Il est aussi vrai que chaque candidat détient une vérité qui lui est chère. Ainsi, Bouteflika a le mérite de la clarté et de la franchise en affichant son hostilité d'ouvrir, pour le moment, le champ audiovisuel au privé. En fait, le président sortant a, lors de l'émission Baramidj, levé le voile sur cette question lancinante en indiquant que la télévision restera la propriété de l'Etat. En guise d'argument, le prétendant à El Mouradia invite ses interlocuteurs à mesurer les conséquences qui ont découlé de l'ouverture de la presse écrite. Le débat n'est, certes, pas clos sur cette arme redoutable qu'est la télévision. Mais, au-delà du bien et du mal, Bouteflika a fait connaître au large public son avis. Djaballah, lui, reste inébranlable sur le Code de la famille. En effet, ce licencié en sciences juridiques est le seul à assurer la défense du code de la famille contesté par certains et décrié par d'autres. Dans son programme électoral, le candidat islamiste a, volontairement évité d'évoquer le texte en vigueur calqué essentiellement sur la charia. Ce silence, synonyme de consentement, est rendu plus offensif lors des meetings du cheikh, qui qualifie de «diabolique» la tentative d'abroger le code de la famille. Quant à Hanoune, elle incarne l'antithèse des réformes économiques qualifiées, d'ailleurs, de «contre-réformes». Ennemie déclarée de la mondialisation, du FMI et de la Banque mondiale, elle estime que «les accords avec l'OMC, l'UE et le projet Eizenstat constituent une offensive féroce qui cible la survie même des travailleurs». En contrepartie, la candidate du PT souligne que «c'est au peuple algérien et à lui seul qu'échoit la définition des choix économiques conformes à ses besoins et que les institutions algériennes doivent mettre en oeuvre». Sadi, quant à lui, marque avec un sceau moderniste cette présidentielle en plaidant pour le rétablissement du week-end universel. Ainsi, c'est le premier présidentiable de l'Algérie à assumer l'instauration d'un week-end dominical à l'instar de la majorité des pays du monde. Le candidat du RCD avance des arguments économiques pour mettre en oeuvre son projet. D'après lui, l'addition de notre week-end actuel avec le week-end des partenaires occidentaux débouche sur quatre jours fériés. Ainsi, les échanges commerciaux et l'activité des ports sont sérieusement freinés. Par ailleurs, la sortie de Sadi constitue un véritable séisme dans les carcans du conservatisme. Rebaïne, pour sa part, ne semble pas près de tourner la page tragique de la Révolution 54. En effet, le candidat de AHD 54, appelle à l'assainissement du champ politique en écartant les harkis et leurs fils des postes de responsabilité au sein de l'Etat. Cette question, qui relève toujours du tabou, peut provoquer une levée de boucliers en sachant que bon nombre de ministres sont binationaux. Quant à Benflis, il n'arrive toujours pas à trouver son thème de prédilection. L'ossature de ses cent engagements reflète un certain conventionnalisme converti en promesses de réformes. En fait, l'ex-chef de gouvernement semble s'accommoder de la tendance générale marquée par des chantiers prévus dans tous les secteurs. En voulant élargir son champ de vision avec 100 engagements, Benflis n'a pas pu plonger en profondeur pour ramener la pierre précieuse qui va enjoliver son programme.