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La cueillette
Publié dans L'Expression le 13 - 01 - 2011

Le cercle restreint des vieux retraités écoutait avec une certaine nostalgie Si Dahmane parler avec émotion et religion de cet arbre sacré auquel ils vouaient tous un culte véritable. Leurs regards tristes s´éclairèrent un instant et leurs yeux semblaient plonger dans d´insondables souvenirs. Chacun, puisque la plupart d´entre eux venaient de cette région si proche et si lointaine, avait un souvenir particulier, rattaché à cette période où il était très dur de gagner sa vie mais où chaque effort fourni était récompensé. Si Moh, petit homme fier d´être d´origine maraboutique mais qui ne clame pas sur tous les toits qu´il est un double retraité de la Ville de Paris et de la Ville d´Alger, ne put s´empêcher d´évoquer son père disparu depuis très longtemps à un âge fort respectable. Et plus le temps passait, plus l´image de cet homme grandissait dans l´esprit de ce fils qui a dépassé allègrement les quatre-vingts ans. Il mettait toujours un temps pour rassembler ses souvenirs et, ses yeux perdus dans le vide semblaient chercher quelque détail qui puisse lui permettre de démarrer son propos.
«Mon père a commencé très jeune à s´occuper de la famille parce que mon grand-père était de constitution fragile, tout comme moi. Jeune, il s´occupait de quelques bêtes que la famille possédait, mais dès son retour du front, (il avait été mobilisé en 1916 et il est parti en France où après une année passée sur les lignes, il fut gazé à l´ypérite et il dut rentrer précocement après un bref séjour dans un hôpital), il se maria et s´occupa tout seul des besoins de la famille pour permettre à mon grand-père de prendre une retraite anticipée. Dès que nous eûmes atteint l´âge de raison, il trouva plus logique de nous employer mes frères et moi dans de menus travaux plutôt que de nous envoyer à l´école française. Nous allégions en quelque sorte un peu sa peine. Nous commençâmes à l´accompagner aux champs pour apprendre à dominer les bêtes puis, évidemment, à la saison des olives, nous devions, comme la plupart des enfants de notre âge, apporter notre contribution à l´effort de toute la famille. La cueillette commençait début novembre. Qu´il pleuve ou qu´il vente, il fallait ramasser les olives avant que les étourneaux n´en prélèvent une grande quantité. On se dépêchait avant que n´arrive la neige. L´idéal c´était évidemment, par temps de soleil, quand il ne faisait pas encore trop froid car il était difficile, avec nos petits doigts engourdis, de suivre le rythme de nos parents qui s´activaient et nous encourageaient par des promesses alléchantes. Dès l´aube, nous prenions le chemin du verger, mon père en tête et moi, le benjamin, juché sur notre âne. Ma mère suivait silencieusement derrière, attentive à notre comportement. C´était toujours le même rituel: dès qu´on arrivait, il attachait l´âne à la haie qui bordait la propriété. Ma mère posait le viatique (qui consistait en quelques galettes confectionnées la veille et en quelques figues sèches) au pied de l´olivier et mon père, une fois débarrassé de son burnous, montait sur l´arbre pour cueillir ou gauler les olives, tandis que ma mère, avec sa persévérance coutumière, ramassait les fruits épars sur le sol caillouteux. Quant à moi, je commençais toujours à travailler sérieusement, mais cela devenait vite trop fastidieux pour moi, et je trouvais toujours un prétexte pour m´éclipser et aller poser des lacets dans le maquis. Je ne revenais que vers 10 heures quand mon père décidait que c´était l´heure de calmer la fringale qui nous prenait assez tôt par ces temps frais. Ma mère, alors, étalait sa «fouta» et déballait la galette parfumée de grains d´anis. C´était un régal! Je n´arrive pas à retrouver la saveur de ce repas frugal: la galette cuite au feu de bois et les figues enrobées d´une fine pellicule blanche de sucre. Il y avait une atmosphère de fête: au loin nous parvenaient les cris d´hommes qui s´époumonaient à vouloir éloigner les nuées d´étourneaux qui tournoyaient autour des oliveraies...
Cela a duré ainsi jusqu´à la fin de la Seconde Guerre mondiale. En 1946, j´ai émigré en France pour mieux gagner ma vie.


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