Les agressions israéliennes ininterrompues et la résistance palestinienne captent depuis le début de l'offensive sioniste l'intérêt des Constantinois, affectés par ce qui se passe sur les territoires occupés. L'université, qui a de tout temps constitué le cœur de la société, n'a pas été en reste et la reprise des cours ce samedi s'est déroulée dans un climat de tristesse qui continue de régner tant qu'un dénouement n'a pas été trouvé. La grande esplanade de la fac regorgeait ce matin d'étudiants avec leurs écharpes palestiniennes criant leur colère et dénonçant «un plan sioniste issu d'une conspiration internationale et d'une complicité de quelques régimes arabes». Fateh, étudiant en quatrième année de sciences économiques, s'entoure de ses collègues et envisage de faire le tour des facultés pour réunir le maximum d'étudiants en vue d'un sit-in mercredi, une manière d'exprimer sa solidarité. Il n'hésite pas à déclarer : «Si le gouvernement algérien nous autorise et ouvre les frontières, je serai le premier à partir combattre aux côtés de mes frères palestiniens.» Cette idée d'aller en Palestine trotte dans l'esprit de plus d'un et même les filles la partagent. C'est le cas de Samira, étudiante en deuxième année de droit et originaire de Skikda, qui précise : «Nous voulons participer et partager ce malheur avec nos frères. On ne peut rester sans lever le petit doigt et se contenter de dénoncer et de pleurer les morts lors des meetings. C'est une guerre déclarée contre les Palestiniens et non contre le Hamas.» Un consensus s'est fait autour du simple prétexte pour frapper Ghaza. «Nous sommes conscients que les Israéliens ne visent pas uniquement le Hamas, mais tout le peuple», selon les étudiants. Concernant la position algérienne, les avis sont partagés et les universitaires essayent d'expliquer chacun son point de vue même s'ils se rejoignent tous dans l'appréciation de «la position courageuse de l'Algérie qui a mis en place un pont aérien entre Alger et Ghaza à l'initiative du président de la République». Cependant, «la passivité des organisations internationales, de l'ONU et du Conseil de sécurité au premier chef, ainsi que la léthargie de la Ligue arabe» ont été fustigées. Pour sa part, Mohamed Amine, étudiant en première année d'information, a soumis à ses collègues une proposition de recueillir des aides qui seront transmises au Croissant-Rouge algérien. Il dira dans ce sens : «Nous sommes des étudiants, nous n'avons pas beaucoup d'argent ni des moyens matériels. Néanmoins, nous avons du courage et nous appelons tout le peuple algérien à aider les habitants de la bande de Ghaza. Il faut commencer tout d'abord par exiger l'ouverture de ponts et l'envoi d'aides alimentaires et de médicaments.» La tension au niveau du campus universitaire se fait ressentir, les professeurs en sont conscients et tentent d'apaiser les esprits. D'ailleurs, depuis samedi, les discussions après les cours sont réservées à ce qui se passe dans la bande de Ghaza. M. Adel, enseignant à l'institut des langues, souligne que «les étudiants sont jeunes et énergiques, leur passion l'emporte des fois et c'est à nous de les canaliser et d'essayer de leur montrer le bon chemin. Il est vrai que ce qui se passe nous touche de près, mais, à mon avis, il faut s'armer de courage et d'intelligence pour savoir aider nos frères dans la bande de Ghaza».