Le baril joue au yo-yo Les cours de l'or noir ont sombré, 3 séances de suite, avant de terminer la semaine sur un rebond. Alors qu'ils donnaient l'impression de vouloir s'attaquer, désormais à la barre symbolique des 50 dollars, les prix du pétrole ont reculé de manière significative. Retrouvant leur péché mignon. En effet après avoir enchainé une série de quatre progressions hebdomadaires consécutives dans le vert, les cours de l'or noir ont de nouveau sombré, trois séances de suite, avant de terminer la semaine au-dessus des 45 dollars à Londres. Vendredi dernier en fin d'échanges européens, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet valait 45,75 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, soit une hausse de 74 cents par rapport à la clôture de jeudi. Le cours du baril de référence (WTI) pour livraison en juin a de son côté grappillé 34 cents pour clôturer la semaine à 44,66 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Ce qui fait apparaître une baisse de près de 3% sur la semaine. Le coup de pouce est venu du billet vert. «Les chiffres de l'emploi américain ont fait baisser momentanément le dollar et déclenché un mouvement d'achats dû à un regain d'appétit pour le risque, dont le pétrole a bénéficié», a indiqué Fawad Razaqzada, analyste chez City Index. Tout affaiblissement du dollar favorise les acheteurs de brut munis d'autres devises, les échanges étant libellés en billets verts, nous explique-t-on. Les prix du pétrole tentent, bon gré mal gré, de se maintenir au-dessus des 45 dollars. Le baril refuse de tomber de son piédestal. Il n'empêche qu'il aura tout de même laissé des plumes. «Les prix du pétrole ont fortement chuté (mardi) pour la seconde journée consécutive...Brent comme WTI avaient lâché approximativement 7% par rapport aux plus hauts sommets qu'ils ont atteint à la fin de la semaine dernière» indiquaient les analystes de Commerzbank. Quelles sont les raisons de cette baisse de régime? «Plusieurs facteurs combinés ont tiré les prix à la baisse, notamment le fait que le dollar se soit nettement repris après des commentaires de deux responsables d'antennes régionales de la Réserve fédérale américaine (Fed), mais aussi la forte chute des marchés boursiers, pointant vers une aversion au risque grandissant des investisseurs», expliquaient les experts du second groupe bancaire allemand. L'offre surabondante demeure cependant la cause essentielle qui peut compromettre l'ascension du baril. «Avec des niveaux de production au sein de l'Opep et hors Opep qui ne montrent toujours aucun signe de ralentissement et des preuves croissantes que la demande semble s'essouffler, la récente hausse des prix du pétrole pourrait bien prendre fin au profit d'une période de consolidation», soulignait Michael Hewson, analyste chez CMC Markets. Une situation qui pourrait s'avérer néfaste pour les cours de l'or noir d'autant plus que les chiffres fraîchement publiés des stocks américains ont fait apparaître une augmentation plus que celle attendue. «Lors de la semaine achevée, le 29 avril, les réserves commerciales de brut ont progressé de 2,8 millions de barils pour atteindre 543,4 millions de barils», indique le département américain de l'Energie. Elles établissent un nouveau record.3 Il faut remonter aux chiffres mensuels de 1929 pour retrouver un niveau semblable, fait-on remarquer. Un événement inattendu est venu prêter main forte aux prix du pétrole. Un incendie s'est déclaré en Alberta au Canada qui pourrait affecter la production canadienne. «On dirait que de grands groupes comme Suncor arrêtent leur production, faute de personnel et par mesure de précaution, donc on devrait voir un déclin de la production canadienne pour plusieurs jours et cela apporte un soutien», a déclaré John Kilduff. «Ce drame éclipsait, provisoirement du moins, les inquiétudes sur une possible nouvelle augmentation des stocks de brut aux Etats-Unis, qui viendrait confirmer le déséquilibre d'un marché désespérément excédentaire», a ajouté l'analyste de Again Capital. Il faut croire que le baril peut compter aussi sur ces coups du sort...