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Les riverains posent leurs conditions
REOUVERTURE DES FRONTIÈRES OUEST
Publié dans L'Expression le 20 - 04 - 2005

«Il faut d'abord protéger notre économie des prédateurs.»
Après le carburant, les matériaux de construction, le cheptel, la farine, le lait (liquide et en poudre),les oeufs, le cuivre, les métaux , les pièces de rechange d'automobiles, le pain et autres produits, le tour est venu pour les vaches et les boeufs d'être expédiés au-delà des frontières algériennes. Ce phénomène, remarqué ces derniers jours tout le long de la bande frontalière algéro-marocaine, prend de l'ampleur. Tous les habitants de la région savent que les contrebandiers débordent d'imagination et ont plus d'un tour dans leur sac. Ils ont cette capacité à user de tous les subterfuges pour ne pas rester sans le sou. Rien ne les arrête même pas le risque d'être arrêtés par les «Mkhaznia» les douaniers ou les éléments des GGF algériens. Il y a quelques jours, nous dit-on, un jeune de la région de Maghnia avait été blessé par balles tirées par un élément des services de sécurité marocains. Mais cet incident n'a pas refroidi outre mesure les autres téméraires qui continuent de franchir allègrement la frontière. Un peu partout dans les villages qui longent la frontière, des personnes s'improvisent éleveurs de vaches laitières. Mais en réalité, ces pseudo-éleveurs ne sont nul autre que des contrebandiers qui ont choisis cette couverture pour faire passer le bétail sans éveiller le moindre soupçon. Ils profitent des aides attribuées par l'Etat aux agriculteurs pour gagner un argent fou qu'ils amassent en versant dans la contrebande tous secteurs confondus. Un contrebandier ne s'embarrassera pas de scrupules pour dire qu'il a envoyé plusieurs vaches laitières au Maroc, un bétail acheté dans les régions steppiques. Voyage au tréfond d'un trafic devenu avec le temps une activité lucrative pour beaucoup de jeunes sans emploi de la bande frontalière. «Nous habitons une zone stratégique mais déshéritée et personne ne bouge le petit doigt pour nous venir en aide» se lamentent des jeunes de Betaïm, une localité frontalière rattachée à la commune de Maghnia. Ces derniers sont unanimes à dire que l'Etat devrait consentir de gros efforts pour rendre le sourire aux habitants de la région, aujourd'hui empêtrés dans un fatras inextricable de problèmes.
B'khata, El guetra, fait vivre son homme
Les associations sont montées elles aussi au créneau pour dénoncer la léthargie dans laquelle végète la région. Bekhata, Betaïm et M'samda, des localités qui effleurent la ville de Maghnia mais qui sombrent dans une profonde pauvreté dénoncée par leurs habitants qui n'hésitent plus à pointer un doigt accusateur en direction des élus et des autorités locales, responsables, selon les nombreux documents que nous détenons, d'une démission et d'une passivité qui maintiennent cette région du pays dans un état d'indigence chronique. «Les plans de développement sont gérés dans une totale opacité et les nombreux interdits décrétés par une administration ankylosée ne font que porter préjudice à la région qui recèle de nombreuses potentialités, notamment sur le plan agricole. Nous réclamons une enquête de la Cour des comptes car la situation est devenue catastrophique et la gestion de notre quotidien fait penser à une volonté délibérée de nous pousser à quitter nos terres» diront des responsables d'associations de B'khata. La localité de Boussedra Bkhata est une agglomération grise de poussière. Implantée à la périphérie de Maghnia, elle abrite plus de 5000 habitants qui travaillent pour la plupart la terre. Le visiteur est agressé par les odeurs nauséabondes qui se dégagent d'une grosse conduite d'eaux usées qui déverse un liquide vaseux et putride sur des cultures potagères. La localité, un dédale de maisons basses, donne l'impression d'être implantée en plein milieu d'une décharge publique. «Ici les éboueurs ne passent pour ainsi dire presque pas», avouent des citoyens en pointant du doigt les nombreux monceaux d'immondices jonchant le sol de chaque intersection de rues. Plusieurs jeunes se livrent à la contrebande en achetant au marché de Zouiya des fruits et légumes importés du Maroc. Ce lieu est devenu, dira un jeune, la Mecque de tous les «beznassa» du pays qui viennent s'y approvisionner en téléphones portables et autres appareils éléctroménagers. «La tendance est inversée depuis 2 ans, Zouiya alimente aujourd'hui le marché marocain, vous pourrez trouver même des baguettes de pain algérien. Les autorités algériennes contrôlent mieux les frontières, c'est ce qui explique le recours aux passeurs de cabas qui refont surface après la disparition des camions, constatée ces derniers temps», dira un jeune.
A B'khata, le chômage est une réalité vécue par des dizaines de jeunes qui disputent les espaces du village aux hordes de chiens errants. Poussiéreux, le village souffre d'un manque flagrant en eau potable, un habitant de la localité est catégorique. «Les robinets sont à sec depuis maintenant longtemps», dira-t-il. La raison de cette pénurie est due selon notre interlocuteur, aux fonçages illicites de puits réalisés par certains fellahs pour les besoins de leurs cultures. «Pis encore, certains fellahs possédant des cultures aux abords de la localité ont fait des piquages illicites sur la conduite d'AEP pour l'irrigation de leurs cultures. Leurs motopompes puissantes «aspirent» toute l'eau. Nous avons maintes fois dénoncé cet état de fait, mais les services de l'hydraulique n'ont jamais dépêché de brigade-contrôle pour faire cesser ce vol» dira ce citoyen.
Un autre citoyen dira que «50% de la population de Bkhata est atteinte de maladies chroniques dues à l'insalubrité des lieux. De nombreuses familles vivent dans des conditions très précaires», avouera-t-il. Récemment, dans le cadre de la création de moyens de divertissement pour la jeunesse de la localité, un centre culturel y a été construit. Equipé d'un baby-foot, d'une table de ping-pong et d'un micro-ordinateur, la structure aurait coûté les yeux de la tête. «Croyez-vous que cela aurait pu coûter 350 millions de centimes?» s'interrogent des habitants. Les jeunes n'ayant rien pour s'occuper trouvent dans le commerce informel un moyen pour gagner leur vie. «El guetra» (la goutte) où la contrebande de carburants est la source de revenus pour plusieurs familles. «Nous n'avons aucune usine pour nous employer et les rares artisans qui existent dans la région ne peuvent pas procurer un emploi pour les centaines de jeunes exclus du système scolaire. Le commerce du carburant, malgré ses risques, est la seule activité qui permet à son homme de vivre décemment», dira un jeune qui reconnaît l'illégalité de son «hobby».
Un mouroir nommé Bettaïm
Quelques encablures plus loin, se situe la localité de Bettaïm, une agglomération frontalière de 12.000 âmes. A vocation agricole, elle est réputée pour la production de pommes de terre. Aujourd'hui c'est une localité agonisante, le taux de toxicomanie parmi la population composée de près des deux tiers de jeunes, a dépassé un seuil alarmant, font savoir les représentants d'une association de quartier dans une correspondance adressée aux autorités. «Cette déchéance et cette descente aux enfers est en grande partie liée à la liste d'interdits qui pèsent sur la population» , nous fait savoir un représentant de l'association de quartier. Cette agglomération de 12.000 habitants ne possède ni bureau de poste, ni structures sportives, ni multiservices téléphoniques.
Avant les jeunes étaient employés aux travaux des champs, aujourd'hui des mesures «punitives» ont été prises par l'administration, notamment en ce qui concerne l'interdiction faite aux fellahs de foncer un puits sur son exploitation l'empêchant ainsi de la mettre en valeur. «Par ce procédé on l'accule ainsi à la faillite puis à l'abandon» diront nos interlocuteurs. Ironie du sort, même l'aide attribuée par l'Etat, dans le cadre des fonçages de puits et qui s'élève à près de 150 millions, est refusée aux fellahs pour défaut d'autorisation de fonçage, nous préciseront certains habitants .«On se demande vraiment si l'argent injecté dans le secteur de l'agriculture arrive bien à destination», nous lance d'un air interrogateur, un jeune licencié, originaire de la localité. Ici dans ce village, les jeunes quand ils ne partent pas à l'assaut de la frontière, commentent les exploits du club de football l'IR Maghnia engagé dans une course à l'accession en division 2. Depuis quelques jours, la mode est au commerce des agrumes importés du Maroc. «Les oranges achetées au marché de Zouiya, mêmes si elles n'égalent ni la qualité ni le goût des oranges locales, sont très prisées en raison de leurs prix par les consommateurs de la région», dira un jeune qui reconnaît faire le troc agrumes-carburants avec des contrebandiers marocains.
Plusieurs citoyens attendent depuis des années le branchement du gaz de ville alors que la conduite principale passe à quelques kilomètres de la localité. «L'APC s'obstine à ne pas vouloir nous délivrer les actes de propriété de nos maisons, on ne sait pour quelles raisons» Msamda, une autre localité frontalière située à quelques encablures de Beni Boussaïd, la Mecque de l'informel. La propreté des lieux est le fruit de l'association de quartier qui a réalisé un travail colossal. «Il n'y a pas si longtemps, cette cité croulait sous les ordures. Après l'arrivée de M. Laïdouni Med, plus connu sous le surnom de «l'émigré», un enfant de chahid, rentré définitivement à M'samda où il gère maintenant une exploitation agricole familiale tout a changé.» «C'est un fervent défenseur de l'environnement», nous dit-on. A son arrivée, la localité était dans un état de déchéance très avancé. «C'est sur son initiative et sur ses conseils que nous nous sommes mobilisés et ensemble, nous avons effectué la toilette de la cité, comme vous pouvez le constater», nous révèle un groupe d'habitants rencontrés sur notre chemin. Avec le concours et l'assistance de «l'émigré», les habitants ont totalement nettoyé la cité et le cimetière des immondices qui jonchaient les sols. Ils ont planté des arbres le long des rues et placé des vide-ordures dans toute la localité. La stèle des martyrs a été complètement remise en état. «Nous avons dû cotiser pour réaliser tous ces travaux. Devant les résultats obtenus, l'APC nous a doté de l'éclairage public et d'un lot de peinture. «L'opération d'embellissement de la localité de Msamda a entièrement été financée par l'APC», dira le maire pour contredire les propos des représentants de l'association de la localité qui sont formels: «Ce sont nos efforts et ceux de «l'émigré» qui sont à l'origine de cette transformation, les élus n'ont rien fait. Les factures en notre possession prouvent nos dires» disent-ils.
Les jeunes reconnaissent qu'ils versent dans le commerce informel et dans le trafic de carburants et de certains produits. «Nous ne sommes pas comme ceux qui vendent les vaches laitières aux bouchers marocains ou encore ceux qui pratiquent le trafic de carburants grâce à des motopompes installées sur la bande frontalière. Nous, ce sont des petites quantités qu'on vend juste pour ne pas mourir de faim» diront des jeunes rencontrés sur la place du village.
Plusieurs citoyens habitant les localités de la bande frontalière, estiment que la réouverture des frontières avec le Maroc, à l'heure actuelle, ne profitera qu'aux trafiquants des deux pays. «Le Président de la République a raison quand il dit que la réouverture doit se faire d'une manière réfléchie. Il existe des dizaines de barons de la contrebande des deux côtés de la frontière qui attendent cette aubaine pour curer l'économie algérienne. Le trabendo dans sa dimension actuelle est gérable, mais si par malheur les frontières venaient à s'ouvrir, l'économie nationale et le Trésor public subiront de grands préjudices» diront-ils, avant de préciser que «les réseaux mafieux de la contrebande ont ruiné les efforts de l'Etat pour relancer l'agriculture dans la région». Des milliers de plants d'arbres fruitiers ont été vendus au Maroc tout comme des vaches laitières et des équipements agricoles, c'est pourquoi «il faut une ouverture réfléchie au lieu de lever la barrière pour laisser tous les trafics proliférer», précisent-ils.


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