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8 ans de prison pour Bachir Frik
LE TRIBUNAL CRIMINEL D'ALGER REND SON VERDICT
Publié dans L'Expression le 27 - 04 - 2005

Pour Tayeb Chikh, Me Amine Sidhoum plaide le règlement de comptes, la machination montée de toutes pièces par Mokrani, l'ex-central d'Oran.
Le tribunal criminel d'Alger a condamné hier l'ex-wali d'Oran, Bachir Frik à 8 ans de réclusion criminelle assortie d'une amende de 500.000 DA. Le tribunal a également condamné l'ex-directeur de l'agence foncière communale d'Oran, Laoufi Tayeb à 8 ans de réclusion criminelle et une amende de 500.000 DA. L'ex-directeur de la direction des domaines, Hocine Balasse a été, quant à lui, condamné à 5 ans de prison assortie d'une amende de 200.000 DA par le même tribunal, alors que l'ex-directeur de l'Office de la promotion et de la gestion immobilière (Opgi) d'Oran, Chaabane Makhloufi a été condamné à 3 ans de réclusion criminelle en plus d'une amende de 100.000 DA. Le médecin, propriétaire d'une clinique privée à Oran, Abdelkader Bouarfa a été acquitté par le même tribunal. Ce septième et dernier jour du procès a été caractérisé par les plaidoieries.
Bataille juridique
Il est 16h 40 ce lundi, lorsque l'audience est subitement devenue prenante et percutante. Me Gouadni, ancien bâtonnier d'Oran, entre en scène pour défendre Tayeb Laoufi. De suite, l'avocat s'est dit ému en assistant aux larmes d'un wali, ce grand commis de l'Etat, jeté en pâture, tout mon client. Pour Bellas qui risque dix ans, Me Belamri que la lassitude n'a pas pu empêcher de plaider, car on ne joue pas avec la liberté des citoyens revient aux faits qu'il considère préfabriqués, surtout que l'accusé, un très grand cadre du ministère des Finances, est traîné dans la gadoue sans honte. «Que reproche-t-on à Bellas?», s'est offusqué le défenseur qui prend tout son temps pour décliner le parcours honorable de l'accusé dont les ennuis ont commencé en 2001 où il était invité à s'expliquer sur toutes les signatures des documents soumis sous l'autorité de M.Bachir Frik, alors wali d'Oran.
Puis, c'est le coup d'éclat, le délabrement moral du directeur des Domaines de la wilaya d'Oran. Il est soumis, selon l'avocat, à des pressions telles qu'il déclare tout ce que l'on veut entendre: «C'est une honte, ces pratiques sont dignes des périodes des colonels grecs, des généraux argentins. Les pressions! Un scandale», a encore déploré le conseil. Puis, il énumère les fameuses parcelles que tous les confrères ont soulevées, maudites, bousculées ; les cessions que Bellas a signées étaient régulières, dignes de travaux des services des Domaines où il n'existe aucune tradition de mauvais boulot ou de corruption, encore moins de dilapidation de fonds publics. L'avocat ajoutera, outre sa colère devant les poursuites, sa confiance en la justice, surtout celle du tribunal criminel d'Alger.
Il est 17h 30, SVP, alors qu'il reste cinq plaideurs avant que le tribunal criminel ne se retire pour délibérer. Benyoussef propose une pause de dix minutes avant de suivre les plaidoiries de Maîtres Boudriat et Bouchina Houcine, défenseur de Makhloufi, le directeur de l'Opgi d'Oran, poursuivi pour dilapidation de fonds publics et contre lequel dix ans de réclusion ont été requis. L'avocat s'oppose d'emblée à la demande de constitution de partie civile de Christian, ce pied-noir dont les parents, aujourd'hui décédés, avaient quitté Oran et l'Algérie depuis longtemps.
Ensuite il revient à l'occupation du logement de l'héritier du pied-noir par une famille algérienne sans trop s'étaler sur les détails. Abordant la dilapidation qu'il appelle gaspillage, Me Boudriat ne veut pas s'entêter à récuser cette accusation. Il décortique le mot : dilapidation. «Makhloufi a dilapidé quoi ? Il est gestionnaire de l'Opgi. Et cet organisme fait rentrer des dinars, des milliards. Comment l'accusé peut-il dilapider de l'argent qui entre dans les caisses et n'en ressort que pour être déposé «au chaud Trésor». L'article 119 doit être vu d'un oeil objectif et surtout logique. M. l'expert ne s'est pas du tout gêné pour spéculer sur une éventuelle revente d'un appartement en prenant le risque d'estimer les prix réels et spéculatifs», a récité le défenseur qui a demandé aux membres du tribunal criminel de réfléchir sur les milliers de cas de citoyens qui ont acquis des appartements à un prix abordable pour les revendre jusqu'à huit fois leur valeur initiale.
«Non. Makhloufi a été jeté dans la fosse aux lions avec des spectateurs excités, avides de scoops et de sensationnel. Libérez-le, laissez-le retourner chez lui, convaincu que la justice triomphe toujours dans notre pays, l'Algérie.»
Me Houcine Bouchina se jette à l'eau en annonçant, dès le début de sa plaidoirie, que Chabane Makhloufi n'a rien à voir avec l'accusation, s'appuyant sur la page 92 de l'arrêt de renvoi.
Puis il s'étonne comment son client s'est retrouvé dans un filet qu'il n'avait jamais pu imaginer. «Oui, il y a des dépassements dans le secteur du foncier, mais il y a aussi des dépassements dans l'application des lois», s'est offusqué le longiligne avocat.
Ensuite, reprenant l'itinéraire de l'accusé qui a travaillé à Oran avec Frik, Bedrissi et Mostefaï sans avoir quelque chose à se reprocher.
«D'où est tombée cette accusation?», s'est écrié le conseil avant de brandir une liste de pontes du pouvoir qui ont bénéficié qui d'un logement, qui d'un local, qui d'un lot de terrain, qui de passeports «Hadj». «Le temps, le manque de temps m'empêche de vous lire ces noms et vous seriez édifiés tous», a grondé le défenseur qui a révélé que Makhloufi est un bon gestionnaire puisqu'après l'abrogation de la loi permettant aux walis d'attribuer des logements, il a écrit à sa tutelle - le ministre de l'Habitat - pour s'opposer à l'attribution de logements que des militaires avaient réclamés. «Et c'est là où les problèmes ont débuté pour atterrir devant vous», grogne le conseil qui a affirmé qu'un directeur de l'Opgi n'est condamné qu'à réaliser des bénéfices. Les rapports entre lui et M.Frik étaient cordiaux, car c'est le wali qui lui a fait appel pour ses compétences. «Il n'y a pas un seul directeur de l'Opgi qui ne soit pas contrôlé par sa tutelle, et Makhloufi était bien noté», a dit Me Bouchina qui a demandé de répondre « non » à l'accusation et «non» à la condamnation.
A titre de comparaison, Me Bouchina a prié Benyoussef d'être patiente et de suivre ce qui va édifier le tribunal criminel. «Makhloufi a fait l'objet d'une plainte en 2001 ? Non, non, non, c'était Bachir Frik. Mais alors, que s'est-il passé avec Makhloufi? Muté à Annaba en 1997, Frik n'était plus là lorsque Makhloufi avait continué à gérer l'Opgi à Oran avec Bedrissi, aujourd'hui wali à Boumerdès, et Mostefaï, ce jour à Médéa : de 1994 à 2000, le directeur de l'Opgi a bossé avec trois walis. Pourquoi donc avoir poursuivi ce cadre dans un temps réduit de 1994 à 1997? Bien qu'il continuât à gérer trois ans après. Le tribunal criminel appréciera», conclut Me Bouchina en remettant à la juge des documents contenant notamment des menaces par écrit et un dossier prouvant l'octroi de son logement dans la légalité.
Il est 19h10 lorsque Me Mokrane Aït Larbi prend la place de Me Bouchina à la barre. Avec sagesse et fair-play, le valeureux conseil de Tizi Ouzou est fier que la présidente lui ait demandé de plaider cette nuit alors que mentalement il allait plaider le mardi matin. Il entre dans le vif du sujet en regrettant que Bachir Frik, fils de l'Algérie soit dans le box des accusés alors que si le monde était monde Frik aurait été après des décennies de service au service de son «Tamourth», décoré, remercié.
Non, il a connu près de quarante mois de détention pour complicité de dilapidation de fonds publics. Et puis, sur 48 wilayas, pourquoi s'est-on ému du foncier à Oran? Pourquoi ce wali précisément? s'est interrogé Me Aït Larbi qui a déclaré que le silence des autorités a duré quatre ans après son départ d'Oran et le passage de deux walis. Il s'attaque de front aux éléments constatés à la wilaya d'Oran et à l'instruction, laissent songeurs tous les Algériens jaloux de leur pays. Le coup d'éclat sort de la bouche de l'avocat: «Il y a Bouchaoui que pleurent les Français jusqu'à ce jour. Qu'est devenu Bouchaoui? Béton, ciment, barre de fer, grillage...». «Non, on va à Oran pour neuf logements, six locaux et trois lopins de terre. Terrifiant», lâche l'avocat qui préfère laisser le reste à ses deux confrères qui ont eux aussi des arguments en «béton». Il ne quittera pas la barre sans dresser un cours sur la mission d'un wali, ce commis de l'Etat qu'on peut faire chuter pour des broutilles.
«Depuis, quand un wali est inculpé et un autre victime? C'est bas, car la plainte n'aurait jamais dû être remise depuis la wilaya à la PJ d'Oran. La plainte devait être déposée au parquet d'Oran. C'est la PJ qui reçoit des ordres du parquet, jamais l'inverse», a souligné Me Aït Larbi avant de réclamer avec force l'acquittement de Bachir Frik, ce cadre vertueux, fils de famille, digne que des inculpations d'escroquerie et d'abus de confiance font rire et même sourire.
Nerfs et lassitude
Il est 20h40, ce lundi soir. La fatigue fait des ravages. Il ne reste plus dans la salle d'audiences qu'une poignée de journalistes sur la quarantaine présents depuis 10h et ce, jusqu'à 20h pour des raisons de bouclage.
Me Fadel plaide donc dans une salle vide aux trois quarts. L'avocat promet de ne pas reprendre son confrère et aborde donc le fameux point du foncier qui se limite à trois parcelles, neuf appartements et six locaux commerciaux. «Bachir Frik était wali et le wali est soumis à l'examen de dossiers solides avant de signer une attribution. Pour le terrain des P et T, il ignorait que le terrain avait un propriétaire», a ajouté l'avocat de Chéraga, qui a relevé que le PG avait demandé à l'accusé qu'elle a été sa position lorsqu'il a appris l'appartenance du terrain en question. Il lit un passage d'une lettre émanant du cabinet du wali informant l'expéditeur (les P et T) que le terrain vacant des P et T a été versé à l'agence foncière d'Oran et que les P et T seraient dédommagés par l'attribution d'un autre situé dans l'aire de la wilaya d'Oran. Clair, net et précis. «Le wali ne savait pas et lorsqu'il a su, il a pris ses responsabilités. A vous de prendre les vôtres en acquittant ce valeureux fils de l'Algérie qu'il a servie durant trente ans clôturant le lot d'interventions» (quinze!) Me Miloud Brahimi avait dû, en suivant ses deux confrères, qui l'ont précédé, réfléchir à la stratégie adoptée durant ces six journées pleines de débats parfois stériles, fastidieux, ennuyeux, et décevants pour les amateurs de scoops.
Le «renard des barreaux», qui avait le mérite d'avoir plaidé à Bouira le matin douze heure avant de défendre Bachir Frik, entame son intervention tambour battant. Il est 22 heures. De sa voix portante l'avocat égrène le préambule et félicite au passage Mustapha Alem le greffier qui a obtenu la «médaille d'or» qui sera décernée sans doute par le parquet général pour efforts soutenus.
Puis il sort de sa «cartouchière» les fameux articles de loi qui ont laissé Frik trente-neuf mois en détention. «Ne nous mentons pas. Ce n'est pas l'attribution d'un appartement d'un pied-noir à une famille oranaise qui est à la base des poursuites. D'une anecdote à une autre, l'avocat a tenté de démolir les accusations». «Personne ne pourra croire qu'un wali est en prison pour avoir accordé un local à sa famille», s'écrie Me Brahim qui a lancé un clin d'oeil en direction du tribunal criminel en rendant un petit hommage en direction de la Cour suprême, qui n'a pas osé aller jusqu'au non-lieu.
«Eloigner cette histoire de terrain des P et T car la Cour suprême a noté que le wali ignorait que le terrain appartenait aux P et T», dit le conseil qui attend l'acquittement de Bachir Frik.
Il est vrai que l'avocat comme tous ses confrères de la défense se sont déchaînés.
Il a carrément «assailli» le tribunal criminel: «Si nos clients sont libérés, vous aurez prouvé votre indépendance car le dossier est vide, la justice, elle aussi, aura l'honneur sauf», s'est exclamé Me Brahimi qui a supplié la présidente d'entrer dans l'histoire avec un «H» majuscule en prenant soin de se référer aux éclairages. Pas celui de l'expert, mais celui que la défense a étalé. «Frik a assez payé une histoire à dormir debout, car de dix-sept inculpations relevés par la PJ, la chambre d'accusation n'en a retenu qu'une seule, deux à la limite si l'on retient la complicité. A vous de jouer. Si votre jugement est celui que nous n'attendons pas, ce sera alors à nous de retourner en classe».
Benyoussef annonce le début des délibérations, il est 22h40, le verdict est annoncé mardi 13 heures pour permettre à l'assistance un gain de sommeil pas pour les membres du tribunal criminel.
Mardi 12h 45, Palais de justice d'Alger, ça grouille, la salle n°03 est pleine à craquer. Yamina Guerfi, la juge de la correctionnelle a l'oeil sur tout. Cette « pro » de la justice sait que ce mardi l'intérêt sur le côté gauche du Palais de justice est concurrencé par le droit où se trouve la salle réservée aux procès de la crim. Ania Benyoussef est une juge qui tient ses promesses. Il est 12h50.
Dans dix minutes, le verdict sur les cinq accusés va tomber. En attendant, les journalistes plaisantent autour de la diatribe de Me Brahimi contre une certaine presse qui fait dans le n'importe quoi.


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