Sidi M'hamed (Alger) serait-il le seul tribunal correctionnel à condamner trois jeunes pour...agression sans le certificat médical? Jamais, depuis qu'il avait prêté serment en 1999, de défendre les droits de l'homme et du citoyen, Maître Boubakeur FAR n'avait eu l'occasion d'entrer dans une ire aussi manifeste que mardi dernier. En effet, vers les neuf heures du matin, l'avocat d'El Madania, Maître FAR s'était présenté dans la salle d'audiences du tribunal correctionnel de Sidi M'hamed - Alger. Au moment de la lecture du verdict concernant Okba Kereichi et son frère Mourad ainsi que Chérif Rebahi poursuivis pour coups et blessures volontaires à l'aide d'une arme blanche à Belouizdad (Alger) et contre qui le représentant du ministère public avait requis cinq ans d'emprisonnement, Maître FAR était plutôt optimiste, car une semaine auparavant, il avait plaidé le vice de forme, à savoir l'absence dans le dossier d'un certificat médical d'incapacité. Dans le même ordre d'idées, même le juge avait vainement cherché l'arrêt de travail signé par le médecin légiste à telle enseigne que le conseil des deux frangins avait poliment réclamé auprès du tribunal une prise d'acte, mais le refus du magistrat le poussera a réclamer une prise d'acte du refus du tribunal allant même à la «menace» de plier bagages et quitter la salle d'audience, tout comme les deux autres avocats qui n'arrivaient pas à saisir l'obstination du juge à refuser les demandes de la défense. Et dans ce domaine, il n'y a que Maître FAR, réputé comme un rude à accrocheur refusant de laisser des plumes au dépens de la défense: jugez plutôt ce morceau d'anthologie: -«Monsieur le président, je suis au regret de vous annoncer que si le tribunal maintient ses deux refus de prise d'acte, il ne restera plus qu'à rester debout sans plaider», avait martelé le défenseur qui sera d'ailleurs ravi que ses deux confrères l'aient suivi dans sa résolution plutôt «sage selon l'avis du redoutable avocat de Bab El Oued, Maître Chérif Chorfi dont les propos ne sont jamais inutiles pour les jeunes défenseurs. Ce qui poussera alors le juge à prendre le bâton par le milieu. «Voyez par vous-même, Maître! Il n'y a pas de certificat médical dans le dossier!» dit-il avant de continuer les débats qui verront les trois inculpés nier farouchement être mêlés de près ou de loin à ces coups et blessures surtout que la victime, Lotfi Bouguerra, dit «Jacky» n'avait pas osé se présenter à la barre. Et c'est ce point «nuageux», qui fera de Maître FAR un avocat révolté, heureusement respectueux des us et coutumes des juridictions. Faisant contre mauvaise fortune bon coeur, les trois avocats s'étaient évertués à tenir parole et refuser de plaider. Muet comme une carpe, le procureur lui, avait gardé une position de parquetier sollicitant aux seules traditionnelles demandes sur la base de l'article 206 du Code pénal. Le malheur dans tout ce «bric-à-brac» c'est que Chérif Rebahi, l'un des trois condamnés à cinq ans et détenu, SVP, a vu Maître Boundjoum exhiber un certificat médical du légiste de quarante-cinq jours d'incapacité, à la vue de tous. Et tel un métronome, le juge dit: «C'est vrai il n'y a qu'un seul certificat médical: il concerne l'inculpé Rebahi!!» Le comble est que ce Rebahi n'est même pas armé de statut de victime de coups et blessures volontaires ayant entraîné une incapacité permanente que l'expertise pourrait confirmer. A n'y rien comprendre! Franchement, au seuil de l'arrivée de l'été 2012, il y a de quoi... suer de colère et de désespoir qui font que notre peuple décrie notre justice et sur ce point, avec un tel dossier, Dame justice restera éternellement décriée! Ce n'est que justice. Le dernier mot sera accordé à Maître FAR, rencontré au détour du tribunal: «Nous ferons notre devoir cet après-midi!». Que va faire l'avocat? A première vue et considérant les mécanismes de la justice, il y a d'abord l'appel. Encore faut-il que le dossier ne tombe pas entre les mains du redoutable président de la... chambre! Nos fidèles lecteurs auront deviner de quelle chambre il s'agit...