Au moment où l'on parle des djihadistes en Syrie et en Irak, France 24, la télévision française, s'est intéressée subitement aux djihadistes algériens qui se sont enrôlés dans la résistance bosnienne durant la guerre en Yougoslavie. 13 ans après les attentats du World Trade Center à New York, France 24 a proposé jeudi dernier sur ses trois antennes (en français, en anglais et en arabe) une enquête exclusive réalisée par Julien Tridat et Karim Hakiki sur les «Six d'Algérie», ces six terroristes présumés arrêtés à Sarajevo au lendemain des attentats du 11 septembre 2001. Karim Hakiki est celui qui a couvert l'élection présidentielle du 17 avril dernier et qui avait rapporté la faible participation des Algériens à ce scrutin. C'est sans doute à l'occasion de cette virée professionnelle à Alger que le reporter franco-algérien a lancé les amarres pour son sujet. Le reporter très aguerri à ce genre de sujet a déjà fait un excellent reportage sur la Syrie avec son collègue algérien, Adel Gastel. Le reportage sur les six Algériens, qui a été tourné en Bosnie-Herzégovine, mais surtout en Algérie et en France, relate l'itinéraire de Mustafa Aït Idir, Mohamed Nechla, Belkacem Bensayah, Hadj Boudella, Saber Lahmar et Lakhdar Boumediene. Ces six individus ont tous été arrêtés en Bosnie, en octobre 2001, moins d'un mois après les attentats du 11 septembre, puis extradés en janvier 2002 vers Guantanamo où ils passeront entre 8 et 12 ans sous le statut extra-judiciaire d'«enemy combatants». Les journalistes de France 24 ont rencontré deux de ces six ex-prisonniers: l'un vit à Mérignac, en Gironde, et l'autre, Belkacem Bensayah, vit aujourd'hui à Alger et témoigne pour la première fois à la télévision. Parallèlement, France 24 a interrogé l'épouse de ce dernier, en Bosnie, qui dans sa quête de vérité a été amenée à découvrir le passé de son ex-mari. A la lumière des informations recueillies par ses journalistes, France 24 apporte un éclairage nouveau sur cette affaire. Ces six hommes qui se connaissaient tous avaient, en effet, été identifiés par divers services de renseignement comme issus de la mouvance islamiste. Ce n'est pas assez pour affirmer qu'ils constituaient une cellule terroriste, et sûrement pas suffisant pour justifier de les avoir privés de liberté pendant une décennie. Mais leurs parcours et leurs profils correspondent en tous points à celui des djihadistes internationaux. Aujourd'hui, déconnectés de la réalité islamiste, ces djihadistes qui se sont battus pour une cause religieuse celle de la lutte entre les musulmans de Bosnie contre les chrétiens orthodoxes de Serbie. Les auteurs de cette enquête très intéressante ont évoqué aussi les difficultés de réintégration de ces anciens militants dans la «vie civile» en Bosnie, en France ou en Algérie. [email protected]
