Le secrétaire général du FLN ne rate aucune occasion de montrer à Ahmed Ouyahia qu'il ne le «piffe» pas, quitte à ne se faire entendre que par lui-même. Le divorce entre le RND et le FLN est-il consommé? Pas sûr. Mais l'absence du secrétaire général et des cadres du FLN à l'ouverture du congrès du RND qui s'est ouvert jeudi dernier à Alger est révélatrice d'une crise pour le moins sérieuse entre les deux partis d'autant plus que, depuis son intronisation à la tête du parti unique, Amar Saâdani ne rate aucune occasion de tirer ses anciens collègues dans l'Alliance présidentielle et de revendiquer son parti comme étant la seule locomotive de la scène politique nationale. Il est en effet à rappeler que chacun des leaders des deux partis, Amar Saâdani et Ahmed Ouyahia ou Abdelkader Bensalah, ne s'est nullement gêné de boycotter les rendez-vous politiques de l'autre, y compris les plus importants où même les adversaires politiques de l'un et de l'autre sont invités. C'est ainsi que, après avoir «concubiné» durant des années dans l'alcôve du pouvoir, le FLN et le RND ont commencé à s'engueuler dans les couloirs du gouvernement, ensuite de s'envoyer des fléchettes à chaque tournant, avant de finir par se tourner le dos. Jeudi dernier, alors que les représentants de tous les partis étaient là, et le PT, représenté par Louisa Hanoune, qui n'a jamais été doux avec le RND, le FLN a faussé compagnie à son ancien allié. Pour floue qu'elle semble être, cette situation laisse entrevoir un malaise entre les deux formations, un malaise qui peut être dû à une divergence stratégique sur certaines questions, mais qui peut aussi être motivé par des considérations politiques liées à la présidentielle de 2019. Selon des indiscrétions du sérail, le Rassemblement national démocratique est appelé à jouer un rôle déterminant dans la scène politique nationale, un rôle clé, qui a été jusque-là assigné au FLN». En effet, selon notre source, «compte tenu du recul du discours nationaliste face aux défis qui s'imposent, notamment sur les plans économique et sécuritaire, un virage stratégique a été entamé par l'Etat algérien et le FLN, en tant que parti fonctionnant selon des réflexes traditionnels, n'est pas en mesure d'appuyer efficacement la nouvelle orientation de l'Algérie.» Néanmoins, cette nouvelle orientation se faisant au détriment du FLN, ce parti croit bien se venger du RND en lui tirant dessus à tout bout de champ et en ne répondant pas à ses invitations, ne serait-ce que par des présences symboliques. Mais, l'absence d'Amar Saâdani et de ses collègues au congrès du RND, n'a même pas été remarquée par les militants. Interrogés sur les absences qui seraient éventuellement regrettables, celle du secrétaire général du FLN n'a nullement été évoquée. «Tant que les militants et cadres du parti sont là, je ne vois pas quel est ce monsieur dont l'absence serait dommageable pour le RND», nous a confié un groupe de jeunes militants. «En tant que secrétaire général de la première force politique du pays, il était souhaitable qu'Amar Saâdani soit présent. Mais son absence ne porte aucun préjudice au parti, ni sur le plan politique, ni sur le plan symbolique, d'autant plus que l'issue à la crise, que nous proposons n'a presque rien à voir avec les recettes populistes que présente le FLN», nous a indiqué également un cadre de Tizi Ouzou. Même Ahmed Ouyahia, dans son discours d'ouverture, n'a pas jugé utile de commenter cette «absence», encore moins d'adresser des messages à «l'absent». Bien au contraire, serrant la cravate sur le cou du FLN, Ouyahia a changé carrément de cap en disant espérer que son parti «sera ouvert au dialogue avec les partis de l'opposition autour de tout projet ou initiative respectueuse de la Constitution et des institutions du pays». Pis encore, cette manoeuvre du FLN aurait, selon une indiscrétion, mécontenté plus d'un au sommet de l'Etat, ce qui n'est pas de nature à renforcer la proximité qu'il revendique avec le président de la République et ses proches collaborateurs. Les discours distribués ça et là par le FLN et le RND laissent penser que la sainte alliance qui les a maintenus des années durant du même côté de la barricade est rompue. Mais le film n'est pas encore à sa fin et des revirements peuvent se produire d'un moment à l'autre.