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L'ombre gardienne d'un écrivain immense
ISPARITION DE MOHAMMED DIB
Publié dans L'Expression le 05 - 05 - 2003

Le dernier des très grands écrivains qu'a produits l'Algérie, de l'avant-guerre, vient de tirer sa révérence.
Mohammed Dib est parti comme il a toujours vécu : avec élégance. Il ne savait pas d'ailleurs faire autrement, chez lui le savoir-vivre était inné. En vérité, quoique sachant le grand homme très malade, l'annonce de sa mort vendredi, au moment où les journaux bouclaient leurs éditions, avait quelque peu surpris. Il est vrai que depuis plus d'un demi-siècle que Mohammed Dib produisait de la littérature, on a fini par le croire immortel, qu'il porterait toujours la flamme qui anima une poignée d'hommes de culture algériens qui surent, outre porter haut le combat libérateur du pays, parler avec les mots du coeur de ces Algériens, du pays profond, brimés, oubliés. Et Mohammed Dib était de ceux-là qui immortalisa dans sa lumineuse et immense trilogie le vécu de ces petites gens. La Grande Maison, l'Incendie et Le Métier à tisser, aujourd'hui une référence, resteront à jamais le témoignage d'une Algérie populaire - au sens de «chaâbia», terme en vérité intraduisible en français - qu'il sut traduire par des mots qui savaient dire les drames et les espoirs de ces hommes et de ces femmes, souvent laissés-pour-compte. Cette Algérie était celle de Mohammed Dib qui expliquait récemment, au journal français Le Monde, à l'occasion de la sortie de son nouveau roman Simorgh (Albin Michel 2003) que «Mes images mentales se sont élaborées à travers l'arabe parlé, qui est ma langue maternelle. Mais cet héritage appartient à un fonds mythique commun. Le français peut être considéré comme une langue extérieure - bien que ce soit en français que j'ai appris à lire - mais j'ai créé ma langue d'écrivain à l'intérieur de la langue apprise...Je garde ainsi la distance ironique qui a facilité l'investigation sans passion». Penser dans la langue maternelle tout en écrivant dans la langue, qu'il définit si joliment, «extérieure» était surtout une manière de dire cet attachement viscéral au pays. Noter qu'il ne considère pas le français comme langue «étrangère», mais «extérieure». Toute la nuance est là. Surtout dans un pays qui n'a pas fini de se défaire de ses faux problèmes. Ecrire dans cette langue «extérieure» était en vérité le propre de tous les écrivains de sa génération qui ont produit des chefs-d'oeuvre à l'image de Nedjma de Kateb Yacine, Le sommeil du Juste de Mouloud Mammeri, La terre et le sang de Mouloud Feraoun, ou encore Je t'offrirai une gazelle de Malek Haddad, qui avaient en commun cet amour de la mère patrie, l'Algérie, même s'ils la disaient, la chantaient dans la langue de «l'autre». C'est dire les liens ombilicaux qu'entretenaient les écrivains et hommes de culture de la génération des années 50 avec la langue maternelle, arabe parlé - dialectal - pour les uns, kabyle ou chaoui, pour les autres, qui inspirèrent des oeuvres immenses universellement reconnues. De fait, l'universalité de l'oeuvre de Mohammed Dib - et de ses contemporains, qui ont donné sa dimension internationale à la littérature algérienne - tient à cette vérité de l'écriture aux personnages spécifiques qui donnèrent sa spécificité, son volume et son originalité à son oeuvre.
Mohammed Dib est né le 20 juillet 1920 à Tlemcen. Très tôt orphelin, à dix ans, il fera ses humanités dans une ville qui reste imprégnée des magnificences de son passé séculaire étendu sur elle comme un voile qui protége. C'est dans ce Tlemcen, où la culture était une seconde nature, dans un milieu bercé par les relents de l'héritage andalou, que grandira Mohammed Dib. Très tôt aussi, il est pris de la fringale du voyage parcourant l'Algérie, ensuite, franchissant la Méditerranée, il s'en alla à « l'autre bout » du monde, où il rencontrera son authenticité, sans pour autant jamais renier ce passé tlemcénien qui forgea sa conscience d'homme, d'abord, d'écrivain ensuite. Mohammed Dib était à juste raison considéré comme le plus grand écrivain algérien, alors, vivant. Sa brillante trilogie, publiée entre 1952 et 1957, qui incarne sa «période» algérienne en est la parfaite illustration. Auteur prolifique, romancier de talent, poète sensible, homme de théâtre inspiré, narrateur fécond, dont chaque page, de son oeuvre immense, témoigne, Mohammed Dib est aussi la modestie incarnée, dont le regard doux regarde au loin. Sans doute vers cette Algérie profondément enfouie dans son coeur, dont le long exil, ne lui fit oublier ni la douceur ni les merveilles. De fait, selon nombre de ses amis, le défunt avait émis le souhait de reposer dans sa ville natale de Tlemcen.
La disparition de Mohammed Dib clôt, en fait, un chapitre assez singulier de la culture d'un peuple qui, malgré l'état d'analphabétisme où le maintint le colonialisme a su produire des Mohammed Dib et des Kateb Yacine pour ne citer que ce deux sommités de la littérature algérienne d'expression française.


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