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body-shopping et errance identitaire (1re partie)
L'IMMIGRATION EN OCCIDENT
Publié dans L'Expression le 03 - 08 - 2004

«Ya raïah, ya el msafer trouh ta'ia oua toualli» Dahmane El Harrachi
Les êtres humains se sont toujours déplacés. Cela a commencé avec l'apparition de l'homme et la saga des hommes préhistoriques à partir du berceau de la Corne de l'Afrique. Selon les Nations unies, environ 150 millions de personnes, soit 3% de la population mondiale, vivent en dehors de leur pays de naissance. Pour une part d'entre eux, les migrants cherchent à combler ailleurs les besoins ne pouvant être satisfaits dans leur pays d'origine. L'attractivité de la société de consommation provoquée par la diffusion mondiale des médias occidentaux et la facilitation des transports par la baisse de leur coût amplifient le phénomène des grandes migrations. L'histoire des mouvements migratoires est en fait, l'histoire du monde.
La mondialisation et les phénomènes migratoires
La prise de conscience de la gravité d'un exode généralisé des compétences tient aussi à la certitude, maintenant bien établie, que la connaissance est aujourd'hui la source fondamentale de la création de richesses et le facteur primordial de la compétitivité internationale. Plus aucun Etat ne l'ignore et ne peut accepter une déperdition systématique des compétences accumulées en ses frontières, sans remettre en cause ses capacités de développement endogène et sa place dans la société mondiale en constitution.
La perte de matière grise du fait d'une position asymétrique inquiète aujourd'hui ces pays, comme hier le manque à gagner lié à la dégradation des termes de l'échange pour les matières premières. Symptomatique: aujourd'hui, lorsqu'un informaticien indien est débauché de son entreprise, dans son pays, pour exercer son métier aux Etats-Unis, on dit de la firme qui le démarche qu'elle fait du «body shopping» (achat corporel).
Cette expression souligne la distinction d'avec une mobilisation à distance (fréquente aujourd'hui en informatique), sans déplacement physique, de sa force de travail en vue de produire des logiciels pour le compte d'une société située très loin. Cette métaphore spontanée est éloquente: elle rappelle le trafic des corps, l'esclavage, sans détour... Evidemment, les conditions sont fondamentalement différentes mais le principe est identique: la captation d'une main-d'oeuvre, ici hautement qualifiée, et sa délocalisation virtuelle ou réelle, sans aucun doute productive, pour une capitalisation éloignée.
La mondialisation économique de type libéral, en même temps qu'elle en accentue le caractère structurel, dévoile toute la contradiction des politiques migratoires : dans ce monde, les biens, les marchandises et les capitaux circulent de plus en plus facilement, tandis que la libre circulation est de plus en plus difficile pour les gens du Sud, notamment les plus pauvres et les moins-qualifiés. Avec la mondialisation qui tend, depuis une vingtaine d'années, à accroître la fracture entre le Nord et le(s) Sud(s), les «visages» des migrations ont beaucoup évolué. Poussés par la misère, les guerres civiles - de plus en plus nombreuses depuis la fin de la guerre froide - ou encore l'absence de perspectives dans leur pays, les migrants inventent de nouveaux itinéraires et guettent les chances de fixation, s'affranchissant des liens historiques culturels et même cultuels et linguistiques.
Les nouveaux migrants sont majoritairement jeunes, urbain(e)s et scolarisé(e)s et s'inscrivent avant tout dans une logique individuelle: la recherche de conditions de vie dignes. Les plus qualifiés répondent aux appels explicites ou implicites des pays développés, où la connaissance est, aujourd'hui, considérée comme la source fondamentale de la création de richesses et le facteur primordial de la compétitivité internationale. Le mode 4 de l'Accord général sur le commerce des services (Agcs) vise, au nom de la libre concurrence, à faciliter le commerce mondial des Services entre entreprises en permettant un recours accru à des travailleurs migrants détachés. Ce mode 4 s'inscrit dans une tendance plus générale des politiques privilégiant des salariés migrants temporaires envoyés sous contrat de travail et davantage assujettis à l'employeur, au détriment de l'égalité des droits avec les autres travailleurs résidents et au détriment des normes d'emploi du pays d'exercice du travail. Cette tendance s'inscrit dans l'approche utilitariste de l'immigration.(1).
La caractéristique principale de l'Agcs est de pousser à une marchandisation accrue des activités humaines en allant beaucoup plus loin qu'une simple extension du commerce des services. Cette forme de mobilisation de la main-d'oeuvre étrangère laisse émerger une nouvelle catégorie de travailleurs, celle du migrant détaché: il s'agit d'un étranger qui n'a le droit de rester sur le territoire que dans le cadre de sa relation contractuelle avec son employeur et qui est contraint de repartir à tout moment au bon vouloir de l'employeur et, dans tous les cas, au terme du contrat de service. Le migrant n'acquiert aucun droit au séjour.
L'envoi pour des durées de travailleurs détachés permettrait de mettre en concurrence directe des systèmes productifs différents et de faire pression sur les salaires. Un tel régime permet de rendre compatible la fermeture des frontières des Etats les plus développés avec le besoin des entreprises de recourir à des migrants plus malléables et corvéables que ceux déjà présents sur le marché du travail.
«Le travailleur français qui voit sur le pas de palier, à côté de son HLM, entassée une famille avec un père de famille, trois ou quatre familles et une vingtaine de gosses et qui gagne 5000 francs en prestations sociales , sans naturellement travailler, si vous ajoutez à cela le bruit et l'odeur, le travailleur français sur le palier devient fou». Jacques Chirac (Déclaration sur l'immigration le 19 juin 1991)
La prise de position sans équivoque de Jacques Chirac alors maire de Paris est , tout à fait naturelle, s'agissant de «cas d'espèce» , il est cependant, inexact d'appliquer ce type de situation à la grande majorité des immigrés. L'immigration en France est structurelle. Pour Bernard Ravenel, l'extraordinaire métissage de ce pays (15 millions de Français ont au moins un grand-parent d'origine étrangère) témoigne de la permanence historique des flux migratoires liant ce pays au reste du monde. Les Maghrébins, et principalement les Algériens, constituent la communauté la plus importante , viennent ensuite les Italiens, les Portugais, les Polonais Un nouveau spectre hante l'Europe opulente et démocratique de cette fin de siècle; les boat-people venus de l'autre côté de la Méditerranée... Vieillie et repue, la société européenne occidentale se sent assiégée et menacée dans son intégrité et dans ses privilèges par la vitalité démographique des pays pauvres qui la jouxtent.(2).
Par ailleurs, Les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis et la montée des populismes partout en Europe, amènent les gouvernements en place, à faire une politique d'extrême droite franchement xénophobe, tentant ainsi de répondre au «malaise» exprimé par leur opinion publique: l'Union Européenne comme un seul homme met en place à sa frontière sud vers le Maghreb le fameux Sive qui consiste en des miradors, des barbelés , et lâche ses chiens pour traquer et débusquer un homme qui a tout perdu, sa dignité, son identité et l'espoir de voir un jour ,... le jour. Abandonné de tous, il est livré à des négriers qui l'exploitent dans des conditions abjectes sous l'oeil impuissant de son pays d'origine.
La forteresse Europe
Les Quinze devenus Vingt-Cinq se sentent tenus d'adresser un signal fort à leurs opinions publiques, adoptant un programme ambitieux de lutte contre l'immigration clandestine. Le succès de l'extrême droite et des populismes partout en Europe ont convaincu les gouvernements de la nécessité de proposer des solutions concrètes pour ne pas dire d'une certaine façon «finales», enveloppées, cependant, dans un humanitaire de façade sur la façon de «traiter» les trois millions de clandestins et les 400.000 demandeurs d'asile recensés dans l'UE. L'émigré en Europe, surtout s'il est «coupable» d'être arabe et musulman, a beau se fondre dans le décor en changeant le cas échéant de nom, il arrive un moment où le délit de faciès le rattrape. Il prend alors conscience du fossé abyssal qui le sépare des autochtones.
Dans un rapport du 29 mai 2002, un rapport montrant, il est prouvé que l'Union européenne héberge relativement peu d'étrangers d'origine extérieure à l'Union. Les «extra-communautaires» ne sont que 13 millions, soit 3,5% de la population de l'Union. Leur nombre a progressé de moitié en quinze ans, notamment à cause de l'afflux d'immigrés d'Europe de l'Est et des Balkans après la chute du mur et la guerre en Yougoslavie, mais leur poids reste très inférieur aux 6,6% d'étrangers qui vivent aux Etats-Unis. Européens de l'Est et des Balkans ont choisi, pour les deux tiers, de vivre en Allemagne. Résultat, ce pays, qui héberge aussi les trois quarts des Turcs vivant dans l'Union, est celui qui a le plus d'étrangers «extra-communautaires» -5,5 millions-, loin devant la France (2,1 millions), le Royaume-Uni (1,4 million) et l'Italie (1,1 million).
Ce chiffre allemand est élevé parce que les enfants d'immigrés n'ont pas acquis par la naissance la nationalité allemande, ce pays n'ayant introduit que récemment le droit du sol dans sa législation. En clair, les jeunes Turcs sont encore turcs en Allemagne, tandis que les beurs sont français; l'Europe compte 2,7 millions de Turcs et 2,3 millions d'habitants d'Afrique du Nord, mais elle compte sans aucun doute plus de personnes originaires du Maghreb que de Turquie.(3).
En 2000, l'Union a accueilli 680.000 «extra-communautaires», soit 0,2% de sa population (0,33% aux Etats-Unis dans les années 1990). Cela n'empêche pas cette immigration d'être à l'origine de 70% de la croissance démographique de l'Union, qui est très faible, les femmes européennes n'ayant dans leur vie en moyenne que 1,4 enfant, contre 2,1 aux Etats-Unis - c'est le chiffre nécessaire pour renouveler la population. L'ancien premier ministre espagnol José Maria Aznar avait présenté à ses partenaires un programme global reposant sur quatre piliers: harmonisation du droit d'asile et définition d'un statut des réfugiés, lutte contre les filières de l'immigration clandestine, renforcement des contrôles aux frontières extérieures de l'UE et «coopération» avec les pays de départ.
C'est pour cela que l'Espagne dont la mémoire est décidément courte -il y a encore un quart de siècle, elle était une terre d'émigration- a proposé d'aller plus loin en réduisant l'aide au développement versée par l'UE aux pays d'émigration qui feraient preuve de mauvaise volonté dans la lutte contre les réseaux organisant l'immigration clandestine. Certains pays font valoir que de telles sanctions seraient «contre-productives» en aggravant la situation économique des pays visés.(4).
En Grande-Bretagne, depuis quatre ans, 150.000 d'entre eux sont ainsi devenus «invisibles». Ils travaillent au noir, sont aidés par des proches et ont souvent adopté une fausse identité. Le pays abrite environ un million d'immigrants en situation irrégulière. Les autorités ont reçu, en 2001, 71.700 demandes d'asile. L'absence de tout document d'identité dans le pays facilite leur présence illégale. Les demandeurs d'asile ont le droit de travailler au bout de six mois, en attendant que l'examen de leur demande aboutisse.
La Grande-Bretagne a entrepris, cependant, de durcir sa politique d'immigration. Le ministre de l'Intérieur, David Blunkett, a instauré une carte spéciale (Entitlement Card) pour les demandeurs d'asile. Londres envisage de déployer des navires de guerre en Méditerranée pour intercepter les bateaux des passeurs et de rapatrier les clandestins à bord d'avions de transport militaires. La nouvelle «bataille d'Angleterre» se fait contre des épaves humaines.
(1). Site Attac. N° 475.
(2). Bernard Ravenel L'insoutenable «Forteresse Europe» Confluence méditerranéenne. N°5 Hiver 1992-1993.
(3). Arnaud Leparmentier. Le Monde
le 1.06.2002).
(4). C. E. Chitour L'Immigration, la forteresse Europe et la montée des populismes. Le Quotidien d'Oran. 23 juillet 2002.


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