Dépassé par la montée en puissance des paysages audiovisuels tunisien et algérien, le Maroc continue d'autoriser l'ouverture de son champ audiovisuel. Ainsi il vient de donner son accord pour l'ouverture d'une nouvelle chaîne privée: Chada TV, à vocation musicale. A l'origine du projet Rachid Hayeg, P-DG du groupe qui détient aussi la radio Chada FM et les producteurs de musique (à travers le label Sawt Al Qahira). «Diffusée par satellite depuis la Jordanie et sur Internet, la nouvelle chaîne sera lancée dès septembre, qui envisage aussi de lancer une chaîne thématique, depuis un bon moment», poursuit le P-DG. La grille des programmes de Chada TV proposera des clips marocains et du Moyen-Orient en continu, mais également des capsules d'actu people et une émission quotidienne en prime time. Mais aussi des émissions culturelles, des talkshows, des interviews avec des artistes et plus tard des concours de découvertes de talents, a annoncé Rachid Hayeg, dans sa présentation. En revanche, aucune indication sur les sources de financement sachant que que le patron de cette nouvelle chaîne envisage d'accorder des crédits pour faire marcher la chaîne. Le P-DG de Chada TV reste aussi discret sur l'identité des actionnaires. Certaines sources indiquent par ailleurs que le capital est détenu par des actionnaires étrangers privés, notamment du Moyen-Orient, qui ont investi dans Chada TV. Actuellement, près de 30 personnes composent l'équipe rédactionnelle et technique de la nouvelle chaîne. Chada TV voit ainsi le jour en contournant le blocus de la Haute Autorité de la communication audiovisuelle (Haca) sur l'octroi des licences aux chaînes privées. Elle n'est pas la première puisque Rachid Niny a, au mois de septembre, lancé Télé Maroc dont les émissions sont produites au Maroc, mais dont la diffusion est assurée, via satellite, depuis l'Espagne. Ces nouvelles chaînes sont en off-shore, comme la majorité des télévisions algériennes et tunisiennes privées. Une façon de contourner la censure et de garantir une meilleure liberté. Mais ce choix éditorial et technique présente un grand inconvénient: les deux chaînes ne vont pas bénéficier de la manne publicitaire qui inonde les télévisions publiques du Royaume marocain. Le Maroc, qui a été le premier pays du Maghreb dans les années 1980 à sortir du choix de la télévision publique en lançant la 2M et Med1, s'est retrouvé dernier de la classe au Maghreb puisque la Tunisie puis l'Algérie ont ouvert leur champ audiovisuel et sont devenues très présentes sur la scène maghrébine et arabe. Aujourd'hui ces deux pays possèdent plus de 70 chaînes privées, dont une vingtaine d'entre elles possède des bureaux dans leur pays. [email protected]