Un artiste multiforme De la force de proposition esthétique à la variété des matériaux, tout se combine pour donner à voir une expo complète et raffinée, visible jusqu'au 8 janvier prochain. L'Espaco (El Achour) accueille depuis le 8 décembre 2018 une exposition de l'artiste-peintre Karim Sergoua appelée «7 Houmate». Cette dernière qui se tient jusqu'au 8 janvier prochain sera marquée par une rencontre le 5 janvier prochain autour de la jeune création dans les arts. Dans cette exposition au titre bien spécifique qui fait écho aux célèbres, sept Remparts, ou sept Merveilles du monde, Karim Sergoua y distille toute sa palette plastique qu'il chérit tant. En fait, il refuse l'étiquette de l'artiste-peintre qu'on lui colle parfois, lui le plasticien touche-à-tout. Ainsi, dans cette grande exposition qui semble se décliner comme une sorte de rétrospective de ce l'on sait déjà, bien que l'artiste ait mis six mois pour monter cette dernière, l'on retrouve différentes techniques utilisées. Ce sont en effet sept façons de faire que l'artiste Karim Sergoua nous invite à découvrir et à s'y mouvoir. Aussi, de la peinture sur toile ou bois, l'on passe à la récupération de ce dernier et la paille sur ses portraits monolithiques. L'artiste fait aussi appel à la céramique pour faire naître des êtres et des animaux dans une superbe installation baptisée la marche des 22. Une métaphore bien ancrée dans la situation politique de son pays, tout comme toutes ces formes fantomatiques qui inondent ses tableaux et qui sont illustrées par ces têtes de monstres, de diables ou de chiens-loups pour dire ce monde et sa face hideuse, mais aussi l'autre aspect caché de ce que l'on ne sait pas. Le non-dit à travers ce voilé/dévoilé et cette peinture de l'effacement. En effet, Karim Sergoua aime remplir ses tableaux d'une foule de gens en mouvements, entremêlés de signes épars, certains Amazighs, ancestraux ou d'autres qui rappellent faussement les mythes. Plutôt les chimères de notre temps. Façon de revenir à l'essentiel, à la vie, à la création de l'humanité. Parfois à raison ou à tort, à force de symboles et de renforts sémiotiques ou de traits nerveux et de couleurs chatoyantes, avec de simples blancs qui inondent la masse picturale du tableau, Karim y fait miroiter à l'intérieur des hommes en manques de repères ou de stabilité. Un peu à l'image de son pays qu'il peint par fracas avec des sauts de peinture non pas fébriles pour autant, mais agencés. L'artiste questionne sa société et pousse le spectateur à s'interroger sur le contenu de ses toiles qui sont peintes dans le style semi-abstrait pour dire ce monde et sa folie. Il y a aussi ces tableaux ornés de clous autour, mais gorgés de couleurs sombres à l'intérieur qui renvoient bien à des énigmes insondables que l'artiste martèle à travers son art bien riche en matériaux, quand on y regarde bien de près. Karim Sergoua emploie aussi la céramique pour la détourner de sa simple fonction de décor et la charge de sens bien plus profond qui dit la terre et ses miracles. Bref, Karim Sergoua diversifie aussi les supports, en proposant différents travaux qui passe d'une toile, un tissu, un morceau de bois sans dénaturer le message voulu par son auteur qui a choisi de s'amuser avec sérieux en faisant naître des créations tous azimuts qui surprennent vraiment. L'humain, l'homme et la femme, la nature, le rapport à l'Autre, le monde, la société, tout est relié par une identité visuelle à déchiffrer en des unités éparses et un ensemble à décoder. Dans «Sept Houmate» l'artiste se dirige vers la finesse du geste à l'instar de ses sculptures ou installations qui donnent à voir paradoxalement le grotesque du monde sous son un regard fin et avisé. Une nouvelle orientation artistique probablement, pour ce boulimique de la création qui n'a de cesse d'évoluer et de nous surprendre après tant d'années que ce soit en évoluant seul ou dans le cadre de nombreux collectifs, ici ou à l'étranger où il a beaucoup exposé. Notons pour info, que Karim Sergoua animera un workshop «DITES-LE AVEC LA LUMIÈRE», un atelier de reprographie d'art (Atelier de reprographie d'art les 24, 25, 26 décembre 2018 de 13h00 à 17h00). A ne pas rater!
