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Le cauchemar libyen
Une intervention militaire turque mettrait le feu aux poudres
Publié dans L'Expression le 05 - 01 - 2020

Un pays divisé devient inévitablement la proie impuissante de forces extérieures. Depuis 2011, la Libye voisine vit un cauchemar entretenu par des puissances soucieuses de leurs seuls intérêts. La Turquie, ancienne puissance coloniale, se prépare même à intervenir militairement à nos frontières. Le 2 janvier 2020, son Parlement a voté une motion autorisant l'envoi de troupes en Libye. Ceci ne peut pas laisser le gouvernement algérien indifférent. Il vient de s'exprimer officiellement par la voix de son ministre des Affaires étrangères. Les jours et les semaines qui viennent mettront notre diplomatie à rude épreuve. Il est désormais question de la place que l'Algérie doit tenir dans son environnement géographique et de la préservation de sa sécurité.
Une transition ratée en LibyeAprès un long règne de
42 ans, le colonel Kaddafi a été assassiné en 2011, à la suite d'une intervention militaire occidentale. La Grande Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste est devenue l'Etat de Libye, doté d'un régime parlementaire (Déclaration constitutionnelle transitoire d'août 2011), entamant ainsi une phase de transition démocratique. Les débuts furent encourageants puisque des élections eurent lieu en juillet 2012 et permirent la mise en place du Congrès général national (assemblée de 200 membres). Cette brève éclaircie démocratique ne dura pas. Le pays fut rapidement livré à des factions (islamistes contre nationalistes) dont les clivages s'approfondirent irrémédiablement, donnant lieu à des affrontements armés.
Après des tractations menées sous l'égide de l'ONU, avec la participation des pays voisins, des accords de paix furent signés à Skhirat, le 17 décembre 2015, entre les représentants du Congrès général national (issu de la première élection libre de 2011) et ceux de la Chambre des représentants (Parlement monocaméral de 200 députés élus le 25 juin 2014). Ces accords furent entérinés par la résolution 2259 (2015) votée à l'unanimité par le Conseil de sécurité. Un gouvernement, dirigé par Fayez Sarraj, est formé en janvier 2016. Il ne sera pas reconnu par la Chambre des représentants. Il sera remanié plusieurs fois avant d'être investi sans vote de confiance, mais avec le soutien de puissances occidentales.
Plongée dans le chaos depuis la chute de Mouammar Kaddafi en 2011, la Libye est aujourd'hui déchirée entre deux autorités: 1/Le gouvernement d'union nationale (GNA) basé à Tripoli (Tripolitaine). Dirigé par Fayez al Serraj, il est reconnu par la communauté internationale ; 2/ Un pouvoir de fait installé à Tobrouk (Cyrénaïque qui a pour «capitale» Benghazi). Il a pour leader le maréchal Khalifa Haftar, chef de l'autoproclamée Armée nationale libyenne. Le 4 avril 2019, ce dernier a donné un coup d'accélérateur à la guerre civile en lançant une offensive pour prendre le contrôle de la capitale et des champs pétroliers, objectif qu'il s'évertue toujours à atteindre, même en s'alliant avec le diable.
Erdogan prépare une intervention militaire en Libye
Principal soutien (avec le Qatar,) du gouvernement de Tripoli, la Turquie s'est imposée comme partie incontournable dans le conflit libyen. Elle a été invitée à toutes les conférences organisées par les occidentaux, sous l'égide de l'ONU. Elle était présente à celle de Paris. Elle l'était aussi à celle de Palerme dont elle a claqué la porte pour protester contre son exclusion d'une séance informelle organisée par le pays hôte. L'Allemagne la courtise pour assister à la Conférence prévue à Berlin dont les préparatifs sont laborieux.
Le 27 novembre 2019, le président Erdogan a reçu, pour la deuxième fois en moins d'un mois, Fayez al Serraj. La rencontre, qui n'était pas programmée, a eu lieu au palais de Dolmabahçe. Situé sur la rive européenne du Bosphore, ce palais, aujourd'hui musée, fut la résidence des sultans ottomans de 1853 à 1922 ; en choisissant ce lieu, Erdogan a voulu faire un clin d'œil à l'Empire ottoman. Les deux parties ont signé deux accords : 1/ Un accord de délimitation maritime qui permet à la Turquie de faire valoir des droits sur de vastes zones en Méditerranée orientale riches en hydrocarbures. Il est dénoncé par plusieurs pays : Chypre, Egypte, Grèce et Israël ; 2/ Un nouvel accord de «coopération militaire et sécuritaire». Cet instrument complète et renforce l'accord-cadre de coopération militaire qui lie déjà les deux pays. A cette occasion, Ankara a lancé un appel pour soutenir le gouvernement de Tripoli, seul reconnu par l'ONU, estimant que «la stabilité de la Libye est d'une importance critique pour la sécurité des Libyens, pour la stabilité régionale et pour combattre le terrorisme international».
Ces accords furent condamnés par Haftar qui annonça, le 12 décembre dernier, l'intensification de la guerre pour occuper Tripoli. En réponse, le Parlement turc a voté le jeudi 2 janvier 2020 une motion valable un an, autorisant l'envoi de militaires en Libye pour soutenir le gouvernement de Fayez al Serraj. Le vote fut acquis par 325 voix pour et 184 contre. Ankara vole ainsi au secours de Tripoli, qui subit depuis avril 2019, les attaques des troupes de Khalifa Haftar, l'homme fort de Benghazi. Ce nouveau développement du conflit libyen n'est pas une surprise puisque le président Erdogan l'avait déjà annoncé. Il constitue une escalade dangereuse qui éloigne le peuple libyen de la paix tant recherchée.
La Turquie sous les feux des critiques
Même si elle affirme répondre à une demande d'aide du gouvernement de Tripoli, Ankara n'arrive pas à convaincre (l'article 51 de la Charte de l'ONU est-il applicable dans le cas libyen ? Si oui, qu'en serait-il alors de l'embargo sur les armes décrété par le Conseil de sécurité ?). Les réactions hostiles au vote du Parlement turc n'ont pas tardé : le président Trump a téléphoné à son homologue turc pour s'élever contre toute «ingérence étrangère» susceptible de compliquer la situation en Libye. L'Egypte a condamné le vote du Parlement turc et le président Sissi a téléphoné à ses homologues occidentaux, Chypre, la Grèce et Israël ont dénoncé une «menace dangereuse pour la stabilité régionale».
L'Algérie va prendre prochainement des initiatives
Face aux tambours de guerre turcs, l'Algérie reste fidèle à sa position basée sur des principes immuables : respect de la souveraineté des Etats, non-intervention dans les affaires intérieures d'autrui, règlement pacifique des différends. Le ministre des Affaires étrangères a déclaré hier que «l'Algérie prendra dans les prochains jours plusieurs initiatives en faveur d'une solution pacifique à la crise libyenne, une solution exclusivement inter-libyenne».
Il a réitéré le rejet de «la présence de toute force étrangère, quelle qu'elle soit, en Lybie» (ou ailleurs). Espérons que notre diplomatie arrivera à convaincre toutes les parties libyennes et leurs alliés (ça fait beaucoup de monde). Aujourd'hui, les axes sont clairement formés et leurs intentions publiquement déclarées. La tendance est plutôt à l'affrontement.
A moins qu'Erdogan revienne à la raison et se rende compte qu'en s'engageant militairement en Libye, son pays endosse une grosse responsabilité devant la communauté internationale. L'ONU a déjà mis en garde contre l'intrusion dans le conflit libyen d'un nouvel acteur, étranger de surcroit à la région. La Turquie prend également des risques en intervenant loin de ses frontières où son armée est déjà engagée en territoire syrien. Par ailleurs, elle le fait en dépit des protestations des voisins de la Libye qui pourrait s'avérer un piège dangereux et coûteux. Osons espérer que la motion votée par le Parlement turc est destinée seulement à être utilisée comme carte dans le jeu diplomatique qui continue autour du conflit libyen. Nous seront édifiés dans les prochains jours, sinon les prochaines semaines.
Les pays voisins se consultent régulièrement sur le conflit libyen (sans associer le Tchad et le Niger, une erreur à corriger), mais sont divisés. Si l'Algérie et la Tunisie œuvrent à promouvoir une solution pacifique négociée entre les parties libyennes, l'Egypte s'est rangée ouvertement aux côtés de Haftar (avec les Emirats arabes unis, l'Arabie saoudite, la Jordanie, la France). Il sera difficile de faire changer d'avis à l'Egypte, à moins que de solides garanties préservant ses intérêts, surtout sécuritaires, ne lui soient données. Qui pourrait le faire ?
Depuis le début du conflit libyen en 2011, les pays occidentaux monopolisent les initiatives de paix au détriment des pays voisins et de l'Union africaine (UA). Ces derniers doivent être rétablis dans leurs droits. Ceci devrait s'accompagner d'un arrêt de toute aide financière et militaire (armes et munitions) aux belligérants pour se limiter à l'aide humanitaire afin de donner une chance à la paix. On sait que le conflit libyen s'est envenimé davantage lorsque certains pays ont commencé à livrer des armes aux Libyens en violation de l'embargo décrété par l'ONU dès 2011. L'Organisation onusienne a cité nommément la Turquie (Erdogan l'a reconnu en juin 2019), les Emirats arabes unis et la Jordanie.
La décision turque dépasse le cadre libyen. Elle pourrait contribuer à introduire des groupes terroristes au Maghreb, y compris en Egypte. Certaines sources affirment qu'Ankara déplace déjà vers Tripoli des miliciens, qui appuient ses troupes dans le nord de la Syrie, pour aider le gouvernement de Fayez Sarraj. Quelques milliers de mercenaires russes (groupe Wagner) et surtout soudanais combattraient déjà pour Haftar. Il faut à tout prix empêcher Erdogan de jeter de l'huile sur le feu libyen au risque d'embraser toute la région. Il ne faut pas oublier aussi que la Turquie est un membre de l'Otan. Ce sont les troupes alliées d'Ankara qui sont responsables de la situation désastreuse que vivent la Libye et les pays du Sahel depuis 2011.


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