Le 15 mai, à 16h30, à la direction de la Protection civile de Tebessa, un groupe de hauts gradés de ce corps constitué ont tenu une réunion assez spéciale; une rencontre destinée à apporter les dernières touches au lancement d'une manoeuvre anti-inondations, un risque majeur auquel la région affiche une forte vulnérabilité. D'ailleurs, il a plu des cordes, pendant plus de 24h. «Les précipitations avaient atteint les 50 cm dans de nombreuses localités», a-t-on appris du directeur de la PC, Akli Aït Mhand. La remontée des eaux a encerclé de nombreux citoyens dans leurs habitations, selon le dernier point de situation de la DPC. «La situation a été maîtrisée et aucune victime n'a été déplorée, après l'intervention rapide des secouristes», a rassuré le même responsable. Dénouement certes, cependant, il n'est pas question de laisser passer une pareille occasion d'anticiper la survenue d'une catastrophe. «Messieurs dames, je vous remercie pour vos efforts engagés dans le cadre de l'application de la simulation anti-incendie. Vous avez été à la hauteur. Nous allons enchaîner avec une simulation de déclenchement du plan Orsec anti-inondations». Cette directive est du colonel Moulay Khelifa, directeur de l'organisation et de la coordination des secours (Docs) à la Dgpc, le premier responsable qui chapeaute ce genre de grandes opérations. Planc Orsec Ce décideur a, en application des instructions du DG de la Protection civile, jugé utile d'improviser une deuxième manoeuvre à laquelle ont pris part les détachements de renfort de première intervention (Drpi) d'El Oued et d'Oum El Bouaghi, mobilisés depuis plus de 48 h. Ces derniers sont venus, selon le scénario de l'exercice de simulation, appuyer leurs collègues de Tébessa. Pas moins de 700 secouristes de divers grades participeront à ladite manoeuvre. Tout a commencé à 20h au Centre de coordination opérationnelle (CCO) de la wilaya de Tebessa, relevant de la DPC. Un bulletin faisant état d'averses orageuses qui affecteront la région. La quantité de pluie estimée atteindra entre 40 et 60 mm, plaçant ainsi la wilaya en vigilance orange. Les pluies seront également accompagnées de vents forts allant jusqu'à 60 km/h. Aussi, le BMS a fait état de chutes de neige qui affecteront les reliefs dépassant 900 mètres d'altitude. Le message a été ensuite, communiqué à toutes les unités qui ont été mises en alerte. La nuit était pluvieuse et tous les sapeurs-pompiers de garde étaient réquisitionnés pour un suivi permanent de la situation. Les heures passent. Le couperet tombe à 4h du matin; les premiers appels annoncent la montée des eaux pluviales et les eaux d'Oued Nakes. 15 minutes après, les premières chutes de neige sont signalées. L'heure etait ainsi venue d'envoyer les premiers secouristes en reconnaissance. Les averses se poursuivent. À 5h du matin, le point de la situation fait état de plusieurs daïras submergées par les eaux. «La circulation routière est difficile au niveau de plusieurs tronçons routiers», affirme un message transmis par radio, au directeur de la PC. Celui-ci décide de mobiliser les deux tiers des moyens des unités secondaires. Les unités d'intervention sont dépêchées aux zones signalées pour mettre en place les premières mesures. Les motopompes sont engagées. «C'est ce qu'il faudrait faire afin de permettre d'engager le reste des moyens matériels au cas où d'autres régions sont touchées», a expliqué le Docs. Le radio sonne une nouvelle fois. Des agents de sécurité de la zone industrielle où se trouve le siège de la Sonelgaz demandent de l'aide. Le parc est submergé et les eaux pluviales ont atteint plusieurs maisons. La panique s'installe chez les familles. Quelques minutes plus tard, le dispositif de surveillance et de pompage des eaux est mis en place. La situation s'aggrave avec les chutes de neige et de pluies orageuses, ce qui complique davantage la mission des sauveteurs. On demande du renfort en moyens matériels et humains. L'appel est ensuite lancé pour l'envoi de renforts des Drpi d'Oum El Bouaghi et d'El Oued. À 7h10, le DPC ordonne la mise en place du Poste de commandement opérationnel de coordination (Pcoc). C'est d'ici que seront suivies toutes les opérations menées sur le terrain. À 7h 15 minutes, une autre alerte est reçue. Une vingtaine d'élèves à bord d'un bus scolaire sont coincés par la neige. Pas de temps à perdre, le chef de l'unité principale contacte le détachement de l'ANP situé à proximité de la route. Le détachement dispose de chasse-neige afin d'escorter les sauveteurs et évacuer les gosses en toute sécurité. La fin a été heureuse pour ces derniers, mais pas pour d'autres victimes, à l'instar de deux enfants emportés par les crues de l'oued Nakes, à la daïra de Tébessa, comme prévu par le scénario. C'est l'une des plus touchées par les intempéries. Il n'y a plus de temps à perdre. À 8h15, le DPC informe le wali, Saïd Khalil, de la situation et ce dernier ne tarde pas à déclencher le plan Orsec. Son chef de cabinet informe les autres secteurs et les institutions spécialisées et impliquées dans la mise en oeuvre dudit plan. Les coups de fil s'enchaînent et tout se met en branle au niveau du Pcoc, pour permettre une répartition des tâches qui seront coordonnées, sur le terrain par les sauveteurs. Les militaires, les gendarmes et les policiers débarquent rapidement sur les lieux, munis des moyens matériels nécessaires. Avant de partir sur les sites d'intervention, le wali a tenu à inspecter le déroulement de la manoeuvre au niveau du Pcoc, en sa qualité de premier responsable du plan Orsec. Coincés dans la neige L'exercice de simulation anti-inondations a été une manière de démontrer la force de frappe des acteurs engagés dans ledit plan. Les unités spécialisées de la PC ont été également déployées, dont le Grimp, les plongeurs professionnels et les brigades cynotechniques. Tout le monde était engagé, hier, dans un plan bien ficelé pour limiter les dégâts occasionnés par les intempéries. La neige a causé d'importants désagréments, dont le blocage d'une route à la daïra d'Elma Labiad. La coordination entre les intervenants était intacte pour faire face à la catastrophe. Le déclenchement du plan Orsec leur a permis une prise de contact inédite. Une harmonisation qui a permis de faire renaître l'espoir après le passage fulgurant des eaux pluviales. La neige, tombée en abondance, n'a pas empêché les sapeurs-pompiers de regagner un village où une femme enceinte était sur le point d'accoucher. Les sauveteurs ont dû parcourir une distance de quatre km à pied, dans des conditions extrêmement difficiles pour arriver chez elle. Les cris de douleur des contractions se sont transformées en cris de joie poussés, cette fois-ci, par... le papa. Un beau bébé est né. Une simulation pour cette fois, mais cette scène a été vue et revue à plusieurs reprises lors des interventions de sauvetage de nos vaillants secouristes et d'autres acteurs impliqués et qui répondent présent à l'appel de notre chère patrie.