Le débat a lieu en France mais il nous concerne au plus haut point. Il faut savoir que nous importons 52% de nos besoins en médicaments de France. De ce pays où, depuis jeudi dernier, un grave débat s'est installé autour d'une impressionnante liste de 4000 médicaments passés au crible par deux médecins spécialistes. C'est la publication d'un livre, intitulé «Guide de 4000 médicaments utiles, inutiles et dangereux» écrit par le directeur de l'Institut Necker (qui est une agence indépendante d'évaluation de la recherche en biologie et médecine), le professeur pneumologue, Philippe Even, en collaboration avec le professeur urologue, Bernard Debré, qui a mis «le feu aux poudres». Ils arrivent à une première conclusion qui est terrible. Selon eux, un médicament sur deux, actuellement sur le marché, est inutile. En termes plus simples, 2000 médicaments n'apportent rien aux malades. Ils n'ont aucun effet sur la maladie. Ce que la médecine pourrait qualifier de simple effet placebo. Plus grave encore, les deux professeurs jugent que 5% des médicaments, compris dans leur liste, sont carrément dangereux. Pour le docteur Sauveur Boukris, qui a écrit un livre du même style avec pour titre «Ces médicaments qui nous rendent malades», «Il peut arriver au médecin de tromper son patient sans le savoir. Son unique formation vient de visiteurs médicaux, envoyés par les entreprises d'industries pharmaceutiques. Plus qu'à de la formation, ces visites ressemblent davantage à de la promotion.». Il ajoute: «L'Etat fait déjà beaucoup de choses, mais il peut lui arriver d'être au centre de pressions et de contre-pouvoirs très puissants de la part des industries pharmaceutiques... Les industries pharmaceutiques les minimisent (les risques NDL) pour mieux vendre leurs produits. Ce sont avant tout des financiers.». Même Roselyne Bachelot, ancienne ministre française de la Santé, pense que «les laboratoires qui demandent les autorisations sont obligés de s'appuyer sur des études d'efficacité qui méritent d'être revisitées». Comme on peut le constater, le débat bat son plein dans l'Hexagone sur la question. Du côté des laboratoires on se tait. Comme pour mieux enfoncer le clou à leur adresse, le professeur Philippe Even précise qu'il «s'agit d'un livre d'information, pas d'opinion. Tout ce qui est dit est référencé et résulte de notre expérience et à l'analyse de milliers, de milliers et de milliers de publications». Ceci dit et comme précisé au début, ce débat nous concerne. Ces deux mille médicaments sont certainement sur notre marché. Nos médecins les prescrivent et nos malades les ingurgitent. Il va, donc, de soi que nos autorités doivent se pencher sur ce problème. Pas seulement. Nos spécialistes aussi. Nos associations et syndicats de la santé qui ne cessent de dénoncer les ruptures et autres pénuries de médicaments devraient, au préalable, consulter cette liste des «4000 médicaments». Il serait irresponsable de continuer à importer à coups de milliards de dollars des médicaments inutiles. Pour les 5% de médicaments jugés dangereux, leur importation serait, tout simplement, dramatique. Dans certains cas, il n'est même pas besoin d'être du corps médical pour constater de graves anomalies. On prendra, tout de même, un exemple, un seul, il est cité par un spécialiste français. C'est le cas de la maladie d'Alzheimer, «Les médicaments pour traiter cette maladie sont très chers, certains sont même dangereux sur le plan cardiaque. Quelle «utilité» face à cette maladie incurable?» assène-t-il. On vous disait bien que même s'il a lieu en France, ce débat nous concerne au plus haut point. La suite qui lui sera réservée chez nous sera intéressante dans tous les cas!