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Petites trahisons et grandes désillusions
ABDELMADJID TEBBOUNE
Publié dans L'Expression le 07 - 08 - 2017

On fait fuiter des rumeurs. Les médias s'emballent. L'Algérie s'apprête à vivre peut-être l'un des étés les plus chauds de son Histoire.
Les Algériens ne suffoquent pas seulement des caprices de la météo en cet été 2017, les emballements de la vie politique leur donnent aussi le tournis.
Tebboune, notre nouveau Premier ministre, s'en va-t-en guerre. Il a enfourché sa monture contre les forces de l'argent, contre des patrons pourtant alliés et soutiens de la stratégie présidentielle de développement.
Constat: il veut tout chambarder. Le vrai changement passera par lui. Il persiste et signe. Son slogan de guerre réside dans cinq mots: ça passe ou ça casse. Son message politique lâché en direction de l'opinion ne laisse place à aucun doute. Ses adversaires sont ciblés. Listés. Identifiés.
Sa première victime expiatoire porte un nom connu de tous les Algériens. Grand entrepreneur et patron du FCE: Ali Haddad. Une grande affiche qui accroche le public créant, à elle seule, l'évènement. Mais que cherche donc Tebboune? Cette question qui taraude bien des esprits a plongé les principaux dirigeants du pays dans l'embarras.
La gêne est grande chez eux, depuis ce jour-là, lorsqu'ils apprirent les conditions dans lesquelles des gardes-chiourmes poussèrent Ali Haddad vers la porte de sortie comme on le ferait avec un resquilleur.
Tebboune essaime. D'autres noms de «resquilleurs» circulent. Le Premier ministre crée la panique chez des hommes d'affaires tous effarés par l'ampleur de la tornade que l'on s'apprête à déclencher sans crier gare!
Avant de vêtir son costume de chef de l'Exécutif, ce fils de bonne famille était connu comme un homme courtois, avenant, accessible, travailleur acharné, fidèle entre les fidèles au Président Bouteflika, jouissant d'une remarquable expérience de plus de quarante ans passés dans l'administration comme wali puis comme ministre à la tête de départements stratégiques.
A lire sa fiche, on comprend vite pourquoi le Président a cru bien faire en le choisissant pour succéder à Abdelmalek Sellal. Bref, c'est le ministre qui avait à son compteur le plus d'ancienneté dans la gouvernance, de performances aussi à voir le travail titanesque réalisé dans le domaine de l'habitat. Pour tous, le choix de cet homme était judicieux. Et la République ne pouvait que s'en réjouir.
Moins de trois mois plus tard, Tebboune fait figure de croque-mitaine!
A voir la succession des faits enclenchés contre l'entreprise d'Ali Haddad marqués d'abord par la publication d'une série de mises en demeure succédant à l'épisode humiliant de le chasser d'une cérémonie d'inauguration officielle, Tebboune donne l'impression d'avoir décidé de lui faire la peau.
Cette affaire est le signal lancé par le nouveau Premier ministre qui entendait remettre les compteurs à zéro. On fait fuiter des rumeurs. Les médias s'emballent. L'Algérie s'apprête à vivre peut-être l'un des étés les plus chauds de son Histoire et ce ne seront pas les procès en sorcellerie qui feront défaut dans cette épreuve de force où toutes les lectures politiques s'entrechoquent.
Tebboune surprend par ses discours et sa méthode. Les premières crispations politiques commencent à se manifester d'abord au sein de la hiérarchie du pouvoir, puis de l'opinion publique. La gestion de son prédécesseur Sellal est critiquée de manière indécente transgressant les traditions républicaines établies à ce jour avant que ses ministres, réputés proches de lui, ne viennent prendre le relais. Un vent nouveau, mauvais disent certains, souffle du Palais du gouvernement sur toute l'Algérie. Et bien malin celui qui saura dire comment finira cette empoignade avec toutes ces combinaisons d'arrière-boutique.
Désormais, deux hommes, deux ministres, celui du Commerce et de l'Industrie, MM.Ahmed Saci et Mahdjoub Bedda, sont les porte-flingue d'un Premier ministre qui a mis une croix sur tout ce qui est proche ou ressemble à l'ancienne équipe de Sellal. Un nouveau concept politique vient de voir le jour en Algérie. Il porte désormais un slogan et une signature: le dégagisme à la Tebboune.
Cette «mini-révolution» de palais provoque la stupeur dans les milieux financiers et dans les chancelleries diplomatiques. Tous s'interrogent sur la signification de ce tour de vis du nouveau Premier ministre dans la conduite des affaires de l'Etat. Chaque jour apporte son lot de révélations sur les nouvelles orientations concoctées dans les cabinets de ses ministres les plus proches et sur lesquels il entend s'appuyer pour opérer un recentrage majeur par rapport au programme et aux directives initiés par le président de la République. Comme dans la loi de la jungle, Tebboune marque son territoire à l'image du mâle dominant.
Tout passe à la moulinette. Tout est remis en question, balayé du revers de la main. L'industrie? Selon ses relais, «on a fait tout faux». L'industrie automobile? «Il faut envoyer à la casse ce jouet qui nous a coûté les yeux de la tête!».
Idem pour le commerce. Les listes de produits contingentés, soumis à une liste d'importation s'allongent à l'infini. Personne aujourd'hui n'est capable de vous dire si dans un mois ou deux, votre épicier du quartier vous assurera l'approvisionnement en riz, en lentilles, en haricots secs, en café ou en thé. La Saison 2 de la pénurie, comme dans les grandes séries américaines, pointe son nez! Tout le monde craint le retour à ce triste souvenir des files s'allongeant à l'entrée des Souks el fellah. Avouons-le: mais qui voudrait encore de cette Algérie-là?
La stratégie industrielle des anciens ministres est clouée au pilori. Des audits sur leur gestion passée sont annoncés à grand renfort de publicité. On promet qu'il y aura du sang sur les murs. Des ambassadeurs de grands pays occidentaux se posent la question sur ces remises en cause, mais encore? Quels réels objectifs poursuivent les nouveaux coéquipiers du Premier ministre? Des accords passés avec l'ancien gouvernement seront-ils toujours respectés? Mais jusqu'où ira cette fronde gouvernementale contre tout ce qui a été conclu avec l'équipe Sellal?
Les premiers symptômes de ce changement de cap sont vite perçus. Invités par le patron de Sovac pour l'inauguration de son usine de montage, la plus importante de la firme Volkswagen en Afrique et dans le Monde arabe, ni le Premier ministre, ni son ministre de l'Industrie ne daignent faire le voyage à Relizane où les attendent le P-DG et l'ambassadeur allemands. Seul le ministre du Commerce a été dépêché sur place pour suppléer à l'absence des dirigeants algériens. Les Allemands et les ambassadeurs des pays de l'Union européenne se posent des questions. Le patron de Volkswagen ne devrait-il pas avoir droit à tous les égards? Angela Merkel qui avait déjà visité notre pays ne s'apprêtait-elle pas à fouler à nouveau le sol algérien n'eût été la demande formulée par Alger d'ajourner à une date ultérieure sa venue?
Détruire l'arsenal industriel que cherche à construire l'Algérie et décourager les investisseurs nationaux et étrangers peuvent-ils constituer un programme politique?
La vraie question: où est passé le programme du Président Bouteflika? Que devient sa vision de bâtir une industrie naissante, moderne, diversifiée, capable d'insuffler un sang nouveau à l'économie nationale?
Que devient ce Pacte économique et social national qui scelle l'union entre le pouvoir, le patronat et le syndicat Ugta?
Les mesures de Tebboune ont semé le désarroi dans les rangs des organisations patronales qui portaient à l'unisson le programme et les orientations du Président Bouteflika. Pis encore, ces décisions intempestives ont fini en quelques semaines par provoquer jusqu'au désarroi dans les rangs des entrepreneurs qui se préparaient à mettre la main à la pâte en adhérant à l'esprit et la lettre du nouveau modèle économique.
En fin de compte, en trois mois seulement de gouvernance, Tebboune n'aura-t-il pas réalisé l'unique exploit de se mettre peut-être à dos à la fois le Président en osant torpiller son programme social et économique, le patronat et le syndicat?
La mèche de la discorde a été allumée. A qui profitera-t-elle? Cette passe d'armes entre le Premier ministre d'un côté et ses partenaires de l'autre, a ébranlé la confiance entre lui et les dirigeants du pays. Ce n'est un secret pour personne que la puissance des pays développés et des grandes démocraties réside aujourd'hui dans la stabilité politique. Celle-ci ne peut être assurée que par le dialogue, la négociation et le compromis.
Tebboune devrait garder en mémoire que toute la philosophie de la gouvernance politique de Bouteflika a toujours reposé sur une règle de conduite absolue: faire réconcilier l'Algérie avec elle-même.
La méthode Tebboune, sévèrement rudoyée aujourd'hui à l'épreuve du terrain, ne risquerait-elle pas dans un proche avenir de faire l'objet elle aussi de cette nouvelle mode dans le jargon gouvernemental qu'on appelle Audit?
Ce sera alors l'histoire de l'arroseur arrosé.
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