S'il fallait une preuve de la férocité du système colonial et de son refus par l'opinion publique française, il suffit de se référer aux résultats du référendum sur l'indépendance de l'Algérie organisé en métropole, le 8 avril 1962. Les Français ont voté à 90,80% en faveur de l'autodétermination du peuple algérien. Le système colonial était battu en France même par une écrasante majorité du peuple. Ce bel exemple traduit le rejet populaire d'un système injuste et raciste. Il faut savoir que deux mois plus tôt, le 8 février 1962, ce même système a fait la preuve de sa cruauté envers la population française qui a manifesté son soutien à l'indépendance de l'Algérie et contre les crimes de l'OAS. Neuf personnes, au moins, ont été tuées, ce jour, par la police française. Les nostalgiques de l'Algérie française ont étouffé ce fait de l'Histoire, parce qu'il les montre sous leur vrai visage. Soixante ans après ces douloureux événements, le président Emmanuel Macron rétablit la vérité historique en rendant hommage aux victimes de ce double crime historique, d'abord en raison des meurtres de jeunes Français et aussi à cause de l'occultation d'une page de l'Histoire de France. C'est le premier chef de l'Etat français qui entreprend cet acte mémoriel, nécessaire pour que le peuple français sache vraiment ce qu'a été le système colonial. «Le 8 février 1962, une manifestation unitaire a été organisée à Paris pour la paix et l'indépendance en Algérie et contre les attentats de l'OAS. Elle a été violemment réprimée par la police: 9 personnes ont perdu la vie, plusieurs centaines furent blessés», a écrit Emmanuel Macron dans un message, commémorant cette date, jamais citée par ses prédécesseurs. «Soixante ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes et de leurs familles», ajoute-t-il. Cet acte, faut-il le souligner, courageux, puisqu'il tord le cou à une lecture biaisée de l'Histoire de la colonisation française en Algérie, «s'inscrit dans une démarche globale de reconnaissance de toutes les mémoires liées à la guerre d'Algérie et qui vise à construire cette mémoire commune», précise l'entourage du président Macron. Ces Français morts parce qu'ils dénonçaient le système colonial, ont rejoint les milliers d'Algériens assassinés par la police française, le 17 octobre 1961 et qui ont vu le président Macron leur rendre hommage aux 60ème anniversaire des massacres, le 16 octobre 2021. Affirmant que ces «crimes» commis «sous l'autorité de Maurice Papon» sont «inexcusables pour la République», le chef de l'Etat français condamnait par la même une colonisation brutale et criminelle. La liste de ces meurtres est très longue et si les victimes du métro de Charonne sont enfin reconnues dans leur combat, il reste d'innombrables autres «fantômes» qui viendront hanter les Zemmour et compagnie qui continuent à célébrer le crime contre l'humanité, perpétré au nom de Français et à leur insu. Parmi ces crimes commis au coeur de Paris, on citera ceux perpétrés lors de la manifestation du 14 juillet 1953 à Paris, organisée par la CGT et à laquelle ont pris part des militants du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD). Ce jour-la des militants y ont laissé la vie dont un Français. Quelque 50 blessés graves ont également été enregistrés. C'est dire que le travail mémoriel qu'abat Macron est salutaire pour l'Histoire de France, dont l'opinion doit absolument savoir ce qui a été fait en son nom et occulté pour les besoins d'une grappe d'individus, sans honneur, aujourd'hui représentés à la présidentielle française, vantant sans vergogne un passé crapuleux sur lequel la génération des Français de 1962 avait déjà craché.