Le paysage politique national se désagrège à nouveau pour donner naissance à des nouveaux slogans et nouvelles appellations de formations politiques en voie d'agrément. En Algérie, il est presque écrit: on ne change jamais une équipe qui... perd! et, encore moins les personnes. Cette logique vient d'être confirmée, encore une fois, par les nouveaux demandeurs d'agrément pour créer des partis politiques. C'est dire que l'on croit encore dans la vie politique nationale que l'on peut faire du neuf avec du vieux à la lumière des partis naissants. Néanmoins, il y a une chose sur laquelle on devrait s'accorder: tout changement politique doit forcément s'accompagner d'un changement du personnel politique. Mais la question qui se pose est celle-ci: quel personnel politique? Celui des partis de la coalition qui se partagent le pouvoir ou celui du nouveau paysage politique qui se profile à l'horizon de l'année 2012, lequel ne sera rien qu'un prolongement du premier? Celui de l'Administration qui n'est jamais neutre et qui, à chaque élection par exemple, se met du côté de l'homme fort du moment? On l'a déjà vu plusieurs fois. Pas besoin de vous citer des exemples. Ceux qui sont, hier, évincés ou relégués au second plan sont de retour et crient, haut et fort, leur rupture avec leur passé partisan pour nous offrir d'autres lignes de conduite. En vingt ans de choix politiques institutionnalisés, les formations politiques présentes sur le terrain sont incapables de drainer la dynamique sociale des citoyens en vraie mobilisation politique capable d'inverser les rapports de force à l'oeuvre dans le pays. Pis encore, lors des vingt dernières années, la vie politique nationale peine à enfanter du sang neuf, avec des formations politiques dotées de capacités politiques leur permettant de traduire les aspirations du peuple en projet de société. Cela est en effet vérifiable si l'on se réfère à la liste des candidats ayant déposé des demandes d'agrément de partis politiques. Les réformes indispensables auxquelles aspirent les populations n'avancent pas. Et le mécontentement, dans un pays déchiré par les inégalités sociales, ne cesse de s'étendre. Tandis que le paysage politique national s'émiette à nouveau pour donner naissance à des nouveaux slogans et nouvelles appellations de formations politiques en voie d'agrément, dirigées par des personnalités, qui, hier encore, ont occupé des seconds rôles dans la vie politique nationale. Ces «nouvelles» personnalités politiques sont, dans leur majorité, soit des revenants, tel Abdallah Saâd Djaballah, fondateur d'un nouveau parti, le «Front pour la justice et le développement», soit mis à l'écart dans leur propre parti, Menasra Abdelmadjid, qui présente le «Front pour le Renouveau» et des nouveaux venus et/ou anciens militants évincés qui complètent la liste où l'on trouve encore Mohamed Saïd et son parti «Liberté et justice», Djamel Abdesselam et son «Front de l'Algérie nouvelle», Amara Benyounès, patron de l'«Union des démocrates républicains» et Sid Ahmed Ghozali avec le «Front démocratique». Une foule de nouveau-nés issue du Front de libération nationale (FLN), hostile à la ligne de Abdelaziz Belkhadem sont en liste d'attente. C'est dire que les logiques, qui favorisent la recomposition politique, s'inversent soudainement, pour hâter sa décomposition, et renseignent, par ailleurs, sur l'incapacité des acteurs politiques à s'affranchir du vieux carcan de la politique post-Indépendance, tout en tentant de faire du neuf avec du vieux, même si le régime tend à faire voeu d'ouverture et de mobilité. Dans un contexte de post-tragédie nationale, la question du changement, fer de lance de l'identité islamiste et de la ligne directrice des partis au pouvoir, en l'occurrence le FLN et le RND, a, peu à peu, disparu de leurs programmes pour laisser place à celle de la consolidation du pays grâce à l'achèvement des chantiers présidentiels, participant ainsi à leur propre neutralisation de la compétition politique, ou donner plus de vitesse à leur émiettement. Aujourd'hui, face à leur base potentielle et à leurs militants de longue date, les militants de partis inclus dans les rouages de l'Administration et les islamistes, toutes tendances confondues, peinent à convaincre des avantages de la politique «participationniste» à un moment où la société civile est affaiblie et les institutions de l'Etat inaptes à faire du multipartisme une réalité. Ainsi, la participation du parti islamiste MSP à l'Alliance présidentielle a amené beaucoup de ses militants à s'interroger sur le rôle de leur parti sur la scène politique avec en filigrane, la guerre de leadership qui opposa Soltani à Menasra, le numéro deux du parti qui, trois mois avant les élections, fonda son propre parti le «Front pour le Renouveau». Affaire donc à suivre, dans l'attente d'une éventuelle décantation du champ politique national.