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La mise du Pentagone
OPERATION MILITAIRE CONJOINTE MAGHREB, SAHEL ET USA
Publié dans L'Expression le 26 - 03 - 2006

Dans ce nouveau dispositif stratégique, l'Algérie est investie d'une mission régionale de première importance.
Tout porte à croire que le coup d'envoi de l'opération menée conjointement par huit pays africains (trois du Maghreb et cinq du Sahel) et le Pentagone est décidé pour ces jours-ci. Si l'on hésite à donner des dates au niveau des états-majors, il est clair que les manoeuvres de l'opération Pan-Sahel débutent à partir du 18 mars 2006 pour durer quelques jours avant de cesser pour reprendre durant toute l'année 2006 et une partie de 2007. Ce programme militaire vise à lutter contre le déploiement des réseaux terroristes dans la région du Sahel, et dans une stratégie américaine qui s'appuie aussi bien sur des donnes sécuritaires et politiques que sur des considérations économiques et hégémonistes on est bien parti pour une longue mise sous la loupe de toute la région . Les indices ne manquent pas : la dernière réunion d'Alger sur le terrorisme dans la région saharo-sahélienne, la visite du directeur du FBI en Algérie et au Maroc, qui est immédiatement suivie par celle de Donald Rumsfeld, secrétaire américain à la Défense, et de Jack Straw, ministre anglais des Affaires étrangères. Et quelques semaines plus tard, on prépare le coup d'envoi des exercices militaires dans la région du Maghreb et du Sahel sous la bannière de la célèbre et néanmoins secrète Pan-Sahel Initiative. Selon un site Internet spécialisé dans les études stratégiques, l'initiative s'étend à pratiquement huit pays. Lancée avec quatre pays du Sahel, le Niger, la Mauritanie, le Mali et le Tchad, la PSI (Pan- Sahel Initiative) est élargie «à quatre pays supplémentaires, Algérie, Tunisie, Maroc, et Sénégal». Des sources militaires affirment que l'apport d'Alger se situe sur plusieurs plans. Il s'agit d'abord du pays qui possède la meilleure expérience dans le domaine de la lutte antiterroriste. Il s'agit ensuite du pays dont est issu le Groupe salafiste pour la prédication et le combat, et qui possède un fichier de renseignements à jour, connaît le mieux cette organisation qui a fait des émules aussi bien au Mali, au Niger qu'en Mauritanie.
A surveiller de près
Il s'agit enfin du pays qui possède l'armée des frontières la plus importante, la mieux équipée, et dont les frontières sont les plus hermétiques. La dernière opération militaire conjointe entre des unités de combat de l'ANP et des équipes américaines avait permis à Washington de se faire une idée sur les capacités militaires algériennes. En outre, l'Algérie, avec quelque 7000 km de frontières terrestres et 1200km de littoral, occupe une position centrale aussi bien vis-à-vis des pays maghrébins et africains qu'aux yeux de l'Occident. Avec 1559 km de frontières avec le Maroc, 1376 avec le Mali, 882 avec la Libye, 965 avec la Tunisie, 956 avec le Niger, 463 avec la Mauritanie et 42 avec le Sahara occidental, l'Algérie a tout d'une plaque tournante dans la vaste bande du Sahel.
Jouissant d'une expérience incontestable dans la lutte antiterroriste, l'Algérie malgré quelques doutes sur ce que sera la longue présence américaine dans les parages, semble-t-il, pense au moins prendre les rênes du programme de sécurité au plan maghrébin et sahélien. D'ailleurs, elle n'avait trouvé aucune difficulté pour arracher que la création d'un centre spécialisé dans les études et la recherche sur le terrorisme soit construit à Alger. Lequel centre sera appelé à jouer un rôle dans la lutte continentale contre les réseaux terroristes.
Les Etats-Unis avaient en fait commencé à s'intéresser à la région sahélo- maghrébine au lendemain de la guerre engagée contre l'Afghanistan, l'Irak et la dispersion des cadres d'Al Qaîda et de ses sympathisants un peu partout dans le monde.
La présence du Yéménite Imad Abdewahed Alouane en Algérie (il avait été abattu à Batna en 2002), via le Sahel puis l'acheminement des 14 touristes kidnappés par le Gspc d'Algérie vers le Mali, avaient conforté les experts militaires américains que cette bande du Sahel, longue de plusieurs milliers de kilomètres et qui va de la Mauritanie au Tchad puis la Somalie en passant par le Mali, le Niger et le Tchad, finira par constituer une «rampe de lancement» pour les futurs groupes armés.
La capture des islamistes africains menés par Amari Saïfi dans la zone de guerre du Tibesti a fini par faire croire définitivement que la bande du Sahel, déjà infestée de groupes rebelles, d'opposants armés, de Touareg sécessionnistes et de contrebandiers constitués en bandes mafieuses, risque de se voir encore encombrée d'islamistes qui se retrouveraient aux portes de l'Europe dès lors qu'ils passeraient les frontières nord du Maghreb.
Près de 120 millions de dollars ont été débloqués pour cet objectif, en plus d'experts militaires et d'équipements modernes pour le repérage, la reconnaissance, la détection et éventuellement l'attaque aérienne.
Pour Washington, toutes les bandes islamistes de la région ne peuvent qu'être alliées à Al Qaîda, et doivent de ce fait, être traquées sans répit et démantelées.
Cependant, les Etats-Unis ne peuvent s'engager longtemps sur plusieurs fronts ni engager leurs troupes déjà très éprouvées dans des guerres d'usure, et tout aussi aléatoires qui plus est. D'où tout l'intérêt porté aujourd'hui à l'Algérie qui possède déjà sur place hommes et logistique militaire.
D'aucuns affirment que les Etats-Unis avec leurs drones et leurs satellites ne sont jamais loin. Outre les satellites espions, les Etats-Unis utilisent des avions de reconnaissance Orion P3. On estime que c'est une manière intelligente de mener une guerre de loin, sans avoir à déplorer des pertes, et en faisant impliquer d'autres parties dont les intérêts corroborent les leurs. C'est ce qu'on appelle en stratégie militaire «disposer de troupes sur place».
Un haut fonctionnaire de l'armée américaine avait déclaré récemment que «les Etats-Unis projettent de dépenser des centaines de millions de dollars, les prochaines années, dans huit pays du Maghreb et du Sahel». Le début de cette action est un programme de 7,5 millions de dollars, concocté par le Pentagone, la CIA et le département d'Etat américain pour assister les armées des huit pays dans le cadre de la lutte antiterroriste. Un budget de commencement, qui, assure-t-on du côté du Pentagone, «pourra dépasser les 100 millions avant la fin 2006». L'opération permet de fournir à l'Algérie, à la Mauritanie, au Mali, au Tchad, au Maroc, au Niger, à la Tunisie et au Sénégal «et peut-être même à la Libye» (si l'on en croit les dires d'un haut responsable de l'armée américaine stationnée dans la région du Maghreb sous commandement français) des moyens de communication et des systèmes de vision nocturne, ainsi que des équipements radar et des renseignements. Le début des manoeuvres militaires est prévu entre le 18 et le 21 mars 2006 au large des côtes marocaines avant de pousser plus loin dans le désert couvrant toute la région du Sahel. Le PSI s'étend sur un programme bien défini qui compte des exercices d'entraînement et de formation pour toutes les armées des pays concernés sous le même commandement américain avec «l'appui de quelques unités dont les têtes de pont sont déjà stationnées en Mauritanie».
«Zone-grise» par excellence
Pour le colonel Victor Nelson, de l'armée de terre américaine, l'Initiative Pan-Sahel (PSI), est un partenariat qui porte sur la formation de militaires des pays de la région. L'opération encourage la coopération «sahélo-maghrébine en matière de lutte contre le terrorisme». «La PSI est un outil important de la guerre contre le terrorisme et a beaucoup fait pour renforcer les liens dans une région que nous avions largement ignorée par le passé et notamment entre l'Algérie et le Mali, le Niger et le Tchad», explique le colonel Nelson, le responsable de ce programme pour le Bureau du ministère de la Défense chargé des questions liées à la sécurité internationale. «Nous disons depuis longtemps que si la pression devient trop dure pour les terroristes en Afghanistan, au Pakistan, en Irak et ailleurs, ils trouveront de nouveaux endroits où travailler, et les régions du Sahel et du Maghreb font partie de ces endroits. Considérant les ressources dont nous disposons, nous faisons le maximum pour mener à bien la lutte mondiale contre le terrorisme et la PSI est l'un des projets qui ont vu le jour grâce à ces efforts», ajoute le colonel Nelson, qui a été, rappelons-le, attaché militaire à Abuja et qui a participé à l'organisation de l'opération «Focus Relief» (OFR), un partenariat couronné de succès en vertu duquel plusieurs bataillons de l'armée nigériane ont été entraînés pour des missions d'urgence de maintien de la paix en Sierra Leone durant l'automne 2001. C'est dire que le projet a été destiné à un homme qui connaît le terrain. Aujourd'hui, le colonel Nelson se concentre sur la PSI, qui est gérée par le département d'Etat et qui utilise des membres des forces spéciales américaines basées en Allemagne pour renforcer le professionnalisme des forces de sécurité du Mali, du Niger, du Tchad et de la Mauritanie, du Maroc, de l'Algérie et de la Tunisie. Le programme comprend une formation de base sur le maniement d'armes, la planification, les communications, la navigation terrestre, la conduite de patrouilles et l'apport de soins médicaux. L'objectif, a précisé le colonel Nelson, est d'aider les pays du Sahel et du Maghreb, qui couvrent une zone pratiquement égale à la superficie des Etats-Unis, à patrouiller les routes empruntées depuis toujours par les commerçants, mais qu'utilisent aujourd'hui les terroristes.
«Il suffit de regarder de quoi est faite la région du Sahel et le sud du Maghreb. C'est une région reculée dont de nombreuses parties restent sans gouvernement. C'est une zone utilisée traditionnellement pour le passage de contrebande sur une vaste échelle, marchandises illicites et armes entre autres. Elle suscite naturellement l'intérêt des terroristes pour qui de tels endroits se révèlent propices à la conduite de leurs activités». Selon lui, la collaboration entre les pays du Sahel et l'Algérie et le Maroc s'est accrue après l'organisation, par le Centre africain d'études stratégiques (African Center for Strategic Studies, Acss), en 2003 à Bamako, d'un atelier portant sur la lutte contre le terrorisme. «Nous y avons invité des responsables aussi bien du Sahel que du Maghreb et avons insisté sur le fait qu'ils devaient coopérer afin de lutter contre les bandits, les contrebandiers et les terroristes qui se servent des zones frontalières à leurs dépens». Il a précisé qu'un des résultats de cette coopération avait été la récente participation de forces ayant suivi un entraînement offert dans le cadre de la PSI à une opération couronnée de succès contre le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc) basé en Algérie, une organisation islamiste militante liée à Al Qaîda. Son chef, Abderrezak El Para a été reconnu coupable de l'enlèvement de 32 touristes dans le désert. «En ouvrant la porte à la coopération régionale et sous-régionale, la PSI et les six compagnies (de soldats) à la formation desquelles elle a participé ont obtenu des résultats sur le terrain contre le Gspc», a fait remarquer le colonel Nelson. Dans la même optique, il faut prendre en considération l'apport du général Charles Wald qui après avoir effectué une tournée qui l'a mené en Algérie, en Afrique du Sud, au Nigeria et au Gabon, en sa qualité de commandant en chef-adjoint des forces américaines en Europe (Ecom), dont l'état-major coiffe le Maghreb et le Sahel, a prévenu que des membres d'Al Qaîda cherchent à s'établir dans les régions subsahariennes incontrôlées, notamment, «dans la partie nord de l'Afrique, au Sahel et au Maghreb. Ils cherchent un sanctuaire comme en Afghanistan lorsque les Talibans étaient au pouvoir. Ils ont besoin d'un endroit stable pour s'équiper, s'organiser et recruter de nouveaux membres».
Hormis ces impératifs qui se situent aux frontières sud, l'Algérie aura aussi, à terme, à sa charge, de sécuriser le littoral méditerranéen. Des sources à l'Otan avaient parlé il y a quelques mois d'impliquer l'Algérie dans la sécurisation de la berge sud de la Méditerranée. Arguant que des attaques terroristes pourraient facilement emprunter ce passage pour se retrouver en Atlantique, donc, aux portes des Etats-Unis, le mieux était de couper le passage en faisant participer une force locale «déjà sur place et amie». Les multiples exercices et manoeuvres militaires navals opérés en Méditerranée entre la marine algérienne et les Forces multinationales de l'Otan depuis 2001 tendent déjà vers cette implication directe dans la sécurité du bassin méditerranéen, d'autant plus que tous les exercices avaient porté sur le contrôle, le repérage et l'interception des navires marchands. Autre indication de taille : d'ici à l'horizon 2008, il est de plus en plus question d'escorter les pétroliers depuis le point de vente jusqu'au pays acheteur. Il ne sera plus question de vendre, mais surtout que la marchandise arrive à bon port et ne tombe pas entre les mains de pirates qui pourraient s'en servir comme d'une véritable bombe flottante. Si cela se précise, il s'agira pour les navires patrouilleurs de se doter d'une nouvelle mission, économique et rentable. Et c'est justement la stratégie économique qui est en train de se dessiner pour l'avenir des navires de guerre.


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