«Ne demandez jamais quelle est l'origine d'un homme; interrogez plutôt sa vie, son courage, ses qualités et vous saurez ce qu'il est. Si l'eau puisée dans une rivière est saine, agréable et douce, c'est qu'elle vient d'une source pure.» Abd El-Kader, 1860, dans L'émir Abd El-Kader, 1808-1883, paru chez Hachette L'une des attractions passée inaperçue durant le Festival du film arabe d'Oran c'est la présentation du documentaire L'Emir Abdelkader du réalisateur tunisien, Akram Adouani projeté dans le cadre de la compétition du Festival international d'Oran du film arabe (Fiofa), à la cinémathèque d'Oran. Le réalisateur a fait appel pour la production de son film à des éclairages d'historiens et chercheurs algériens, arabes et étrangers spécialisés dans l'histoire de l'Emir Abdelkader et a laissé une petite place à la famille du créateur de l'Etat algérien moderne, son petit-fils Djaâfar El Hosseini. C'est la deuxième fois qu'un réalisateur tunisien s'intéresse de près à une figure importante de l'histoire de l'Algérie. La première fois c'était Fethi Djouadi qui a réalisé un excellent biopic sur le président Boumediene produit par Al Jazeera documentaire. Le film qui retraçait la vie du président algérien a été projeté à Alger durant les Journées cinématographiques d'Alger et a reçu un accueil favorable au point que le film fut projeté dans la ville natale de Boumediene à Guelma, en présence du réalisateur tunisien. Et pourtant c'est là-bas que les forces de sécurité avaient interpellé le caméraman et le réalisateur tunisiens alors qu'ils étaient en train de prendre des images de la ville natale du Raïs pour illustrer leur documentaire. Aujourd'hui, c'est un autre réalisateur tunisien qui vient en Algérie pour nous conter notre histoire, filmer nos figures historiques et surtout imposer un point de vue qui n'est pas algérien. Au-delà de la qualité artistique qui est formidable, c'est l'intention qui étonne et épate. Pourquoi les techniciens tunisiens s'intéressent tant à notre histoire et à nos figures révolutionnaires? Au moment où le ministère des Moudjahidine déploie des moyens colossaux pour faire connaître notre histoire et nos révolutionnaires, aucun des films produits par l'Algérie n'a passé la frontière algérienne et n'a connu la gloire dans les festivals comme le film La bataille d'Alger, ou encore L'Opium et le bâton ou Chronique des années de braise. Pis encore ce sont des producteurs étrangers qui réussissent là où nous avons échoué, où nous avons chuté: faire la promotion de notre histoire et de nos héros à l'international. Après la projection de ce documentaire, il est clair que la situation du cinéma algérien actuelle risque de perpétuer cette absence de création de la part des réalisateurs algériens. [email protected]