L'Algérie est membre fondateur de l'UA et du Nepad Une fois entré dans la bergerie africaine, le renard marocain pourra s'en donner à coeur joie, puis peaufiner sa stratégie en rassemblant le quorum nécessaire à une remise en cause des statuts même de l'UA dont il n'est pas, rappelons-le, un membre fondateur, contrairement à la Rasd. Le sommet Afrique-France qui vient de s'achever à Bamako, au Mali, a revêtu une importance particulière, ne serait-ce que parce qu'il a permis de faire le point sur les sujets cruciaux qui vont être abordés à la fin du mois courant dans le cadre du Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine à Addis-Abeba. Lors de cette rencontre qui pourrait avoir des répercussions dramatiques pour diverses raisons, les participants auront à débattre de deux points cruciaux à l'ordre du jour: la demande d'adhésion du Maroc à l'UA et l'élection du nouveau président de l'organisation ainsi que de tous ses conseillers. Nul doute que depuis plusieurs semaines Rabat est en train de sensibiliser toutes les capitales susceptibles d'adhérer à son point de vue et de soutenir sa candidature. Le roi Mohammed VI qui a pris son bâton de pèlerin a visité plusieurs pays dans ce but, promettant monts et merveilles à ceux qui ne lui sont pas farouchement acquis. Les autres, tous les autres, et ils sont connus, en Afrique comme en Europe et au Proche-Orient, viendront appuyer cette stratégie, développant leur propre argumentaire pour obtenir le retour dans les rangs de l'organisation panafricaine de leur royal ami. Le problème est simple, un retour du Maroc au sein de l'UA signifie, à plus ou moins brève échéance, une remise en cause de la légitimité de la Rasd au sein même de l'organisation. Car il serait illusoire de croire que Rabat va s'arrêter à la seule satisfaction de retrouver son fauteuil, qui plus est aux côtés d'une République sahraouie dont le Maroc continue à nier, coûte que coûte, la réalité. Une fois entré dans la bergerie africaine, le renard marocain pourra s'en donner à coeur joie, puis peaufiner sa stratégie en rassemblant le quorum nécessaire à une remise en cause des statuts même de l'UA dont il n'est pas, rappelons-le, un membre fondateur, contrairement à la Rasd.Et pour peu que cette tactique aboutisse, le revers serait terrible pour notre diplomatie et pour notre pays, avec des conséquences insoupçonnables en ce qui concerne les instances onusiennes jusque-là ancrées dans le sillage des résolutions de l'UA. Plus qu'un défi, la candidature marocaine est donc, qu'on le veuille ou pas, un enjeu d'une extrême importance avec des répercussions intérieures et extérieures pour l'Algérie qui ne peut en aucun cas sous-estimer la question. Certes, d'autres thèmes comme la menace terroriste, la tragédie des migrants, la contrebande et son corollaire le trafic d'armes qui grève lourdement le développement de plusieurs pays, voire plusieurs régions du continent, seront abordés, avec la satisfaction de savoir que l'expérience algérienne, souvent saluée et reconnue, aura droit de cité. Cela n'empêche, le Maroc qui se saisit de toutes les opportunités comme ce fut le cas ces jours derniers avec le sommet de Bamako, aura déjà gagné en partie son pari de perturber la sérénité qui a longtemps prévalu dans les rangées du siège de l'UA, à Addis-Abeba. Et rien ne dit que ses sorties apparemment hasardeuses n'auront pas, contre toute attente, un impact désastreux sur les résultats de l'élection du futur président de l'UA et de ses conseillers, Rabat ayant fait de la Commission de l'UA une véritable obsession du fait même de sa respectable impartialité et de son respect pour les principes qui fondent l'organisation panafricaine. Tout cela pour dire qu'il reste quelques jours à peine pour la diplomatie algérienne afin de coordonner ses efforts avec les pays frères et de préserver, par-là même, le poids politique acquis au prix de grands efforts et de lourds sacrifices au cours des dernières années. Il est en effet impératif que la délégation algérienne arrive à Addis-Abeba dans les meilleures conditions, faute d'y trouver les meilleures certitudes. A cet égard, il n'est pas banal que le rôle de l'Algérie au Mali ait été plébiscité par tous les participants au sommet Afrique-France et les efforts entrepris, peut-être tardivement, au plan économique méritent également de mobiliser les énergies car l'Algérie, il ne faut pas l'oublier, est aussi membre fondateur du Nepad et a toujours cru dans le destin d'une Afrique prospère, solidaire et émancipée, pour le bien-être de ses peuples et le triomphe des idéaux de ses pères fondateurs. Hommage à l'Algérie pour ses efforts contre l'extrémisme et le terrorisme La déclaration finale du sommet Afrique-France adoptée samedi à Bamako a rendu un hommage à l'Algérie pour ses efforts destinés à lutter contre l'extrémisme et le terrorisme, saluant également l'initiative algérienne d'organiser en mai 2017 une conférence internationale sur «le rôle déterminant de la réconciliation nationale dans ce domaine». «Les chefs d'Etat et de gouvernement ont pris note, avec satisfaction, des efforts déployés par l'Algérie en faveur du renforcement de la lutte régionale et internationale contre l'extrémisme violent et le terrorisme», souligne le texte de la déclaration. Les participants au sommet ont, par la même occasion, «pris note avec intérêt de la décision de l'Algérie d'organiser durant le printemps 2017 une nouvelle conférence internationale consacrée au rôle déterminant de la réconciliation nationale dans ce domaine», lit-on dans le document. Les chefs d'Etat et de gouvernement ont également souligné l'«importance des travaux sur les politiques de déradicalisation des réseaux sociaux et d'Internet ainsi que sur la démocratie et l'Etat de droit dans la lutte contre l'extrémisme violent et le terrorisme». En outre, face au péril que constituent la radicalisation et l'extrémisme violent pour la sécurité et la stabilité, ils ont appelé à une «plus grande coopération régionale et internationale dans la lutte contre ces phénomènes».