Un véritable décor apocalyptique s'installe les jours de match. Pierres, couteaux, sabres...sont devenus la panoplie du «parfait» supporter...Il est temps d'arrêter cette violence qui gangrène nos stades! La mort, samedi dernier, de l'attaquant de la JS Kabylie, Albert Ebossé tué par des projectiles lancés à partir des gradins, vient nous mettre devant la réalité de nos stades! Ils sont devenus des arènes de la mort! L'enceinte du 1er-Novembre de Tizi Ouzou n'est pas un cas isolé. Ce qui s'est passé là-bas est malheureusement la réplique fidèle de ce qui se passe de manière régulière dans tous les stades du pays. Les terrains de football sont livrés à la violence. Chaque week-end, la mort guette supporters, joueurs, encadreurs, et même les journalistes! Assister à un match de football en Algérie est devenu du suicide. Avant, pendant et après le match, des combats de gladiateurs ont lieu dans et hors des tribunes. Pierres, barres de fer, couteaux, sabres et tout autre objet contondant sont devenus la panoplie du «parfait» supporter...Agressions, et bagarres sont de tradition! Les supporters n'osent même pas entrer dans les toilettes des stades qui sont de véritables coupe-gorge, car ils sont sûrs de se faire assaillir. Ils sont obligés de se retenir jusqu'à la fin du match, ou utiliser les escaliers comme petit coin. Le «caillassage» en fin de match est devenu un rituel du football algérien. Il fait partie du décor. Auparavant, il passait inaperçu jusqu'à ce qu'il ne provoque la mort d'une de ses cibles. En plus du «lancer» de pierres, l'envahissement du terrain fait partie des «sports» pratiqués par les «supporters». Il suffit que l'arbitre siffle la fin de la rencontre pour voir des «intrus» sur la pelouse venir déverser leur colère sur les acteurs de la rencontre. D'ailleurs, tout le monde a dû remarqué qu'en Algérie dès qu'un match est terminé, la police fait un «sprint» pour aller protéger les arbitres et les joueurs. Ils sont parfois même obligé de les faire sortir sous leurs boucliers antiémeute. Au fait un véritable décor apocalyptique s'installe les jours de match. Les brigades antiémeute sont déployées en force. La circulation des automobiles est à l'arrêt. Les transports publics sont arrêtés. Les quartiers avoisinant les stades sont désertés. Les magasins baissent rideau. Dans la capitale, le tramway et le métro sont aussi bloqués. Bref, on n'a pas l'impression que c'est un match qui va se jouer mais... une guerre qui se prépare. Ce qui est effectivement le cas avec des jeunes marginaux qui trouvent l'occasion de se rassembler chaque semaine. Au stade, ils deviennent organisés. Il faut donc les ménager pour éviter les débordements. En Algérie, on gère la foule en laissant les supporters se taper dessus, mais aussi en délocalisant les matchs qui attirent la foule loin de la Capitale, comme ceux de l'Equipe nationale où des finales de la Coupe d'Algérie. Cependant, cette solution de bricolage ne fait qu'éloigner des...yeux un problème très profond. De l'avis des spécialistes cette violence dans les stades témoigne, à elle seule, de la détresse de la jeunesse du pays. Les Algériens sont perdus dans l'oisiveté de leur monotone quotidien. Ils n'ont pas de loisir. Il n'ont pas de perspectives d'avenir. L'Etat ne leur offre pas une vision d'émancipation. Bien sûr, il est facile de condamner des adolescents ayant grandi dans un engrenage de violence extrême qu ́ils n ́ont pas choisi. Cependant, a-t-on suffisamment de courage politique pour avouer les limites des réponses apportées à leurs aspirations légitimes? Dans le meilleur des cas, ces jeunes sont marginalisés et dans la pire des situations, ils servent de chair à canon aux calculateurs et autres manipulateurs morbides dont les intérêts n ́ont rien de commun avec ceux de l ́Algérie. Depuis la décennie noire il ne trouvent que le stade comme défouloir! Ça suffit! Il est temps de donner des réponses à cette jeunesse pour arrêter cette violence. Il est temps de mettre fin à la récréation et rétablir l'ordre. Les Algériens ont, comme les autres peuples du monde, le droit d'aller au stade, regarder un match en famille. Les Algériens ont aussi le droit d'aller à un match sans craindre pour leur vie. Les Algériennes ont aussi les mêmes droits. Jeunes, vieux, femmes, hommes, le stade appartient à tous... Basta!.
