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L'agriculture, la pêche et l'eau pour une «souveraineté alimentaire» en Algérie
Foued Chehat, directeur général de l'Institut national de recherche agronomique :
Publié dans Le Temps d'Algérie le 22 - 06 - 2010

Il a été durant 32 ans professeur à l'Institut national d'agronomie (actuellement Ecole supérieure d'agronomie). Foued Chehat, directeur général de l'Institut national de recherche agronomique (INRA) et docteur d'Etat spécialisé en économie agricole, rurale et agroalimentaire, développe ici toute la stratégie algérienne pour relever le défi de la souveraineté alimentaire en mettant en évidence les capacités locales, dans un entretien accordé au Temps d'Algérie.
Le Temps d'Algérie : Pourriez-vous définir brièvement ce qu'est la sécurité alimentaire ?
Fouad Chehat : La sécurité alimentaire est un vieux concept qui signifie qu'on assure à chaque individu de la population l'approvisionnement en alimentation pour vivre. Il s'agit de la disponibilité physique de cette alimentation sur le marché à travers le territoire national durant toute l'année.
Toutefois, d'où vient cette alimentation ? Si nous nous arrêtons à cette définition, l'Algérie a donc garanti la sécurité alimentaire à la population au moins depuis 1970. Sur les marchés, tout est disponible sauf qu'une grande partie de ce tout vient de l'étranger en échange de barils de pétrole. Est-ce que nous sommes dans la sécurité alimentaire ?
Non ! Car si les hydrocarbures s'épuisent nous risquons une malnutrition, voire une famine dans le pays puisque nous n'aurions pas assez de produits disponibles pour nourrir toute la population. C'est le drame de tous les pays du tiers monde aujourd'hui.
Justement, de quelles rations devra-t-on disposer pour assurer l'alimentation par habitant selon les normes internationales ?
Les normes sont arrêtées par la FAO (Food and Agriculture Organization of the United Nations : Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture) et l'OMS (Organisation mondiale de la santé), en tenant compte du climat méditerranéen, sont de 2400 calories par jour et par habitant en moyenne.
Ces 2400 calories devront être réparties selon un apport nutritionnel en faisant une combinaison savante entre les protéines, les lipides et les glucides pour avoir une ration équilibrée avec une grande part de protéines, une part plus faible de lipides, car c'est du gras, en plus de glucides.
Pour un Algérien moyen, il faudra lui assurer 170 kilos de blé par an. Si on multiplie par 35 millions d'habitants, nous aurons la quantité de blé à assurer, soit environ 65 millions de quintaux par an de blé, pas de céréales. Actuellement, on réfléchit autrement. Il ne s'agit pas seulement de disponibilité, mais de productivité locale.
Quelle est cette nouvelle approche de la sécurité alimentaire ?
On ne parle plus de sécurité alimentaire mais de souveraineté alimentaire. C'est-à-dire non seulement que tous les Algériens, chaque jour, trouvent tous les aliments dont ils ont besoin sur le marché local, mais aussi que cette nourriture soit produite localement.
Pensez vous que l'Algérie est un pays à vocation céréalière ?
Justement, c'est la seule vocation que l'Algérie a. Une grande partie du territoire, au moins 1,2 million d'hectares situés à proximité de la mer, donc des plaines du littoral et certaines plaines intérieures telles que la Mitidja. C'est des zones où la pluviométrie est suffisante pour assurer une bonne production de blé.
Nous avons plus de 600 millimètres, ce qui est suffisant pour les céréales. Plus loin, sur les plaines intérieures et les Haut Plateaux, en zones semi-arides, où on a moins de pluie avec des taux qui se situent entre 350 et 600 millimètres. Dans ces zones, la production de blé est possible et a toujours existé depuis des millénaires. Mais elle est plus difficile et les rendements sont plus limités si on se contente de semer comme cela se faisait avant en comptant sur la pluie. Pour les céréales, nous pourrions assurer au moins 80% des besoins.
Car sur dix pains achetés chez le boulanger, trois seulement sont locaux. Avec la production locale de blé, on peut assurer jusqu'à 8 pains. Il ne nous manquera que 20% des besoins que nous pourrions remplacer par d'autres aliments comme la pomme de terre.
Comment réaliser ce défi ?
Cela est réalisable en se référant à ce qui a été réussi l'année dernière. Ce qui a été fait l'an dernier était exceptionnel avec une production globale de céréales de 61 millions de quintaux. Jusqu'en 2007, la moyenne était de l'ordre de 24 à 25 millions de quintaux. Même si nous prenons comme référence 34 millions de quintaux, nous devons progresser chaque année au moins de 8%.
La barre est placée très haut puisque, en général, en agriculture, la croissance existe mais elle est très lente ; et si on arrive à atteindre les 3%, on sera champion. Ce qui ne nous suffit pas. La problématique est d'aller vite.
Comment ? La solution est l'irrigation de qualité en utilisant des techniques économes en eau, y compris pour les céréales, en apportant une irrigation complémentaire quand la pluviométrie est insuffisante. Ce qui permet de stabiliser les rendements et les productions et les faire croître. Il faut également investir dans l'engrais de la lutte contre les maladies, les insectes…
Il faut aussi investir dans les machines avec des moissonneuses batteuses plus rapides pour ne pas accuser des pertes. Car en moyenne 20% de la récolte est perdue pendant la moisson. Une grande partie tombe par terre et n'est pas récupérée. Il faudra pousser les entreprises nationales qui existent à Sidi Bel Abbès ou à Constantine à moderniser leurs équipements même neufs dont le modèle date des années 1970. Actuellement, les moissonneuses batteuses fonctionnent par ordinateur.
Combien va coûter cet investissement ?
Pas grand-chose. En tout cas moins de ce qui a été dépensé pour sauver des industries qui ne le sont toujours pas. Des milliards de dollars ont été investis entre 1993 et 1994, depuis le plan d'ajustement structurel (PAS) pour sauver des entreprises publiques qui sont fermées en industrie lourde, en mécanique… Qu'est-ce que c'est 2,2 milliards DA par an pour l'agriculture ? C'est moins de 2 milliards d'euros répartis sur un million d'agriculteurs. Ce qui fait 2000 euros par agriculteur.
Pourquoi évoque-t-on l'effacement des dettes des agriculteurs et on ne parle pas des autres dettes effacées alors qu'il est question de 41 milliards DA seulement ? Ce n'est même pas 100 kilomètres d'autoroute.
Qu'en est-il des produits halieutiques qui constituent une part importante dans la sécurité alimentaire, mais aussi dans la souveraineté alimentaire que vous avez évoquée ?
Les rations en ressources halieutiques ne sont pas respectées en Algérie, car on ne pêche pas assez. Ce qui peut être mis à la disposition de l'Algérien, selon le ministre du secteur, est 6 kilos par habitant alors qu'il faut au moins 12 kilos pour avoir un équilibre aux côtés des autres viandes bovines, ovines, caprines ou avicoles, pour avoir une proportion correcte dans la ration alimentaire. La stratégie du ministère de la Pêche est bonne, mais il faudra savoir si elle est appliquée sur le terrain, à quel prix, avec quel coût et avec quel bénéfice ? Pour ce faire, il faudra une évaluation trimestrielle et annuelle.
Le ministère a proposé dans sa stratégie le recours à l'élevage pour assurer la production halieutique. Qu'en pensez-vous ?
L'élevage fait partie de la solution globale. On continue à pêcher en mer à concurrence de
220 000 tonnes par an, c'est le maximum, sans empêcher le renouvellement de la réserve halieutique. On peut cependant augmenter la production en ayant recours à la production artificielle.
Ce qui se fait de par le monde, la moitié du saumon consommé est d'élevage, y compris dans des pays où le saumon n'existe pas. En Algérie, nous pourrions aussi faire de l'élevage de poisson dans les barrages et les plans d'eau. Même si cette production n'est pas consommée localement nous pourrions l'exporter. Ce qui permettra grâce aux devises récoltées de renflouer la flotte de pêche.
Les Algériens se font de fausses idées. Ce n'est pas parce que nous avons 1200 km de côte que nous avons du poisson. C'est faux ?
L'exploitation est arrivée à son maximum. On a une côte abrupte où le niveau d'eau descend très vite profondément et l'oxygène n'arrive pas très loin, donc il n'y a pas de planctons ni d'algues qui se forment, alors la chaîne alimentaire du poisson est inexistante, donc il va dans les zones où la chaîne existe, comme à Bouharoun, à Beni Saf, à El Tarf, à Annaba, à Béjaïa, à Azzefoun et à Zemmouri. Ces zones ne sont pas nombreuses en Algérie.
Les ressources en eau sont un élément important dans la sécurité alimentaire. Que pensez-vous de l'utilisation des eaux épurées dans l'agriculture ?
C'est un problème simple et compliqué à la fois. Il est simple car on ne peut utiliser des eaux épurées n'importe comment. Il y a des risques certains pour le sol. Les sols peuvent accumuler des métaux lourds qui s'avèrent ensuite dangereux pour la population qui consomme des produits qui en viennent. Comme il peut rester des bactéries dans les eaux utilisées.
Qu'est ce qui se fait et pourquoi le fait-on ? Dans beaucoup de pays, y compris dans les pays développés, comme les Etats-Unis d'Amérique, on utilise les eaux épurées pour des tas d'usages, notamment en Californie. Cet Etat est aussi sec que Ouargla.
Il faudra donc multiplier les traitements, au moins trois de types différents, pour que cette eau puisse être utilisable dans l'agriculture sans danger. Sur le plan bactériologique, il n'y a plus aucun risque. Au quatrième traitement, l'eau peut être bue, comme c'est le cas en Arabie Saoudite où elle se vend. Toutefois, cela coûte très cher pour aller jusqu'au bout du système.
On peut cependant s'arrêter au troisième traitement qui se fait par lagunage. Mais cette eau ne peut être utilisée qu'uniquement pour des produits qui ne sont pas consommés à l'état frais comme pour l'olivier, les fourrages, l'arboriculture.
Il ne faut pas l'utiliser pour irriguer l'orange, la pastèque. Maintenant, il est possible de décider des cultures sur la base de la qualité de l'eau et de l'analyse des sols avec un suivi permanent pour prévenir les incidents en y remédiant et le suivi des récoltes. Les normes sont définies par l'OMS.


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