«L´exécution de Saddam Hussein, le pire des hommes, est une faute.» Nicolas Sarkozy Extrait du journal Le Monde - 3 janvier 2007 Malgré une très bonne programmation au Fifao, le palmarès de la 4e édition du Festival d´Oran, a surpris plus d´un parmi les invités algériens et arabes. La consécration du film algéro-tunisien Les Palmiers blessés, a donné l´impression d´une grande «chaktchika», dont seuls les Tunisiens ont le secret. Le film de Abdellatif Benammar ne doit son prix qu´à HHC pour son engagement et soutien financier, il y a deux ans et à la productrice algérienne, Nadia Cherabi, qui croyait seule à l´avenir de coproduction algéro-tunisienne. Oublié chez lui aux JCC de Carthage, le réalisateur Abdelatif Benammar est consacré à Oran par les Algériens, à leur tête le président du jury Rachid Boudjedra. Au-delà du palmarès, il est important de parler des vaincus de cette édition. Deux films arabes consacrés dans d´autres festivals ont été écartés pour des «raisons particulières» du palmarès. Le film égyptien Microphone, Tanit d´Or aux derniers JCC et surtout le film irakien Son of Babylon (Fils de Babylone). Si le premier a été écarté en raison de la guerre froide artistique et sportive entre Alger et Le Caire, qui n´est pas totalement encore effacée (il est encore malvenu de voir un film égyptien consacré en Algérie après ce qu´ils ont fait). Le second doit sa mise à l´écart du palmarès par son sujet (c´est un film anti-Saddam, alors que celui-ci est toujours considéré en Algérie comme un leader arabe martyr) et surtout sa source de financement, même si le film est réalisé par Mohamed Al-Daradji. Le scénario écrit par une Américaine, Jennifer Norridge, a été financé à hauteur de 2 millions de dollars par les Américains. Ce qui dénote que le film est avant tout une commande culturelle américaine en faveur du nouveau gouvernement irakien. Le film évoque la vie d´une famille kurde, qui se déroule d´abord dans le nord de l´Irak, 2003, deux semaines après la chute de Saddam Hussein. En entendant les nouvelles que les prisonniers de guerre ont été retrouvés vivants dans le Sud, Ahmed, un garçon de 12 ans, suit à contrecoeur sa grand-mère, déterminée à partir à la recherche de son fils disparu, le père d´Ahmed, qui n´est jamais revenu de la guerre du Golfe. Depuis les montagnes du Kurdistan dans les sables de Babylone, le film nous fait découvrir la répression de Saddam contre les Kurdes et les chiites d´Irak. Le film qui est soutenu par le président irakien Talabani, a été développé par l´Institut américain de Sundance. Il a été sélectionné comme représentant officiel de l´Irak à la 83e cérémonie des Oscars. Aucun film irakien n´avait gravi l´étape de mise en candidature avant Fils de Babylone. Ecarté du palmarès à Oran à la mémoire de Saddam, le film a reçu tout de même une large reconnaissance à travers le monde, y compris au Festival international du film de Berlin en 2010 et au Festival international du film hawaii où il a remporté le Grand Prix du jury pour le meilleur long métrage. Il a également remporté le Prix du meilleur film à Raindance Film Festival 2010 et plusieurs mentions au Festival international du film d´Edimbourg et à l´IFF Cinema City en Serbie en 2010. Comme quoi, le talent ne suffit pas pour décrocher un prix, il faut surtout montrer patte blanche. [email protected]