.
Celui-ci a développé d'autres activités commerciales comme le marché des téléphones mobiles ou encore les produits made in qui font encore vivre les vendeurs à l'étalage dans un souk cacophonique qui semble faire honneur à l'histoire de l'endroit. Ce dernier reste cependant interdit aux femmes même si l'interdiction n'a jamais été officiellement «écrite» ou signifiée comme aiment à le répéter les «gardiens» de la place qui entretiennent cette proscription a dessein sous prétexte d'entretenir les traditions de la ville du Vieux Rocher.


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