Procédure. Jeudi dernier, le président de la République a nommé les membres du gouvernement dirigé par Ahmed Ouyahia. En fait, tous les ministres ont été reconduits à l'exception de trois d'entre eux (l'industrie et les mines, le commerce et l'habitat). Toutefois, la publication de toute la liste du gouvernement répond à une obligation constitutionnelle contenue dans l'article 93 de la Loi fondamentale. Tout comme elle prévoit dans l'alinéa 5 de l'article 91 le limogeage et la nomination du Premier ministre par le président de la République. Ce qui a été le cas pour le remplacement de Abdelmadjid Tebboune par Ahmed Ouyahia. En suivant les dispositions de la Constitution, une autre étape reste à franchir par le nouveau gouvernement. le même article 93 qui prévoit la nomination des ministres, stipule également que « le Gouvernement élabore son plan d'action et le présente au Conseil des ministres ». L'article 94 qui suit, stipule de son côté que « le Premier ministre soumet le plan d'action du gouvernement à l'approbation de l'Assemblée populaire nationale ». Ouyahia devra donc présenter à l'APN son propre plan d'action après son adoption en Conseil des ministres. Logiquement c'est ainsi. Même s'il s'agit d'élaborer un plan d'action du seul et même programme présidentiel sur lequel a travaillé le précédent gouvernement. Rappelons que l'APN reprendra ses travaux « le deuxième jour ouvrable du mois de septembre (art.135)». C'est-à-dire le lundi 4 septembre prochain. Et pour dix mois non-stop. Mais au-delà de ces étapes de procédure dont l'importance est incontestable dans un Etat de droit, il y a lieu de se demander pourquoi le président de la République a cru utile de changer de gouvernement alors même que c'est toujours le même programme qui doit être appliqué. En cherchant un peu, nous avons fini par trouver l'explication, plus que probable, de ce changement. Le président Bouteflika est intervenu, en fait, pour désamorcer une crise née d'une gestion brutale des affaires économiques. Le président a très certainement considéré que le pays qui vit déjà une crise économique et financière due à la baisse du prix du baril, ne pouvait pas, en plus, se permettre une crise interne liée à des considérations subjectives. Voici ce que le président Abdelaziz Bouteflika a déclaré, entre autres, le 22 mars 2014 dans sa lettre aux Algériens : « Je me propose de consacrer le nouveau mandat que vous me demandez d'assumer à la préservation de notre pays des effets des hostilités internes et externes avérées et potentielles de toutes natures et à l'apaisement de notre société qui a besoin de voir rassemblées ses énergies pour la réalisation de nouvelles conquêtes, loin des rivalités stériles et des déchirements ravageurs. Les divisions suscitées et entretenues constituent un moyen d'affaiblir notre pays face à l'urgence des défis et à la complexité des enjeux. » Il n'y a rien à ajouter. Tout est là!