Madani Mezrag milite pour une mandature présidentielle ouverte. L'ancien émir de l'AIS, Madani Mezrag, a déclaré son soutien à la démarche de Abdelaziz Belkhadem en matière de révision constitutionnelle. Il a indiqué, lors d'une conférence de presse qu'il a animée mardi au siège de l'Association de la société civile à Alger, que «la révision de la Constitution constitue désormais une urgence». Il a rappelé la vacance du pouvoir en début 1992 et la longue période de transition qui l'avait suivie. La maladie toute récente du président Bouteflika «nous a mis tous dans le malaise». Il s'explique: «Quand je l'ai vu à la télévision dans cet état j'ai compris qu'il était malade et j'ai eu peur. Maintenant qu'il s'est rétabli, nous lui souhaitons longue vie mais nous ne voulons pas qu'il y ait immobilisme au sein des institutions à chaque fois que le président tombe malade». Mezrag soutient la formule «d'un régime présidentiel», avec la création d'un poste «de vice-président» parce qu'en cas de maladie ou de décès du président il ne faut pas qu'il y ait «vacance du pouvoir», «l'Etat continuera de fonctionner normalement et l'alternance sera assurée». Il précise que la limitation des mandats n'est pas une nécessité car «l'exemple américain n'est pas un modèle pour nous; c'est un nouveau pays qui n'a pas d'histoire, ni de traditions, alors que nous, nous avons des traditions, nous ne voulons pas limiter les mandats. Dans la mesure où nous considérons qu'un président travaille pour le bien de son pays, nous ne voyons pas pourquoi on s'amuserait à lui dresser des entraves par la limitation des mandats. Mais il faut aussi faire de telle sorte qu'il puisse être destitué s'il travaille contre l'intérêt du pays». L'orateur préconise, en outre, la révision des constantes nationales par l'introduction des principes de l'appel du 1er Novembre 1954. Il veut que les balises soient posées d'une manière définitive et qu'on ne revienne pas «à chaque cycle, à chaque crise, selon l'humeur du moment, à retrancher et à rajouter des articles à la Constitution, comme s'il s'agissait d'un simple jeu». Il revendique également la révision de la loi organique relative aux partis politiques. Selon sa praxis, «quelqu'un qui crée un parti politique doit être apte à occuper le poste de président de la République parce qu'on ne sait jamais». «Le peuple peut se tromper comme il peut voter aussi sous influence soporifique et faire sortir n'importe quoi», lance-t-il avec humour. Mais il cite, sans brin de sarcasme, que le cas de Khatami en Iran est révélateur. «Il pouvait aller vers un autre mandat garantissant plus de stabilité pour son pays, or cela n'a pas été possible à cause de la limitation des mandats. Il faut qu'il y ait donc des critères très stricts pour créer un parti politique», ajoute-t-il. Mais où en sont les rapports de bonne entente entre les anciens de l'AIS et le président Bouteflika? Mezrag continue de penser que les rapports sont très bons «tant que le président reste dans sa politique de réconciliation nationale et de relance économique». Il dit sur un ton prosaïque: «Nous sommes avec Dieu. Nous sommes avec l'Algérie. Nous sommes avec le président. Nous lui obéissons. Nous mettons notre destin entre ses mains... tant qu'il n'a pas changé». Pourquoi? Parce que Bouteflika est en train de consolider l'institution présidentielle. «Cette institution doit devenir la première institution de l'Etat. Hélas, elle ne l'est pas encore... Dans les faits, l'institution militaire est, jusqu'à ce jour, la première», affirme-t-il.