Les propriétaires disent préférer la pratique du «jumelage». «Hep, taxi !» Elles vont, désormais, hésiter longtemps, les personnes de condition modeste, avant de s'aventurer à héler un taxi passant à proximité, après la nouvelle tarification décidée, récemment, au profit des conducteurs de ce moyen de transport urbain. En plus des 15 dinars, marqués au compteur, au moment de sa prise en charge, l'usager aura, en effet, à payer la somme de 10,50 dinars par kilomètre parcouru et à s'acquitter de 6 dinars supplémentaires, pour tout bagage dont le poids excède 15 kilos. Durant la nuit, ces tarifs sont majorés de 50%. Si l'ensemble des trois organisations représentant les chauffeurs de taxi se déclare satisfait par ces mesures, elles n'en continuent pas moins à considérer que la balle est encore, dans le camp des pouvoirs publics. «Nous attendons toujours l'installation promise, il y a plus de 9 mois, de la commission chargée, entre autres missions, de suivre et de contrôler la qualité de service offerte par nos adhérents, de même que la réouverture des stations de taxis», déclare un représentant du Syndicat national des chauffeurs de taxi et transporteurs affilié à l'Ugta. A l'instar de cette dernière, toute les organisations de chauffeurs de taxis promettent de mener des actions de sensibilisation, pour amener au respect de la réglementation concernant le transport par taxi. Seront-elles, pour autant, entendues? Rien n'est moins sûr quand on considère les premières réactions de certains adhérents. «Interdire la pratique du jumelage, dira un conducteur de taxi rencontré à Belouizdad, équivaut pour la plupart d'entre nous, à perdre de nombreux clients et, du coup, à gagner moins d'argent». Et de souligner sur sa lancée, avec des trémolos dans la voix, les conditions sociales difficiles auxquelles est confrontée la majeure partie des citoyens pour, lesquels se déplacer en taxi est, dorénavant, considéré comme un luxe. Les nouvelles mesures au bénéfice des quelque 12.500 chauffeurs de taxis de la wilaya d'Alger, ont été prises à la suite des successifs mouvements de grève qu'ils avaient observés ces derniers mois, «pour, disaient-ils, être traités avec plus de dignité» à travers, notamment, un relèvement des tarifs de leurs prestations. Un communiqué publié, récemment, par La direction des transports de la wilaya indiquait que l'entrée en vigueur de la nouvelle réglementation, allait être suivie, immédiatement après, de la mise en place d'un contrôle renforcé, axé en priorité, sur les infractions les plus largement dénoncées par les usagers, parmi lesquelles sont, le plus souvent citées, le refus de prestation de service, la pratique du jumelage, le mauvais comportement envers la clientèle et le non-respect des tarifs et de leur affichage. Lors de la rencontre organisée, dernièrement, avec les trois sections d'Alger, représentant la profession, afin de mettre en branle les nouvelles dispositions en matière de relèvement des tarifs, il a, par ailleurs, été annoncé que, dans une seconde étape, des actions allaient être entreprises pour éliminer, progressivement, du paysage algérois, les «taxis collectifs». En attendant, les usagers sont appelés à faire respecter leurs droits, en ne déclinant leur destination aux conducteurs de taxis, qu'après avoir pris place à l'intérieur des véhicules à compteur et à déposer plainte auprès des services de police, chaque fois qu'ils sont victimes d'abus de la part de ces derniers. Mais, c'est, sans doute, oublier l'état de résignation dans lequel est plongée la majeure partie des citoyens, ignorant, le plus souvent, ses droits les plus élémentaires, devant les multiples dépassement dont elle est, chaque fois, l'objet de la part de prestataires, qu'ils soient publics ou privés, peu scrupuleux dans l'accomplissement de leur mission. Concernant, justement l'amélioration de la qualité des moyens de transport, il est toujours attendu, par ailleurs, des services de la direction des transports, la mise en branle d'actions énergiques pour réhabiliter le transport des usagers empruntant les bus, dont le comportement des conducteurs et autres «receveurs», vis-à-vis de la clientèle frise, souvent, l'indécence sinon l'ignominie.