Avec la démission du recteur de l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, la crise qui secoue cette dernière va-t-elle s'estomper ou bien au contraire, ne fera-t-elle que s'exacerber? C'est la question que se posent désormais les 54.000 étudiants de cette université ainsi que les milliers d'enseignants qui y exercent. La démission du désormais ex-recteur est certes un geste salutaire de la part d'un responsable algérien, reconnaissant qu'il fait face à une situation qui le dépasse, mais cet acte civilisé et rare en Algérie, ne suffit sans doute pas pour désamorcer toutes les bombes qui sommeillent au sein des différentes facultés de l'université Mouloud-Mammeri, où, depuis le début de l'année, il y a plus de grèves que de cours. Le nouveau recteur, M.Arezki Derridj, a pris ses fonctions jeudi dernier après avoir été installé officiellement et après les traditionnelles passations de consignes. Le nouveau recteur a enseigné dans la même université depuis 1980 et il a occupé le poste de doyen de la faculté des sciences biologiques et des sciences agronomiques. Le nouveau recteur, qui exerce sur place depuis 36 ans, doit donc sans doute connaître les moindres méandres du fonctionnement et des dysfonctionnements de cette université, qui ne cesse d'être victime d'agitations à répétition au point où l'observateur ne sait plus quand est-ce qu'il s'agit de vrais problèmes soulevés et quand est-ce qu'il est question de manipulations de toutes sortes. Et les victimes sont bien entendu les étudiants qui peinent de ce fait à terminer l'année universitaire dans les normes. Pour rappel, au moment où l'ex-recteur avait déposé sa démission, l'université de Tizi Ouzou était déjà plongée dans une grève de trois jours (de mardi à jeudi derniers) à laquelle avait appelé le conseil de wilaya du Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes). Parmi les revendications exprimées par le Cnes, en pole position, on retrouve celle inhérente au départ du recteur. Mais pas seulement. Il a été également exigé le départ de l'actuelle doyenne de la faculté des sciences économiques mais aussi la démission de tous les responsables de l'université ayant une responsabilité dans le chaos qui ronge l'université Mouloud-Mammeri. En guise de première réaction de la part des responsables de wilaya du Cnes, il y a lieu de noter que ces derniers ont émis hier le souhait que le nouveau recteur commence par ouvrir d'emblée les portes du dialogue avec les partenaires socioprofessionnels de l'université. Un geste qui, selon les responsables du Cnes, sera à même de montrer la disponibilité du nouveau recteur à contribuer à mettre un terme à l'imbroglio qui prend en otage l'établissement. D'ailleurs, les responsables de wilaya du syndicat Cnes ont révélé qu'ils allaient déposer une demande d'audience au nouveau recteur dès aujourd'hui, premier jour de la semaine. En outre, des propositions concrètes seront soumises par le Cnes au nouveau recteur, lesquelles seraient en mesure d'atténuer grandement la crise qui paralyse une grande partie des facultés de l'université où, en plus de la grève du Cnes de trois jours, de nombreux autres débrayages sont observés par des milliers d'étudiants. C'est le cas, entre autres, à la faculté des sciences économiques qui est en grève depuis deux mois. Idem au département de langue et culture amazighes, paralysé depuis dix jours.