Ghaza: des spécialistes en communication dénoncent la "désinformation manipulatrice" de la presse occidentale    Le 9e Festival national de la création féminine du 9 au 17 mai à Alger    Merad appelle depuis Khenchela à l'intensification des efforts pour protéger les forêts contre les incendies    Signature d'un mémorandum d'entente pour la commercialisation des produits d'ACS en Mauritanie    Agression sioniste contre Ghaza: l'UE appelle à un cessez-le-feu immédiat    Ghaza: le bilan de l'agression sioniste s'élève à 34.735 martyrs    Arkab reçoit le Vice-président exécutif du groupe énergétique norvégien "Equinor"    Espagne: le Maroc fustigé pour non-coopération dans la lutte contre le trafic de drogue    Installation d'un nouveau DG à la tête de l'Organisme national de contrôle technique des travaux publics    La révolution des nouvelles technologies de l'information au sein d'un monde super-médiatisé et le rôle du journaliste et de l'intellectuel    Répression Comment le système judiciaire esclavagiste américain renfloue les caisses des oligarques    « Ils menacent d'envahir Rafah, nous leur promettons l'échec et la défaite »    Une manifestation à Paris prônant la fin de l'agression israélienne    Ligue 1 Mobilis : Les présidents de clubs souhaitent un aménagement équilibré du calendrier    Abdelhak Benchikha de retour, et des interrogations    Coupe d'Algérie 2023-2024 : les résultats complets des finales    «Pour des produits adaptés aux besoins des citoyens»    Belkacem Sahli réitère son intention de prendre part aux présidentielles du 7 septembre    «Je suis une femme de terrain pas des réseaux sociaux»    Déplacements périodiques et inspection des projets    Enfin un toit pour 4.122 familles    Recensement de l'agriculture à Mostaganem Réunion de préparation avant le jour «J»    Le Zimbabwe accueillera le premier Forum de l'ONU    La Lune, ses influences, son pouvoir magique…    Décès du journaliste Abdelhalim Atik : la Direction générale de la communication à la Présidence de la République présente ses condoléances    "Médias algériens: Réalité et Perspectives", thème d'une Conférence du RND    Protection civile : la coopération avec la Tunisie " doit être appliquée davantage sur le terrain "    L'ANR appelle à une forte participation aux présidentielles du 7 septembre prochain    Le sommet de l'OCI félicite l'Algérie pour l'inauguration de Djamaâ El-Djazaïr    Natation/Championnats d'Afrique Open: l'Algérie décroche six nouvelles médailles, dont trois en or    Sétif: une pléiade d'artistes et de réalisateurs à l'ouverture des Journées internationales du cinéma    Le wali honore la presse locale    A Monsieur le président de la République    Recueillement à la mémoire des martyrs de l'attentat terroriste de l'OAS du 2 mai 1962    Grand prix de cyclisme de la ville d'Oran : Nassim Saïdi remporte la 28e édition    AG Ordinaire du Comité olympique et sportif algérien : adoption des bilans et amendement des statuts    La protesta estudiantine occidentale face aux lobbies sionistes.    Megaprojet de ferme d'Adrar : « elmal ou Etfer3ine »    ALORS, MESSIEURS LES DIRIGEANTS OCCIDENTAUX : NE POUVEZ-VOUS TOUJOURS PAS VOIR LES SIGNES ANNONCIATEURS DUN GENOCIDE A GAZA ?    Témoignage. Printemps Amazigh. Avril 80    Le Président Tebboune va-t-il briguer un second mandat ?    L'imagination au pouvoir.    Le diktat des autodidactes    Prise de Position : Solidarité avec l'entraîneur Belmadi malgré l'échec    Ils revendiquent la régularisation de la Pension complémentaire de retraite: Sit-in des mutualistes de la Sonatrach devant le siège Aval    Coupe d'afrique des nations - Equipe Nationale : L'Angola en ligne de mire    Suite à la rumeur faisant état de 5 décès pour manque d'oxygène: L'EHU dément et installe une cellule de crise    Pôle urbain Ahmed Zabana: Ouverture prochaine d'une classe pour enfants trisomiques    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Le principe de la consultation publique
ISLAM
Publié dans L'Expression le 12 - 04 - 2005

L'Islam considère les musulmans comme formant une nation au sens moderne du terme «Etat».
A cet égard, il les a distingués par des caractéristiques et des éléments constitutifs spécifiques qui furent à l'origine de la grandeur, de la gloire et de la puissance par lesquels s'est toujours distingué l'Etat islamique. Les plus importants de ces éléments constitutifs sont: la fraternité religieuse, la solidarité sociale et la consultation ou «Shoura».
En ce qui concerne la consultation, elle reste un devoir sacré, consacré par le Verset 159 de la Sourate dite «la famille d'Imrân» qui stipule: «C'est par quelque miséricorde de la part d'Allah que Tu a été si clément envers eux ! Et si Tu étais rude, au coeur dur, il se seraient alors, enfuis de Ton entourage. Pardonne-leur donc, et implore pour eux le Pardon (d'Allah). Et consulte-les à propos des affaires ; puis une fois que Tu T'es décidé, confie-Toi donc à Dieu, Allah aime en vérité, ceux qui se confient à Lui.»
Il importe de souligner qu'au cours de l'histoire, le principe de la consultation n'avait pas été respecté par des Califes. Les différents pouvoirs traditionnels, par la non-observance de cette injonction coranique et d'ailleurs, pour des raisons diverses, avaient introduit, ipso facto, l'arbitraire dans leurs régimes politiques. Cela revient à porter atteinte à un important principe immuable de la philosophie politique qu'est la Shoura, énoncé par le Livre sacré et appliqué rigoureusement par le Prophète, de Son vivant. Il demandait toujours l'avis de Ses compagnons pour tout ce qui intéresse le commun des mortels dans la gestion des affaires ici-bas et qui ne nécessite guère l'intervention de la Révélation divine. Ainsi, Le Messager de Dieu, Salut Divin Sur Lui, ne manquait jamais de se conformer aux avis judicieux de son noble entourage, souvent en des moments très critiques telles les batailles de Badr, de Ohoud, de Hunein, etc. Vient ensuite, la prescription du Seigneur apportant des éclaircissements appropriés sur la question débattue ou des orientations infirmant la position des humains ou la confirmant.
En Islam, la consultation est bien entendu, un des fondements de l'organisation politique. C'est ainsi que tout responsable appartenant à une hiérarchie sociale déterminée se doit de consulter ses collaborateurs et de recueillir leurs opinions sur la base d'une autocritique rationnelle, avant d'entreprendre une action quelconque à caractère temporel ou spirituel.
En matière judiciaire, la règle de la consultation est également en vigueur. Les juges, entourés de conseillers choisis par eux ou désignés par l'Etat, recourent à cette procédure lorsqu'il s'agit d'éclairer un point de droit, en vue de toucher les cas litigieux. Selon le rite malikite, la Shoura est érigée en obligation.
La consultation
En effet, la Shoura n'est pas un devoir qui se limite aux seules institutions politiques et judiciaires. Elle s'applique dans la vie quotidienne, c'est-à-dire dans les rapports des croyants entre eux. En se consultant mutuellement, ils parviennent mieux à cerner la décision à prendre et à l'affermir, et partant, à faire convenablement le bien, à fuir le mal et s'interdire le blâmable, comme le soulignent maints versets coraniques.
La consultation est donc, un procédé en mesure d'aider, en toutes circonstances, à entreprendre rapidement une action, tout en évitant de tomber dans des erreurs grossières souvent incorrigibles. Elle est effectivement un signe de sagesse, comme l'affirme le Calife Ali, Ibn Abi Taleb, que Dieu agrée son âme: «Pas de conseil, pas de sagesse»; et avant lui, notre Prophète avec plus d'éloquence, qui affirme: «Fort éloigné du bien tout groupement qui ne se consulte pas et fort éloigné du bien également tous ceux qui refusent de se soumettre aux conseils de leurs frères.»
La consultation est également un moyen de contrôle exercé par les croyants sur l'autorité. La pratique de cette procédure permet de situer les abus, de redresser les torts et de battre en brèche toute forme d'oppression. Le Prophète disait bien de prêter assistance à son frère même s'il est oppresseur en lui indiquant courageusement les actes injustes qu'il commet et la manière de les corriger.
L'Islam est une authentique démocratie, une démocratie véritable et absolue et non une démocratie à sens unique qu'on exporte ça et là et qu'on impose par la force. Il a assuré aux hommes tous les moyens susceptibles de réaliser une vraie démocratie en permettant au peuple de participer aux décisions politiques le concernant, et en évitant à ceux qui gouvernent de monopoliser le pouvoir et de sombrer dans la tyrannie. C'est la devise sacrée «par le peuple et pour le peuple»: le gouverneur est responsable devant son peuple qu'il doit mener vers les voies du progrès et du salut, le peuple, quant à lui, doit confiance et obéissance à son gouverneur dont il reste le meilleur ami conseiller.
Pour juger de la haute estime accordée et reconnue par les contemporains étrangers aux institutions islamiques, il suffit de se rappeler que Sa Majesté le Roi Henri III d'Angleterre avait envoyé en Turquie, une délégation officielle pour étudier dans ses moindres détails, la justice ottomane, alors entièrement islamique, à l'effet de réviser le système anglais du temps du «Califat»..
Le droit et le devoir de consulter s'inscrivent dans le cadre des principes généraux de droit et de morale, consignés dans le Saint Coran et des pratiques et traditions du Prophète Mohammed, -Salut Divin Sur Lui-, le tout constituant la loi suprême en Islam à laquelle est soumise l'ensemble de la communauté islamique, y compris le chef de l'Etat. Tous sont chargés, chacun en ce qui le concerne, chacun selon ses capacités, de l'application de cette loi dans l'intérêt du peuple et de la nation.
Le droit et le devoir
Cette communauté est administrée par un chef suprême, élu par l'ensemble de la population, possédant une grande intelligence, un caractère impartial, une mémoire féconde, l'éloquence adéquate, le goût de l'étude, la force de persuasion, la tempérance, la capacité de surmonter des obstacles avec courage et intégrité, l'amour de la justice, l'obstination sans faiblesse et la fermeté dans l'accomplissement du bien, etc. Si l'on ne trouve pas toutes ces qualités dans une seule personne, on recherche deux, trois ou plusieurs personnes qui réunissent ensemble les qualités requises du chef et auxquelles on confiera le gouvernement. Ce serait alors un gouvernement de type collégial. Nul souverain temporel n'est autorisé à exercer un pouvoir personnel. De même, il ne serait plus en mesure de se faire obéir, si dans les décisions qu'il publie, et par sa conduite, il ne se conforme pas lui-même à cette obligation d'équité, unissant l'ensemble des musulmans. Telle est la recommandation de notre Prophète, lui-même, rapportée par le célèbre jurisconsulte Ibn Taimya à savoir: «Nul n'est tenu d'obéir à un ordre qui le ferait désobéir à Dieu.»
Le devoir de consulter est placé à la hauteur du devoir de la prière et d'un devoir non moins important qui est le devoir de pardonner à son prochain. Le Saint Coran, dans le Verset 38 de la Sourate dite «Shoura», rend vivement hommage à ceux qui érigent la consultation dans leur vie courante en un rite cultuel, comme suit : «Ceux qui ont répondu à l'appel de leur Seigneur, pratiqué scrupuleusement la prière, ceux dont toutes les décisions naissent de leur consultation mutuelle et qui dépensent (au service de Dieu) de ce que nous leur avons accordé.»
Il s'agit à juste titre, du principe institué par le Saint Coran, demandant ardemment à ses fidèles de se concerter dans la gestion des affaires intéressant la communauté. Ce principe, d'essence démocratique, fut observé à l'aube de la communauté islamique par notre glorieux Prophète et les quatre premiers califes orthodoxes, que Dieu agrée leur âme.
C'est ainsi que le Calife Omar- que Dieu agrée son âme- donna au rassemblement populaire un aspect administratif des plus salutaires ; ce fut pour lui, la session de la cour d'appel suprême contre ses gouverneurs et ses commandants, et aussi l'occasion d'une consultation publique pour d'importantes mesures envisagées. A rappeler que dans l'Islam, le sacré et le profane, le spirituel et le temporel vivent en coexistence, et même, en collaboration harmonieuse. Ensuite, ce fut le triomphe du pouvoir plus ou moins absolu des dynasties, tel que l'avait prédit le Prophète auparavant, Salut Divin Sur Lui.
La «Shoura» est à base de fraternité humaine. Cette fraternité en Dieu que le Saint Coran a instituée entre les fidèles, et qui s'impose au vrai musulman, comme élément inaliénable de foi. C'est au nom de cette fraternité, d'essence à la fois spirituelle et humaine, que tout musulman a le devoir absolu de donner ses avis éclairés, touchant les grands problèmes, relatifs à l'avenir de la communauté. C'est au nom de cette fraternité que les chefs se doivent de s'entourer de conseillers compétents, de recourir à des consultations fréquentes et fructueuses ; ce qui revient, en fait, à instituer une vraie démocratie, celle où seuls, les meilleurs, les plus dévoués, les plus qualifiés, les plus vertueux décident du sort de leurs semblables.
Cette démocratie islamique a vu sa réalisation concrète à Médine, sous le gouvernement et le noble éclairage du Prophète et, plus tard, sous la guidance des quatre premiers califes orthodoxes- que Dieu agrée leur âme-, Ses successeurs immédiats, jusqu'au moment où vint l'époque du pouvoir absolu des dynasties. Les juristes d'alors, face aux influences byzantines, en matière juridique et politique, construisirent pour leurs maîtres, une théorie légitimant leur pouvoir, quand bien même à l'encontre de l'esprit et de la lettre des principes fondamentaux de l'Islam et au détriment de la communauté islamique, fondée d'ailleurs sur la devise diabolique: «La fin justifie les moyens» et sur laquelle se fondent de nos jours, et chaque jour davantage, les aspirations des sionistes.
Ils ont ainsi permis au Calife d'étendre son pouvoir sans limites, sur la terre, les biens et les hommes. Considéré comme infaillible, celui-ci n'était pas responsable devant son peuple réduit purement et simplement à un groupement d'individus devant écouter et obéir. Il échappait ainsi aux risques éventuels de destitution. C'est le cas de certains de nos contemporains qui élisent leurs présidents à vie, et même s'il vient à mourir, le fils héritera évidemment de ce trône. Or, ces théories demeurent en contradiction flagrante et totale avec la lettre du Saint Coran et l'esprit de l'Islam.
En décrétant le principe de la consultation comme obligatoire, l'Islam a mis fin aux méfaits de cet ennemi de l'humanité vertueuse qu'est le despotisme, c'est-à-dire le pouvoir absolu et la dictature de la pensée unique, de même que le monopole en matière de législation et de conduite des affaires de la communauté. Dans cette optique, l'Islam a assuré à l'individu sa liberté de conscience et sa dignité et à la communauté son droit naturel à gérer ses affaires comme bon lui semble, sans porter atteinte aux valeurs dogmatiques et morales.
En mettant la «consultation» entre deux obligations cultuelles que sont: la prière et les dépenses au service de Dieu - ce qui revêt en soi, une grande importance - le Saint Coran n'entend nullement lui donner cette image comique qui nous parvient du passé, sur le comportement despotique de tyrans lesquels utilisèrent ce principe comme paravent pour cacher leur tyrannie maladive et leur volonté d'usurper les droits des gens, à l'exception de certaines époques illuminées qui brillèrent par la justice et l'égalité telle l'époque du cinquième Calife, le Valeureux Umar Ibn Abdel Aziz de la dynastie des Omeyyades, qui, en moins de trois années de règne, élimina toute forme de misère et fit sortir son peuple vers les voies du salut.
La prière et les dépenses
C'est le cas également de l'époque embellie par le Chevalier d'honneur Saladin de la dynastie des Beni Ayoub, qui réussit, par sa foi d'acier et son esprit populaire et très épanoui, à purifier l'enceinte bénie du Temple sacré de Bethléem des souillures des croisades et faire régner, en un laps de temps, un climat de justice et de fraternité, entre tous les citoyens, minorités chrétiennes comprises. De son vivant, il fit ériger la consultation en un acte cultuel et un devoir que tous le monde se doit d'observer ; et d'ailleurs, le grand jurisconsulte Ibn Assakir fut l'un des proches conseillers de Saladin, sans omettre le grand mystique Cheikh sidi Abi Médyen, défunt de Tlemcen, qui fut l'un des Valeureux combattants aux côtés de l'Emir Saladin, que notre Seigneur les accueille, tous, ainsi que tous les martyrs du devoir, tombés au champ d'honneur, auprès de Ses siens, dans les demeures de Sa Grâce éternelle.
Ainsi le Saint Coran entend-il donner à ce principe, son véritable sens comme il le fait pour la prière et les dépenses au service de Dieu. Il veut que ce principe soit concrétisé sur le terrain, avec ses effets bienfaisants et dépourvus de tout facteur de trouble.
L'Islam a toujours flétri l'imitation aveugle et les imitateurs ainsi que ceux qui suivent leurs penchants. Pour lui, la démonstration et la logique doivent être à la base de la foi et de la législation.
Dès lors, il ne pouvait ignorer ou délaisser ce principe naturel de la vie qu'est la «consultation», par rapport aux fondements du pouvoir ou le considérer comme un simple «acte louable facultatif», destiné seulement, à unir les coeurs en désaccord et calmer les esprits tendus, sans qu'il ne soit pour autant, appliqué dans la vie courante, comme le désirent les monarques despotiques de tous les âges et de tous les temps. L'Islam ne pouvait, également, accepter ce principe de la Shoura, en tant que «fausse image» de la consultation, au moyen duquel les tyrans justifièrent leur tyrannie.
Non, l'Islam considère le principe de la consultation comme une chose immuable et constante, obligatoire pour toute la communauté, laquelle doit s'en servir avec force, et ne jamais s'en départir, sous peine de commettre un péché, comme il le considère telle une réalité évidente et pratique, devant avoir ses prolongements au sein du pouvoir et de la politique de la communauté.
Ainsi donc, la consultation qui s'impose par la logique du plus grand nombre ou par le moyen de la corruption et de la terreur n'a aucune valeur aux yeux de notre Seigneur, Gloire à Lui Seul. Il en va de même pour la consultation qui fait du citoyen un élément nuisible ou du corrompu, un chef qui préside aux destinées de la Nation ; de même que pour celle qui ne permet pas aux hommes sincères de lutter contre les méfaits des corrompus et des dépravés ou pour celle qui permet aux hypocrites, de prendre l'apparence de gens honnêtes et sincères et de cacher au gouverneur loyal et juste, les prémices du mal et de la corruption.
L'Islam a établi le principe de la consultation afin qu'il soit appliqué dans tous les domaines de la vie. Et c'est ainsi qu'avait agi notre Vénéré Prophète Salut Divin Sur Lui, et les deux califes qui lui ont succédé. En fait, ce principe avait eu, dans le giron de l'Islam, un grand rôle qui a révélé combien l'Islam a insisté sur la liberté et le droit de l'homme à donner son avis et à participer avec ceux qui détiennent le droit de consultation aux affaires de la communauté dans la mesure où cela ne touche pas un des fondements de la foi ou du culte.
Dans la Sourate dite «Les femmes» Dieu énonce, à l'intention des croyants, les différentes sources auxquelles ils sont tenus de se conformer en matière de jugement, de règlement et de prescriptions. «Ô les croyants ! Obéissez à Dieu, obéissez au Messager et à ceux d'entre vous qui détiennent le pouvoir.» (Verset 59).
Si l'obéissance à Dieu est de se conformer à ce que contient Son Livre évident qui ne peut admettre de discussion, et si l'obéissance au Messager consiste à suivre sa voie, «les détenteurs du pouvoir», eux, sont les gens de la recherche spéculative auxquels la communauté reconnaît les aptitudes à étudier les questions qui l'intéressent et à en tirer ce qui peut lui être bénéfique et utile. Leur obéissance consiste donc, à suivre ce qu'ils ont décidé, après accord unanime de leur part, sur une question sujette à la recherche et à l'interprétation ou après avoir donné la préférence à un avis qu'ils jugent plus conforme à la réalité pour sa justesse ou par le moyen de la majorité.
Nul doute que les affaires de la communauté sont variées en fonction des besoins de la vie et que Dieu a donné aux hommes des aptitudes de perception, chacun en un domaine précis. A cet égard, chaque aspect de la vie devient le domaine de prédilection d'hommes de science et de connaissance, c'est-à-dire de spécialistes, connaissant à fond leur mission dans leur domaine respectif.
C'est ainsi que la communauté a besoin d'être défendue et, à ce titre, elle requiert des moyens de défense de son intégrité territoriale. Elle a aussi besoin d'une justice pour régler les litiges et trancher dans les contentieux. Elle a besoin de finances et d'économie, de politique extérieure et d'autres domaines. Chacun de ces domaines exige la disponibilité de gens réputés pour leur bon sens, leur sagesse, leur longue expérience et leurs compétences. Ces gens-là sont les «détenteurs du pouvoir au sein de la communauté».Cette dernière doit les connaître, grâce à leur parcours intellectuel et leur accorder sa confiance, en leur déléguant en son nom, le pouvoir de gérer et de légiférer dans ses affaires. Ces gens-là, sont, aux yeux de l'Islam, le meilleur moyen et aussi le plus constant, possédant la faculté et la mesure de faire connaître à la communauté, la manière de gérer ses affaires, bien entendu, là où il n'y a pas de texte formel, issu de la Révélation. Il sont, enfin des «gens de consensus», dont l'accord constitue un «argument» auquel il faut souscrire et qu'il faut appliquer du fait que cet accord collégial, vise avant toute considération, l'intérêt de la communauté entière, y compris les minorités citoyennes, de confession différente.
Les détenteurs du pouvoir
Il en sera ainsi jusqu'à ce que les circonstances exigent d'eux ou de ceux qui viendront après eux, la révision, voire même l'abrogation de ce qu'ils ont légiféré auparavant et ce, à la lumière de nouvelles données. Quant à la communauté, celle-ci est tenue de s'y soumettre dans les deux cas, en vertu de ce que son Seigneur, Allah l'Omnipotent, lui a ordonné d'obéir à Ses commandements.
N'est-ce pas Lui qui, dans Sa Miséricorde, a cautionné l'avis des détenteurs du pouvoir comme faisant autorité, là où il n'y a pas de références dans le Livre Saint ou dans la Sunna du Messager, Salut Divin Sur Lui? Dieu a mis ces trois sources, chacune dans sa sphère respective, à égalité, en ce qui concerne l'obligation de s'y soumettre et de souscrire à leurs prescriptions.
A la lumière de ce qui précède, il ressort que les détenteurs du pouvoir auxquels les croyants sont tenus d'obéir ne sont pas forcément les dirigeants politiques et les gouverneurs quel que soit leur rang. C'est d'ailleurs, cette mauvaise interprétation du rôle de la consultation par les musulmans en certaines époques, qui a permis à des tyrans de mettre sous leur joug la communauté entière.
En outre les «détenteurs du pouvoir» ne sont pas aussi particulièrement ceux qu'on appelle, dans la jurisprudence islamique, «les jurisconsultes et les savants au jugement indépendant» dont il est exigé un niveau supérieur en matière de connaissance des sciences de la langue, du Saint Coran et de la Sunna (Traditions du Prophète) et surtout un examen continu de la conscience. Ces gens-là, avec tout le respect que nous leur devons, ne dépassent pas, dans leurs connaissances, ces domaines et restent encore insuffisamment informés des autres activités de vie, comme les affaires de paix ou de guerre, de la médecine, de l'agriculture, de l'économie, de l'industrie, de l'administration, de la politique, etc. Car l'on ne peut guère être spécialiste en tout.
En effet, ces gens-là, à l'instar des autres ont, certainement une branche d'activité particulière, dans laquelle ils excellent et où ils sont spécialisés et font autorité. Cette branche d'activité est celle qui a trait à la législation publique en matière de licite et d'illicite dans le cadre tracé par le Saint Coran.
Ce que les musulmans devraient revendiquer aujourd'hui, n'est pas une nouvelle version du gouvernement islamique des califes orthodoxes, mais une autre forme de gouvernement qui, au lieu de se servir de l'Islam pour assouvir ses besoins qui ne finissent jamais, se mette à son service; oui, un gouvernement fondé sur les réalités et non sur les slogans démagogiques, un gouvernement fondé sur la justice et les valeurs humaines. Il ne peut être qu'un gouvernement civil émanant du peuple et oeuvrant dans l'intérêt de tous, sans exclusion et sans discrimination.
Ce gouvernement devra porter toute son attention sur l'éducation, la culture, l'exploitation optimale de toutes les énergies du pays, la distribution équitable des richesses entre l'ensemble des citoyens, de telle sorte que chacun vive décemment, en toute quiétude et sécurité, au moyen de la mise à bas des fléaux sociaux tels le chômage, les vices, la maladie, par la mise en valeur des ressources humaines et naturelles, par le développement de la recherche scientifique dans tous les domaines vitaux, par la revalorisation des arts, sports et loisirs, par une parfaite connaissance de l'histoire de notre civilisation ancestrale, dont les générations montantes se doivent d'apprendre et d'apprécier.
Ce gouvernement qu'on choisirait ainsi, encouragera la compréhension mutuelle et la coopération, le travail et la planification, le sacrifice et la réussite. Il comprendra l'Islam, en tant que miséricorde et non en tant que menace, et le présentera à l'humanité comme une voie vers Dieu et vers le progrès. Il ouvrira l'Islam à chaque être humain et chaque être humain à l'Islam, devenant ainsi, le noyau d'un nouveau gouvernement mondial qui embrassera toute l'humanité dont l'homme restera le noyau central avec ses forces d'attraction et de répulsion, ses liaisons intimes entre le corps et l'esprit et par conséquent, la richesse qu'on doit entretenir et promouvoir dans l'intérêt de tous.
Références bibliographiques
- L'Islam politique du Professeur Muhammed Saïd Al-Ashmawy
- L'Islam et les droits de l'homme, du professeur Mokhtar Aniba (ex-Ministre Plénipotentiaire).
- Dictionnaire élémentaire de l'Islam, du professeur Tahar Gaid.
- Initiation de l'Islam, du professeur Mohamed Hamidullah.
- Traduction du Coran, du professeur Sadek Mazigh.
- Islam, dogme et législation du Grand Immam Mahmoud Chaltût.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.