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Le défricheur de signes!
Publié dans L'Expression le 24 - 02 - 2013


La grande faucheuse l'emporta lors d'une nuit glaciale dans la région de Aïn Defla. Un fatal accident de voiture. C'était dans la nuit du 25 au 26 février 1989. Une mort précoce qui priva l'Algérie de l'un de ses plus éminents penseurs. L'absurde est que l'Algérie qui n'a pas su honorer ses artistes, écrivains, cinéastes et plasticiens, de leur vivant, n'a pas su - voulu? - aussi rectifier le tir en rendant hommage à ceux qui ont permis à son nom de briller au firmament de la création universelle. Et Mouloud Mammeri, «Da L'Mulud», est l'un de ses plus remarquables représentants. Vingt-quatre ans après sa disparition, Mouloud Mammeri garde son aura de mystère, alors que son parcours intellectuel et littéraire reste, paradoxalement, encore à découvrir dans une production intellectuelle nationale qu ́il marqua par une oeuvre attachante, enrichissante, encore que restreinte. De fait, l'écrivain, dramaturge et anthropologue (qui connaissait cette facette du natif de Taourirt Mimoun?) a été un homme réservé, d ́où l'incertitude gravitant autour de lui. Mammeri a occupé une position quelque peu singulière, à tout le moins inconfortable, pour ne pas dire en marge, dans la création artistique et littéraire nationale marquée - dans les années 70-80 - par l ́interdit et l ́injonction. En vérité, Mouloud Mammeri, personnage secret et écrivain rare eut des rapports indécis, tant avec le pouvoir qu ́avec la critique qui, autant ne le comprit pas, autant n ́excusa pas ce qui lui apparaissait être une attitude hautaine. En fait, Da L ́Mulud était la simplicité même qui est la marque des grands hommes. Ecrivain peu prolixe certes, mais de qualité, essayiste de talent et chercheur passionné, Mammeri demeure cet anthropologue, ce défricheur de signes, qui tenta, sa vie durant, de restituer une dimension rationnelle à la culture amazighe tout en la rétablissant dans l ́espace culturel national. Succédant au grand anthropologue Gabriel Camps à la direction du Crape (Centre de recherches anthropologiques, préhistoriques et ethnologiques) - qu ́il dirigea de 1967 à 1979 - il se passionna pour les civilisations anciennes et pour l ́histoire de la société humaine. Demeuré profondément attaché à son Djurdjura, à ses racines, Mammeri, sorti de son élément naturel, ses montagnes abruptes balayées par les rudes vents marins - où perchait son village natal - se retrouve comme une âme en peine orpheline de sa source. De ce Djurdjura originel et de lui-même, il eut ces mots: «Je suis né dans un canton écarté de haute montagne, d ́une vieille race qui, depuis des millénaires, n ́a pas cessé d ́être là, avec les uns avec les autres... qui, sous le soleil ou la neige, à travers les sables garamantes ou les vieilles cités du Tell, a déroulé sa saga, ses épreuves et ses fastes, qui a contribué dans l ́histoire de diverses façons à rendre plus humaine la vie des hommes.» Il y a comme une continuité entre l ́hier, l ́aujourd ́hui et le demain, que Mammeri traduit par le terme «saga». Aussi, c ́est au faîte de ces montagnes que le poète retrouve toute sa plénitude car, dans le fond, Mouloud Mammeri, qui n ́aime pas beaucoup s ́extérioriser, était plutôt un homme timide qui ne s ́était jamais totalement assimilé à un environnement - souvent artificiel - dans lequel il se sentait étranger. En fait, cet homme de terroir, ne se sentait pas à l ́aise dans la société mondaine, avec laquelle sa profession le mettait souvent en contact, qui lui était toujours restée étrangère, gardant ainsi, vis-à-vis d ́elle, une certaine distance. Mais n ́est-ce pas encore lui qui affirmait: «Quand je regarde en arrière, je n ́ai nul regret, je n ́aurais pas voulu vivre autrement.» Tout Mammeri était là, une personnalité puissante quoique fort réservée. Pour dire cela différemment, l ́auteur du Banquet et, entre autres, Le Sommeil du Juste vivait dans un inconfort intellectuel paradoxal, embarrassé de n ́avoir trouvé sa place ni dans l ́Occident, selon lui décadent et suffisant, ni dans son pays, l ́Algérie, où ses repères se sont vus altérés, ses certitudes incomprises. Francophone de fait, latiniste distingué, berbériste de conviction, Mouloud Mammeri, malgré sa simplicité affichée, était un homme d ́une complexité extrême. En fait, Da L ́Mulud a surtout eu le tort de n ́obéir à aucune mode ou école, poursuivant obstinément un parcours qu ́il entama au premier tiers du siècle passé. Philosophe, penseur émérite, chercheur en anthropologie, linguiste, spécialiste de la culture berbère, enfin dramaturge, Mammeri était en réalité un intellectuel fervent des choses du savoir et un scientifique accompli. C'est ce que la mémoire gardera de lui.

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