Un crash des plus meurtriers dans l'histoire de l'aviation algérienne «J'ai vu des dizaines de corps dont une fillette de 13 ans et une femme, c'était sa mère je crois...» Des dizaines de gendarmes longeaient le long du trajet menant vers Aïn M'lila, au lendemain du tragique accident de l'avion militaire du type Hercule C-130 dû à un crash ayant occasionné le décès de 77 personnes. En dépit du froid, le climat était lourd, marqué par un temps pluvieux. Les citoyens étaient encore sous le choc. Ils venaient d'assister à l'un des crashs les plus meurtries dans l'histoire de l'aviation algérienne. Vers midi, nous sommes enfin arrivés à la localité d'Oued Gacem. Le malaise était perceptible sur les visages. L'accès au lieu du drame était interdit, mais finalement, après insistance, les forces de sécurité ont cédé le passage. Nous traversons encore une dizaine de km pour arriver à Bir Ougla, le lieu exact du drame, situé en contrebas de Djebel Fertas. C'est là que l'avion s'est écrasé en passant par un lieudit El Fadj et un petit douar que les habitants appellent Ouled Aïcha. Pour y arriver, il fallait escalader plus de 15 km à pied pour atteindre une altitude de 1 500 m! Un guide habitant la région, un jeune d'une trentaine d'années, Takoune Hamza, accepte volontiers de nous accompagner. Le long du chemin pour aboutir au sommet de la montagne et qui nous a pris au moins deux heures de marche, des troupes de l'ANP étaient stationnées. Au bout de notre marche on voit enfin un aspect de l'avion, mais il reste encore une heure de marche. Grâce à notre guide, nous avons pu prendre un chemin moins dangereux, car le risque d'une chute était presque inévitable! Enfin, nous sommes à destination, impossible qu'il ait un survivant! C'est la première pensée qui traverse notre esprit. C'est Chérif, un jeune de 25 ans qui relate les faits, soulignant que c'étaient des pêcheurs qui ont été les premiers à avoir vu l'avion s'écraser. «Le drame a eu lieu entre 11 heures et 13 heures, sur les lieux gisaient des dizaines de corps dont une fillette de 13 ans et une femme, il paraît que c'est sa maman, d'autres étaient calcinés» raconte-t-il terrifié. Il reprend son souffle et ajoute: «Certains étaient encore accrochés à leur siège tous en tenue militaire, ce fut l'horreur je n'avais jamais encore vécu des scènes pareilles!» Notre témoin suffoque, profondément touché. Il nous fixe du regard, les yeux pleins de larmes et reprend: «Nous avons acheminé une vingtaine de corps, la Protection civile était dépassée et on nous a sollicités pour les aider, nous n'avons pas hésité». Les corps des victimes du crash avaient été transportées vers l'hôpital militaire du commandement de la 5e Région militaire, situé à la nouvelle ville Ali-Mendjeli. Un autre jeune relate: «Il y avait un corps sans tête, un autre en morceaux, j'ai vu aussi un corps sans pied, c'était des images insupportables». Ce drame rarissime n'a pas ému que l'ANP et leur famille, tout le peuple était profondément touché. La police scientifique avait déjà entamé son travail. Les gendarmes étaient sur les dents presque agressifs. «Dégagez d'ici» ordonne un capitaine. «Seule la presse publique est accréditée» s'écria un autre. Notre persistance a mal fini. Le gendarme use d'un langage indécent avant de passer aux brutalités. Sur le chemin du retour on est tombé à pic avec une délégation composée de hauts cadres de l'ANP de la 5e Région militaire. Interpellé par nos soins, l'officier supérieur nous a signifié qu'il ne pouvait répondre à nos questions sans un constat plus précis sur les lieux, notamment en ce qui concerne la boite noire si elle avait été trouvée ou pas. Seul objet qui peut contribuer à donner des informations plus précises sur les circonstances du crash. Il ne restait pas un grand trajet pour le pilote et atteindre la piste d'atterrissage de l'aéroport Mohamed-Boudiaf de Constantine. Selon un témoin, encore quatre mètres et l'avion pouvait éviter le choc contre la montagne. Mais le destin en a décidé autrement, l'Hercule C-130 n'arrivera jamais à destination. En attendant ce que dévoilera la boîte noire, les conditions climatiques seraient à l'origine de ce tragique accident. L'indécence d'un gendarme Munie d'un ordre de mission et d'une carte professionnelle, comme l'exige la loi, notre journaliste et chef de bureau de Constantine, Ikram Ghioua, a été violement agressée hier, par un gendarme lors de sa mission sur les lieux du crash de l'avion militaire à Djebel Fortas. Le gendarme qui exerce à Aïn M'lila, a refusé à notre envoyée spéciale et le photographe qui l'accompagnait l'accès au site en usant d'un ton brutal et d'un langage indécent qui déshonore le corps de la gendarmerie: «Dégagez, d'ici... (..)», a-t-il ordonné. Sa vulgarité et sa brutalité n'ayant pas suffi, il a jeté par terre la journaliste sous le regard ahuri de ses confrères, une humiliation impardonnable. Notre journaliste n'a dû son salut que grâce à l'intervention du photographe qui l'accompagnait. Chose qui a encore rendu ce gendarme plus furieux, n'hésitant pas à brutaliser à son tour le photographe et le menaçant de lui confisquer son matériel photo. Réactions internationales Le président tunisien, Moncef Marzouki et Mehdi Jomaâ «La Tunisie exprime sa compassion» Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a reçu hier, un message de condoléances de la part du président de la République tunisienne, Moncef Marzouki, et de son chef du gouvernement, Mehdi Jomaâ, suite au crash de l'avion militaire survenu mardi sur le mont Fortas (Oum El Bouaghi), causant la mort à 77 personnes, indique un communiqué du cabinet du Premier ministre. MM.Marzouki et Jomaâ ont exprimé au peuple algérien et aux familles des victimes du tragique accident aérien, en leur nom et au nom du peuple tunisien frère, leur soutien et leur compassion, priant Dieu de leur accorder Sa Sainte Miséricorde et de les accueillir en Son Vaste Paradis, ajoute le communiqué. Le ministère français des Affaires étrangères «La France aux côtés du peuple algérien» La France s'est dit hier, aux côtés du peuple algérien, suite à l'accident d'un avion militaire à l'est du pays qui a coûté la vie à 77 personnes et blessé grièvement une autre. «Nous avons appris avec émotion l'accident aérien qui a coûté la vie hier (mardi) en Algérie à 77 personnes, et notamment à des familles de militaires», a indiqué un porte-parole du ministère français des Affaires étrangères. Tout en présentant les condoléances des autorités françaises aux «familles des victimes et aux autorités» algériennes, il a, lors d'un point de presse, affirmé qu'en «ce moment douloureux, nous nous tenons aux côtés du peuple algérien». 77 personnes ont péri et une autre a été grièvement blessée dans le crash d'un avion militaire de type Hercule C-130, survenu mardi sur le mont Fortas (Oum El Bouaghi, 500 km à l'Est d'Alger). Le crash de l'avion relevant des Forces aériennes est dû aux conditions météorologiques «très défavorable», avait précisé le ministère de la Défense nationale dans un communiqué. L'Ambassade des Etats-Unis «Nos pensées aux familles des victimes» Les Etats-Unis d'Amérique ont exprimé leurs sincères condoléances au peuple algérien suite au crash d'un avion militaire survenu mardi à Oum El Bouaghi (500 km à l'est d'Alger). L'ambassade des Etats-Unis d'Amérique à Alger a exprimé dans un communiqué «ses sincères condoléances au peuple algérien suite au tragique décès de passagers lors du crash de l'avion militaire survenu cette matinée à Oum El Bouaghi». «Nos pensées et nos prières vont aux familles qui ont perdu des êtres chers et aux personnes blessées lors de cet accident», a ajouté l'ambassade américaine. Hugh Robertson «Je suis très attristé par la nouvelle» Le ministre britannique chargé du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, Hugh Robertson, présente ses condoléances après un tragique accident d'avion en Algérie. Le ministre britannique chargé du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, M.Hugh Robertson, a reçu avec beaucoup de tristesse la nouvelle relative à l'accident tragique d'un avion militaire. Le jour même du crash, M.Hugh Robertson a déclaré: «Je suis très attristé par la nouvelle qui m'est parvenue sur un crash d'avion en Algérie. Toutes mes pensées vont aux victimes et à leurs familles.» Le président de la République fédérale d'Allemagne «Mes pensées aux victimes» Le président de la République fédérale d'Allemagne, M.Joachim Gauck, a adressé un télégramme de condoléances au président de la République algérienne démocratique et populaire, M.Abdelaziz Bouteflika: «C'est avec une profonde consternation que j'ai appris la nouvelle du terrible accident d'avion au nord-est de votre pays et qui a causé un grand nombre de victimes parmi les soldats et leurs familles. En mon nom et celui de mes compatriotes, je vous exprime, M.le Président, ainsi qu'au peuple algérien, ma profonde sympathie. Mes pensées vont aux victimes, leurs familles et leurs amis, auxquels j'exprime toute ma compassion. Je souhaite aux blessés un prompt rétablissement.» De son côté, le ministre allemand des Affaires étrangères, M.Frank-Walter Steiner a adressé un message de condoléances à son homologue algérien, M.Ramtane Lamamra où, il a mentionné: «C'est avec une grande consternation que j'ai appris la nouvelle du crash.» John Baird «Nos prières pour les victimes» Suite au tragique accident d'avion survenu mardi dernier à Aïn Mlila, près de Oum El Bouaghi, le ministre des Affaires étrangères canadien, John Baird a déclaré dans un communiqué adressé à notre rédaction: «J'ai été profondément attristé par la nouvelle de l'écrasement d'un avion de transport militaire aujourd'hui dans l'est de l'Algérie, qui a fait un grand nombre de victimes. Au nom de tous les Canadiens, je tiens à offrir mes sincères condoléances aux familles et amis des personnes décédées dans ce tragique accident. Nos pensées et nos prières les accompagnent ainsi que la population de l'Algérie éprouvée par cette terrible tragédie.» Didier Reynders «Solidarité avec le peuple algérien» Le responsable belge a assuré le gouvernement et le peuple algériens de «l'entière solidarité» de son pays, suite au crash d'un avion militaire à Oum El Bouaghi. Le vice-Premier ministre belge a indiqué dans un communiqué de presse avoir appris avec«tristesse» l'accident d'avion en Algérie. M.Reynders a présenté «ses condoléances aux familles et amis des victimes» et «assuré le gouvernement et le peuple algériens de l'entière solidarité de la Belgique». Le bilan définitif: 77 victimes dont 73 militaires Le crash d'un avion militaire survenu mardi près d'Oum El Bouaghi (500 km à l'est d'Alger) a fait 77 victimes comprenant 73 militaires et quatre femmes, a confirmé hier le ministère de la Défense nationale dans un communiqué. Le crash a fait 77 victimes, comprenant 73 militaires et quatre femmes dont l'épouse et la fille de l'adjoint au commandant de la 6ème Région militaire, et un survivant dans un état critique», précise le communiqué qui cite les explications fournies par le directeur de l'hôpital militaire régional de Constantine, lors d'un exposé présenté au vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major de l'Armée nationale populaire, le général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, en visite à l'hôpital. La boîte noire récupérée, l'enquête avance La boîte où pourraient être enregistrés les échanges des pilotes dans le cockpit de l'Hercule C-130 qui s'est écrasé mardi dernier sur le mont Fortas (Oum El Bouaghi). Selon cette source, l'aéronef, pris dans les mauvaises conditions climatiques, marquées notamment par des vents violents et une mauvaise visibilité, est tombé «nez en avant» sur le site même où se trouve actuellement l'épave, infirmant certaines informations selon lesquelles l'avion aurait percuté une montagne voisine du lieu du crash. Hier, en fin d'après-midi, les éléments de la police scientifique de la Gendarmerie nationale, accompagnés d'éléments spécialisés de l'Armée nationale populaire (ANP), avaient achevé leur travail technique et récupéré un certain nombre d'équipements de l'avion qui seront «très utiles à l'enquête»,a-t-on ajouté.
