A suivre la succession rapide des affaires, cet été pourrait bien être celui des espions. Après sept ans d'endormissement de leur proche voisinage, dix présumés espions russes ont été «coffrés» par le FBI, au grand désarroi des autorités de Moscou qui ne comprennent toujours pas à quoi riment ces arrestations. Ce, au moment où la relance de la coopération russo-américaine est annoncée à tambours battants. Une simple maladresse de la part du ministre US de la justice ou une «campagne juridico-diplomatique» mûrement réfléchie, histoire de faire avaler à l'administration russe des couleuvres qu'elle a refusé d'ingérer jusque-là ? Car, il est impératif de rappeler que l'enquête à durer moins d'une dizaine d'années et que des «fuites organisées» auraient bien pu sortir avant la date de l'annonce du vaste coup de filet du renseignement US. A moins, bien sûr, que le moment de la divulgation de cette affaire ait été choisi sciemment pour servir une surenchère à la hauteur des pressions que l'Amérique d'Obama voudrait imposer à la Fédération de Russie. Bien que ces deux grandes puissances aient fait vite de calmer le jeu, elles demeurent des «amis objectifs», les éléments d'une alliance en bonne et due forme ne seraient tous réunis. Si la Russie a fini par voter les sanctions contre les mollahs d'Iran, au bonheur des Etats-Unis en particulier, reste que la présence de l'Otan aux portes de la Fédération de Russie et les tentatives de «déséquilibre démocratique» dans les vieilles Républiques soviétiques (la Géorgie vient de se dire prête à ouvrir un dialogue global avec son ennemi russe, et le Kirghizistan vient d'adopter sa nouvelle Constitution établissant une démocratie parlementaire) ne sont pas pour jeter les ponts d'une confiance absolue. Ne serait-ce que parce que le gouvernement Medvedev n'a pas perdu de vue le bouclier antimissiles US que Washington songe toujours déployer dans son intégralité sur le vieux continent. Ajoutant à cela l'interventionnisme occidental en Afghanistan et en Irak au sujet duquel le Kremlin n'a cessé d'émettre ses objections, plus au moins offensives. A en croire les affirmations de l'hyperpuissance US, l'affaire des espions russes n'aura pas d'incidences graves sur le «renouveau» dans les relations américano-russes. Ce qui a permis au chef de la diplomatie russe d'entamer sa tournée au Proche-Orient sans grande contrariété ? Insistant sur le fait que le Hamas palestinien doit nécessairement prendre part à toute initiative de paix (à commencer par le dialogue de proximité en cours), Sergueï Lavrov a-t-il pour mission de faire cesser les bruits de bottes dans la région, à défaut d'instaurer un climat propice à l'ensemble des négociations ? D'autant que son homologue israélien, Avigdor Lieberman, a dit n'y voir aucune chance pour la création d'un Etat palestinien d'ici à 2012, et que le Président Bachar El Assad ne croit plus en une possible médiation turque dans les pourparlers syro-israéliens, Ankara étant en désaccord total avec Tel-Aviv. Les chances de paix étant en net recul, mieux vaut donc penser à éviter une autre guerre autour des gisements de gaz naturel au large du Liban que le Hezbollah jure de défendre corps et âme. Ce, malgré le «contrôle» du réseau des télécommunications libanais par un espion israélien nouvellement démasqué.