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Le terrorisme est-il une fatalité?
KABYLIE
Publié dans L'Expression le 07 - 03 - 2007

Aujourd'hui, les choses changent, et le maillage sécuritaire est tel que les groupes armés se déplacent très difficilement.
Sidérés, abattus, souvent en colère et ployant sous l'angoisse et la peur, les citoyens vivent, ces derniers temps, l'escalade de la violence en Kabylie avec circonspection, et la violence hante les esprits. Les explications des uns et des autres se heurtent à des schémas assez simplistes, mais le raisonnement populaire semble mieux tenir la route. En l'absence d'explications officielles basées sur des enquêtes scientifiquement menées, les populations s'essaient à expliquer cette hausse des actes de violence par la conjugaison de plusieurs facteurs, dont le relief de la wilaya parsemé de massifs forestiers propices à l'aménagement des caches et autres abris, et aussi, il faut le souligner, à cette «répugnance» de la majeure partie des populations, notamment les paysans habitant les localités isolées, à coopérer avec les services de sécurité.
Les explications des uns et des autres
Avec cette montée en cadence de la violence et ces attentats qui, pour l'heure, il est vrai, ne ciblent que les forces de l'ordre, les citoyens sont interpellés. En effet, si jusqu'à présent, ces violences ne ciblent que les forces de sécurité, les gens commencent par se dire: «De quoi demain sera-t-il fait?» Les populations approchées, après notamment l'assassinat des sept gendarmes et le chapelet de voitures piégées ayant secoué la région, disent clairement leur peur et leur angoisse.
C'est ainsi que Dda Akli, un ancien moudjahid de la première heure, dira: «J'habite une localité isolée. C'est vrai que jusqu'à maintenant, personne ne m'a approché, et nous vivons tranquilles dans notre hameau, carrément oublié de tous.» Ensuite, Dda Akli d'ajouter que «les autorités en charge de la sécurité, et principalement la gendarmerie, ont été souvent empêchées d'agir au moment opportun. Certes, des explications rationnelles existent. Des agents de ce corps de sécurité s'étaient conduits comme au Far West et ont largement dépassé leurs prérogatives. Aussi, les citoyens n'arrivent plus à croire que ce corps ait fait réellement sa mue. Alors que de fait, beaucoup de gendarmes ont été exclus de ce corps et des sanctions prises à l'encontre des fautifs.»
On a essayé d'approcher le groupement de la gendarmerie, et en l'absence du colonel sur le terrain, le commandant nous explique qu'il ne lui appartient pas de parler à la presse. Cependant, pour ce jeune et dynamique commandant, «les récents attentats visaient la gendarmerie parce que ce corps est un symbole, et ceux qui profitent de pareille situation, pensent que c'est tellement facile d'éliminer la gendarmerie. Sachez que, malgré toutes les avanies, la gendarmerie reste et restera au service du citoyen».
On a ainsi compris, et le commandant semble le confirmer, que ce corps s'achemine vers un net redéploiement de sa présence dans cette région. Le commandant, comprenant notre gêne, ajoutera et avec une certaine retenue: «Ces attentats ne font que renforcer notre détermination à lutter contre le terrorisme et contre toute déviance. La gendarmerie se redéploiera, sans aucun doute, et sortira de cette réserve qui, finalement, sanctionne plus le citoyen.» Les responsables politiques locaux affirment, quant à eux, et dans leur quasi-totalité, que «les partis ne peuvent rien faire. La meilleure des actions est de sensibiliser les citoyens, mais la sécurité est l'affaire des services de sécurité». Tous les partis, évidemment, insistent pour condamner les dernières actions de violence. Les populations, elles, ne savent plus à quel saint se vouer, elles ont peur et le disent, mais ne veulent surtout pas céder devant cette montée de la violence et affirment «continuer à vivre normalement en prenant quelques précautions tout de même».
Les jeunes, eux, ne décolèrent toujours pas, et affirment haut et clair que «les premiers responsables de ce qui se passe, ce sont bien sûr ces agents des forces de sécurité qui brutalisent et se permettent bien des choses avec tous, et notamment les jeunes gens». Karim, un jeune homme qui a fait partie de la protesta du Printemps noir, dira: «Ce n'est pas parce que l'on a manifesté son ras-le-bol des dépassements, que l'on est pour les terroristes, mais de vous à moi, certains comportements des forces de sécurité exigent carrément une révolution.» En Kabylie, les gens sont très susceptibles et n'acceptent pas n'importe quoi.
Il est vrai que la majeure partie de la population a visité beaucoup de pays, notamment les pays européens, et se sont mis à comparer ce qui se passe là-bas et ce qui est vécu ici. Tarik, qui a vécu longtemps en Hollande, s'invite au dialogue et trouve «une grande différence entre la Hollande et notre pays qui, pourtant, clame à qui veut l'entendre, vouloir faire dans la démocratisation». Puis, et après avoir fait une longue digression pour évoquer les divers problèmes, des villages et hameaux isolés notamment, finit en disant: «Les gendarmes étaient mal vus et c'est normal. Ils se sont mal comportés avec les gens et pour eux, du moins pour certains d'entre eux, un jeune est taillable et corvéable à merci. Vous savez, j'ai fait l'amère expérience avec un gendarme, je ne sais ce qu'il est devenu.
Ce gendarme a, de facto, et sous la menace, réquisitionné mon véhicule pour faire ses propres courses, et dites-moi quel moyen utiliser contre ce genre de dépassement? C'est un peu tout cela qui a fait la colère du Printemps noir, sans oublier tous ces jeunes gens morts pour avoir dit ce qu'ils pensaient.» Plus posés, les vieux font la part des choses, et un vieil homme, se rappelant la guerre de l'Indépendance, dira: «Entre hier et aujourd'hui, la différence est nette. Je ne cache pas que le comportement de ces agents fait mal, mais à choisir entre un gendarme et un terroriste, le choix est vite fait.» Par contre, de la police, les gens ne disent mot, bien au contraire. Il semble que le fait que la majeure partie des policiers soit du cru explique cette différence de comportement. Autant le gendarme, dit-on, avait un comportement pour le moins déplorable, autant le policier se montrait plus proche de la population.
Quand on explique aux citoyens que ce corps a fait réellement sa mue et qu'à un certain moment, les exigences de la lutte contre le terrorisme ont fait que la formation était assez bâclée ou du moins incomplète, et que les nouveaux gendarmes sont, dans une large majorité, des diplômés de l'enseignement supérieur, l'on vous répond: «On ne demande qu'à voir. Mais les habitudes sont une seconde nature.»
La complexité de ces «relations» entre les forces de sécurité et les populations, certes trop vite cernées pour être une étude exhaustive, il est bon de revenir sur le relief de cette wilaya qui fait, et à son corps défendant, qu'elle soit une sorte de «havre» pour les groupes armés.
Le relief, source de problèmes
La Kabylie est, en majorité, montagneuse et couverte de massifs forestiers. Des massifs qui ont servi de base-arrière aux troupes de l'ALN et investis, durant la tragédie nationale, par les éléments armés. Des cavernes quasi imprenables et des abris datant de l'époque libératrice existent en beaucoup d'endroits, et les éléments armés les exploitent. C'est, en effet, dans ces lieux que les terroristes préparent leurs engins explosifs et se réfugient en y soignant leurs blessés.
Conscients de la mentalité des paysans de la région, les éléments armés évitent les villages et les hameaux, car ils savent très bien qu'ils ne sont pas les bienvenus. La majorité des populations ayant opté, dès l'ouverture démocratique, pour les forces démocratiques. La preuve est justement dans la faiblesse des partis «islamistes» dans la région. Donc, les paysans qui tiennent, avant tout, à la tranquillité, croient pouvoir continuer à vivre dans cette atmosphère tant qu'ils ne signalent pas les passages et autres incursions terroristes. Pour eux, tant que ces terroristes ne s'en prennent pas aux civils, le reste est du ressort des services de sécurité.
Il a fallu bien du temps pour voir des paysans signaler les passages et la présence de ces groupes armés aux forces de l'ordre. Entre-temps, l'argent étant «le nerf de la guerre», les groupes armés ont réussi à embobiner des jeunes gens qui, sous l'appât du gain, se sont retrouvés embrigadés dans des réseaux de soutien et autres réseaux dormants. Tout cela joint ensemble a donné une certaine avance aux groupes armés qui, un certain temps, se «promenaient quasi librement en certaines régions».
Il a fallu que les anciens moudjahidine d'abord, et ensuite les forces politiques démocratiques fassent tout un travail d'explication, pour que les civils penchent vers urne franche collaboration avec les forces de l'ordre. Désormais, des comités de renseignements existent et, selon des sources, font un travail remarquable. Mais là encore, bien des gens ont de fortes appréhensions. Omar, un fellah habitant les environs de Baghlia, explique: «Il fut un temps où des paysans payaient la dîme rien que pour être tranquilles. Ils ne disaient rien pour avoir la paix et les éléments armés ont cru avoir, ce faisant, la haute main sur les populations.»
Aujourd'hui, les choses changent, et le maillage sécuritaire est tel que les groupes armés se déplacent très difficilement. Comme il y a lieu de noter ces diverses opérations de ratissage et ces sorties des forces de l'ordre qui ciblent la plupart des massifs forestiers et des maquis de la région. La véritable révolution à faire semble être ailleurs.
Certes, la lutte contre le terrorisme se doit d'être menée sur tous les fronts. Mais la lutte contre le chômage doit passer en priorité. Un développement bien réfléchi et des investissements de l'Etat, pour compenser, dans un premier temps, la faiblesse de l'investissement public, joints à une lutte implacable contre les éléments armés semblent les mesures les plus à même de réduire, sinon d'extirper le fléau de la violence.
Un jeune qui a un travail et qui aspire à avoir un logement ne saurait se laisser aller à des tentatives de collaboration avec les éléments armés, quand bien même l'appât du gain lui est miroité. La Kabylie a trop longtemps souffert et attend de l'Etat une aide sérieuse, à même de faire redécoller son économie. Il n'est pas question, cependant, de relâcher la vigilance et «les populations sont interpellées afin que leur collaboration soit franche et entière», diront plusieurs citoyens approchés.
Il semble que la Kabylie attend une sorte de plan Marshall, mais un plan de soutien économique expurgé de toute vision partisane et aussi une administration plus efficace et en mesure de répondre sérieusement aux aspirations des populations.


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