Il faut faire des recherches très approfondies pour connaître les origines exactes des moeurs, des us, des coutumes et des rites, si divers, qui font de l´humanité l´espèce la plus riche en comportements. Car, il faut en convenir, la diversité, les contrastes sont une source de richesses. Du pôle Nord au pôle Sud, d´est en ouest, les communautés humaines se distinguent par leur apparence physique, leur costume, leur langue, leurs codes de communication, leur habitat, leur alimentation, leur agriculture, leur industrie... Et pourtant, c´est la même espèce animale. Evidemment, cette tour de Babel, qui n´a pas fini de se diviser ni de s´uniformiser, présente toujours cette riche mosaïque colorée, faite de groupements humains qui se ressemblent autant qu´ils se différencient, malgré les progrès gigantesques des moyens de communication et l´agression des civilisations dominantes par médias interposés. Si dans certains cas, l´adoption de nouvelles moeurs se fait en douceur, petit à petit, sans heurts particuliers, les plus faibles adoptent les comportements de ceux qui sont plus développés technologiquement; dans certains cas, le choc des civilisations produit des conflits qui sont habilement exploités par les hommes politiques qui bâtissent leur succès sur ce sentiment qui s´appelle l´intolérance. Les philosophes du siècle des Lumières avaient bien mis en évidence cette dichotomie du genre humain, et avaient, soit sérieusement présenté les différences de coutumes comme naturelles ou avec humour comme dans la question: «Comment peut-on être persan.» Ces philosophes insistaient sur le fait que ce qui paraissait bien ici, peut paraître mal là-bas. Notre professeur d´histoire de l´art, le regretté Andrzei Kamynski, qui avait une culture encyclopédique, nous avait raconté cette savoureuse anecdote survenue en 1960. La Pologne socialiste de Gomulka avait invité à se produire à Varsovie, le corps de ballet folklorique de la République de Guinée. Or, ce ballet devait produire une danse entièrement exécutée par des femmes topless. Les dirigeants de la culture en Pologne, firent remarquer au directeur du ballet que la population polonaise recevrait mal ce manquement à la pudeur qui régnait dans un pays où l´Eglise catholique a toujours une influence moyenâgeuse. Le responsable du ballet guinéen eut un sourire déconcertant. Il comprenait bien le problème et il proposa aux censeurs polonais qu´il respecterait les moeurs polonaises à condition que le ballet polonais respecte en retour, les moeurs guinéennes en se produisant dans le plus simple appareil à Conakry, conformément aux coutumes locales. Cette anecdote m´est revenue en mémoire à cause des frictions nées entre deux villes situées sur la mer Baltique: l´une en Allemagne, l´autre en Pologne. Les Polonais (toujours eux) ne supportent pas que leurs voisins géographiques, leurs alliés dans l´Otan et leurs associés dans l´U.E, se baladent sur la plage en costume d´Eve et d´Adam. Les Allemands qui ont connu la Réforme, cultivent autant le corps que l´esprit. La tolérance étant une garantie de la réussite d´une politique touristique, les marchands du Temple sauront bien trouver une solution à ce petit différend.