Depuis la récente distribution des 200 logements sociaux, le torchon brûle entre le président et les membres de l'assemblée qui contestent la mainmise totale du premier responsable de la ville sur la gestion des affaires de la commune. En effet, selon M.Bounila, vice-président chargé des travaux, tous les projets de construction que connaît la ville sont gelés depuis plus de huit mois par le maire alors qu'il ne s'agit que de modestes projets, dont la ville a besoin en urgence. «Tous les moyens matériels et financiers débloqués par l'Etat sont à notre disposition pour faire démarrer ces projets alors pourquoi ce blocage?», se demande M.Bounila qui reproche au maire de cautionner la construction illicite de 13 dépôts de marchandises en fer forgé au marché de gros. «Malgré les rapports de la commission de la réglementation et de la brigade de police de l'urbanisme, le maire reste insensible devant cette affaire et continue à agir comme si de rien n'était», a ajouté M.Bounila qui sera interrompu par M.Chiraf, vice-président chargé du social, qui dénonce, de son côté le comportement irresponsable du maire suite aux changements qu'il effectue dans la liste des bénéficiaires des 200 logements en F2 et F3. «Malgré la signature du procès-verbal par la commission chargée de traiter le dossier et la répartition des logements, le maire n'a pas hésité à piétiner cette commission pour faire bénéficier ses proches en F3», a avoué M.Chiraf qui évoque une autre affaire, celle de la balance publique construite récemment par l'APC dont le prix de revient est estimé à 24 millions de dinars. Ce bien public, selon M.Chiraf, est exploité par le gérant de la Sarl SGMG (le locataire du marché de gros) qui a été autorisé par le maire par une note établie par ce dernier à l'administration de l'APC pour exécution. «Nous avons des documents qui prouvent ce que nous avançons, nous avons même pesé le véhicule de l'APC sur cette balance dont nous gardons toujours le ticket qui porte le nom du gérant», a avoué M.Chiraf pour dire, aussi, qu'il n'y a aucune concertation entre le maire et les membres de l'exécutif. «Nous ne nous sommes jamais réunis pour prendre une décision commune en ce qui concerne la gestion de la ville, on a la certitude qu'il y a une APC en parallèle à la nôtre», a-t-il déclaré. Sur le plan de l'aide à la construction rurale, l'APC connaît un énorme retard. Depuis une année que l'Etat a débloqué une enveloppe de 840 millions de centimes pour mettre fin à «l'exode» rural, rien n'a été fait malgré les nombreux demandeurs qui défilent chaque jour devant le siège de l'APC. Autres points évoqués par les contestataires, c'est celui du carrelage destiné aux travaux de réfection de la place Victor-Hugo et qui a été donné par le maire à des citoyens aisés pour les besoins de leurs maisons. En outre, la construction des toilettes publiques en plein centre-ville n'a pas été du goût des citoyens. La majorité des Boufarikois trouve que l'emplacement de ces infrastructures a défiguré le paysage du centre-ville qui a besoin beaucoup plus de verdure que d'un site de pollution. Ces infrastructures, depuis leur construction il y a presque six mois, ne sont toujours pas opérationnelles. Pour en savoir plus sur la véracité de ces affaires, nous nous sommes rapprochés du premier responsable de la ville. Concernant la question du choix des bénéficiaires des logements en F2, F3, le maire déclare qu'il est le maître de cette décision, une décision, selon lui, basée sur des documents et non sur les sentiments et le copinage. «Je n'ai fait que corriger la liste suite à des documents fournis par les bénéficiaires», a-t-il déclaré pour passer au problème dont il a été accusé, à savoir fermer les yeux sur les constructions illicites à l'emplacement du marché de gros, le maire réfute l'existence de cette construction, excepté une personne qui, selon lui, est en train de régulariser sa situation et possède les documents de son emplacement. «Je n'ai pas le droit de donner les autorisations de construction dans ce site, seule la Dcp (direction du contrôle et de la privatisation) peut intervenir dans ce sens», nous a avoué M.Youcefi Abdelkader, maire de la ville de Boufarik qui, de son côté, déclare la «guerre» à ses membres pour en finir avec cette polémique qui ne fait que salir l'image des Boufarikois. «Si j'ai bloqué tous les projets de construction dans cette ville, c'est que j'ai mes raisons. Je n'ai pas un administrateur capable de suivre juridiquement ces projets. Voilà pourquoi je m'abstiens de m'aventurer dans cette situation dont je connais d'avance les résultats», a conclu le premier responsable de la ville de Boufarik, une ville qui a besoin de faire peau neuve pour effacer les séquelles du terrorisme, mais, hélas, la hache de guerre est déterrée et le conflit existant à l'APC va durer encore longtemps, semble-t-il.