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«L'école algérienne n'est pas génératrice de terrorisme»
BOUBAKEUR BENBOUZID, À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 15 - 09 - 2007

Le ministre de l'Education nationale estime qu'«il est normal que la réforme de l'école donne lieu à un débat contradictoire». Il affirme néanmoins, que le bilan effectué de la mise en oeuvre des réformes au 31 décembre fait ressortir un état d'avancement «tout à fait satisfaisant».
L'Expression: 7.670.000 élèves reprennent le chemin de l'école aujourd'hui. Cette année encore, l'Ecole algérienne évoluera au rythme des réformes. 39 nouveaux programmes et 35 nouveaux titres seront introduits dans le système éducatif. En votre qualité de premier responsable de l'Education nationale, comment appréhendez-vous cette rentrée? Et quelle est la situation du secteur?
Boubakeur Benbouzid: Permettez-moi tout d'abord, de vous remercier de l'hospitalité dont fait montre à mon égard votre quotidien cette année encore, en m'accueillant dans ses colonnes. Je commence par confirmer et compléter quelque peu les données quantitatives concernant le secteur et que vous avez bien voulu mentionner dans votre question. En effet, cette année, l'école accueille 7.765.000 élèves, dont 606.000 enfants de 6 ans qui font leur première rentrée scolaire. Cet effectif imposant, qui correspond au quart de la population totale résidente, est encadré par 386.000 enseignants et 138.000 personnels administratifs et de service, soit un total de 524.000 fonctionnaires correspondant à 40% de l'effectif total de la Fonction publique. Ces élèves sont accueillis dans 24.500 établissements scolaires, tous niveaux d'enseignement confondus. Vous avez également évoqué les programmes et manuels scolaires, dont la mise en place entamée en 2003-2004 est à sa dernière année et touche les classes de 5e année primaire et de 3e année secondaire. Ce sont pas moins de 185 programmes et 151 titres de manuels réalisés et mis en usage (dont respectivement 39 et 35 à la présente année scolaire). Ces chiffres témoignent de l'importance des efforts consentis par l'Etat au secteur de l'Education nationale pour lui permettre d'assurer la formation des générations montantes, des citoyens de demain, dans de bonnes conditions de vie et de travail et sur des bases pédagogiques conformes aux standards internationaux reconnus. La manière dont j'appréhende cette rentrée, à la lumière du tableau que je viens d'esquisser sur la situation du secteur, se caractérise par la sérénité qui prévaut et qui doit continuer à prévaloir aux différents niveaux de responsabilité de mon département ministériel. Mais il s'agit d'une sérénité à la fois vigilante et industrieuse, car la mise en place des mesures de réforme aux 12 niveaux du cursus scolaire (de la 1re AP à la 3e AS), ne veut pas dire que la réforme est parachevée. Bien au contraire, les bilans d'étape et les évaluations préliminaires, favorables dans l'ensemble, les résultats aux examens, satisfaisants, nous incitent à persévérer dans nos efforts et à nous engager résolument dans la voie de la réussite et ce à travers une prise en charge efficace de tous les prolongements induits par la réforme, notamment en matière d'évaluation des différents facteurs de la situation didactique et d'introduction des mesures correctives subséquentes les mieux à même de nous permettre d'atteindre à moyen terme les objectifs que nous nous sommes fixés.
La réforme du système éducatif soulève un débat contradictoire entre ceux qui font l'éloge des changements apportés sur les programmes scolaires, et une autre partie qui met en garde contre la précipitation enregistrée dans l'application des recommandations de la Commission nationale de la réforme du système éducatif. Quel bilan faites-vous de ces premières années de la réforme?
Il est tout à fait normal qu'un enjeu aussi stratégique que la réforme du système éducatif donne lieu à un débat contradictoire. Cela témoigne de la vitalité du processus démocratique et du pluralisme politique que le pays a choisis pour remodeler l'ossature et les contours de son projet de société, d'autant plus que, quelque passionné qu'il fût, il est resté dans les limites du respect de toutes les sensibilités et des convenances du dialogue civilisé. Le contraire eût été plus qu'étonnant, inquiétant: l'absence de débat contradictoire aurait été le signe soit du conformisme docile au diktat de la pensée unique, soit de démission civique qui se manifeste par le désintéressement total de la vie de la société et de la chose publique.
Des antagonismes ont effectivement été observés à propos de la réorganisation des programmes et de leurs fondements conceptuels. N'est-il pas normal que, dans ce domaine aussi, il y ait pluralité de courants et d'écoles? Les conflits d'écoles de pensée continueront d'exister jusqu'à la fin des temps. Nous avons introduit l'approche par les compétences, comme un certain nombre de pays, y compris la majorité des Etats de l'Union du Maghreb arabe; nos programmes antérieurs étaient basés sur l'approche par les objectifs. Il n'y a pas de rupture brusque entre les deux approches qui, au demeurant, sont toutes deux issues de cognitivisme; par rapport à l'approche par les objectifs, l'approche par les compétences associe l'apprenant à la construction de ses apprentissages mais ne se contente pas de l'atteinte des objectifs en termes d'acquisition de connaissances nouvelles, elle va plus loin et se propose de développer chez l'apprenant la capacité de mobiliser ces connaissances, les intégrer entre elles et avec d'autres ressources et de les réinvestir pour résoudre des situations-problèmes complexes inédites.
Quant à la précipitation dans l'application des recommandations de la Cnrse mentionnée dans votre quotidien, permettez-moi de vous faire remarquer que la commission a terminé ses travaux en 2001, que ceux-ci ont donné lieu à un dossier qui a fait l'objet de quatre conseils de gouvernement couronnés par le conseil des ministres du 30 avril 2002, et que la mise en oeuvre de la réforme a été entamée en 2003-2004.
Il apparaît clairement que le processus de préparation du dossier de la réforme a bénéficié d'une période de décantation suffisante.
Nous avons effectué un bilan à mi-parcours de la mise en oeuvre de la réforme au 31 décembre 2006; les évaluations préliminaires font ressortir un état d'avancement tout à fait satisfaisant au niveau des trois pôles concernés du système, à savoir:
-la refonte de la pédagogie, qui s'est traduite par l'implantation de nouveaux programmes et de nouveaux moyens d'enseignement, l'introduction de l'informatique et de l'utilisation de ses applications à la pédagogie;
-la formation des enseignants, qui a concerné en premier lieu la familiarisation et l'adaptation à l'utilisation des nouveaux moyens, méthodes et techniques d'enseignement, en second lieu l'amélioration du niveau académique des maîtres du primaire et des professeurs du moyen, dans le cadre d'un programme pluriannuel devant toucher au total 214.000 enseignants au bout de la course (pour la présente année scolaire, les effectifs «dans le pipe» se chiffreront à 37.000 en 1re année, 50.000 en 2e année et 10.000 en 3e année, soit 97.000 au total);
-la réorganisation générale du système qui s'est traduite par:
la restructuration de l'enseignement fondamental de 9 ans en un enseignement primaire de 5 ans et un enseignement moyen de 4 ans (cette restructuration est accompagnée de la généralisation progressive de l'éducation préparatoire au profit des enfants âgés de 5 à 6 ans);
la restructuration de l'enseignement secondaire de 3 ans en 2 troncs communs en 1re AS (TC lettres et TC sciences et technologie) ouvrant sur 6 filières à partir de la 2e AS, organisées de manière à éviter toute spécialisation précoce, à consacrer la quasi-totalité du temps scolaire à la formation académique indispensable à la poursuite d'études supérieures et, aussi, de manière à assurer la meilleure cohésion possible avec le système LMD;
l'amélioration de la gestion grâce à la mise en place d'un dispositif fondé sur une démarche de projet impliquant tous les acteurs et sur l'obligation de résultats (projet de service pour les directions de l'éducation et projet d'établissement pour les écoles, les collèges et les lycées).
Cette mesure a largement contribué à l'amélioration des résultats aux examens scolaires. A titre d'exemple, ceux du baccalauréat qui, au cours de la période de mise en oeuvre de la réforme, malgré la suppression du rachat depuis 2001, ont franchi la barre des 40% en 2004, puis celle des 50% en 2006, sont source de satisfaction surtout lorsqu'on se souvient de la tristement célèbre session de 1993 qui n'avait enregistré qu'un taux de succès de 12%, dont plus de 60% étaient rachetés, ou des trois ou quatre sessions suivantes peinant à atteindre les 25%.
La formation des enseignants constitue l'épine dorsale de la réforme de l'Ecole algérienne. Pouvez-vous nous dire ce qu'a fait votre département dans ce domaine?
J'ai abordé partiellement cet aspect en répondant à votre deuxième question. Je vais donc y revenir pour donner quelques détails. J'aime bien la métaphore de «l'épine dorsale» à laquelle vous associez la formation des enseignants; en effet, l'Homme -le maître, le professeur- est l'élément déterminant de toute situation d'enseignement: le bon enseignant, c'est-à-dire celui qui jouit d'une formation solide et de qualités professionnelles éprouvées, obtient toujours de bons résultats dans ses classes, même si l'organisation scolaire et les moyens d'enseignement sont médiocres.
L'inverse n'est pas vrai. C'est pourquoi la stratégie de la réforme a retenu la formation comme pôle majeur d'intérêt et l'a placée comme première priorité -ce dont nous avons tenu compte dans notre démarche et nos décisions.
Ainsi, pour la formation initiale, la qualification de niveau universitaire est une exigence pour tout futur enseignant quel que soit le niveau d'affectation:
le maître d'école suit un cursus de formation de Bac +3 au sein d'un Institut de formation et de perfectionnement des maîtres relevant administrativement du ministère de l'Education nationale, mais placé sous tutelle pédagogique du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique;
le professeur d'enseignement moyen et le professeur d'enseignement secondaire sont assujettis à un cursus de formation de Bac +4 et Bac +5 respectivement au sein des Ecoles normales supérieures, dépendant administrativement et pédagogiquement du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.
La conséquence logique de ces mesures sur les enseignants en exercice dans le primaire et le moyen a conduit le ministère de l'Education nationale à concevoir et mettre en oeuvre un dispositif de formation en cours d'emploi visant la mise à niveau de ces catégories d'enseignants par rapport à celui des profils ciblés par la réforme. La formation, à programmation pluriannuelle, se fait à distance et comporte des regroupements périodiques pour l'animation pédagogique, les travaux pratiques, les travaux dirigés et les évaluations; cette formation est prise en charge par les structures relevant du Mesrs pour les maîtres d'école. En plus de cette formation académique, tous les enseignants en poste participent aux journées pédagogiques et aux séminaires organisés périodiquement par le corps inspectoral sur des aspects divers liés à la profession.
La formation spécialisée concerne la préparation à l'agrégation, qui sera redynamisée à compter de la présente année scolaire, et la formation des personnels d'encadrement, notamment des chefs d'établissement qui, désormais, en plus de l'inscription sur les listes d'aptitude, sont soumis à un concours d'accès à la formation, laquelle formation deviendra progressivement résidentielle pour tous les corps de directeurs d'établissements scolaires.
La disponibilité en manuels scolaires se pose avec acuité à l'occasion de chaque rentrée scolaire. Le ministère de l'Education nationale est-il en mesure de répondre aux besoins de tous les élèves?
Je voudrais insister sur le fait que nous avons produit et diffusé plus de 100% des besoins nationaux en manuels. Ce sont 177 millions de manuels qui ont été produits et diffusés depuis le début de la mise en oeuvre de la réforme, dont 58 millions pour la présente année scolaire.
Je signale, au passage, que pour améliorer la distribution, le réseau de l'Office national des publications scolaires et ses centres régionaux de diffusion des documents pédagogiques de wilayas a été renforcé par l'ouverture de points de vente et l'agrément de 290 librairies privées, qui ont accepté la marge bénéficiaire proposée et se sont engagées à vendre les livres au même prix que l'Onps.
Je saisis l'occasion qui m'est donnée de parler du manuel scolaire pour mentionner les catégories d'élèves qui en bénéficient gratuitement.
Ce sont tous les élèves de 1re année primaire, les élèves de tous les niveaux issus de milieux défavorisés et recensés comme étant ceux qui bénéficient de l'indemnité de scolarité de 2000DA allouée par Son Excellence Monsieur le président de la République, l'ensemble des enfants des travailleurs du secteur de l'Education nationale.
Maintenant, avec tout cela, si au cours des premiers jours de la rentrée scolaire, malgré toutes les mesures prises et les instructions strictes que j'ai données à tous les responsables concernés, on signale des dysfonctionnements de plus ou moins grande importance, je réponds, dès aujourd'hui: il n'est de parfait que Dieu!
En tout état de cause, nul ne pourra me contredire sur le fait que la situation du manuel scolaire aujourd'hui est caractérisée par une disponibilité plus abondante que celle qui prévalait à l'époque où l'on ne produisait que 20 millions de manuels dans le meilleur des cas, que l'on dotait les établissements scolaires à hauteur de 40% à 70% de leurs besoins, que les élèves étaient contraints -pénurie oblige- de travailler à deux ou à plusieurs sur le même manuel, sans compter que, au plan qualitatif, ces manuels véhiculaient souvent des notions obsolètes, car ils survivaient aux changements de programmes.
Des syndicats autonomes ont déjà annoncé leur intention de faire une large consultation pour une mobilisation à partir du mois d'octobre, pour arracher un statut qui valorise la fonction enseignante et de recherche, afin de revendiquer une augmentation des salaires. Comment le ministère de l'Education nationale compte-t-il faire face à cette grogne qui devient une tradition à la veille de chaque rentrée?
Tout d'abord, permettez-moi de vous dire que cette grogne dont vous parlez, je ne l'ai pas vue, je ne l'ai pas entendue, je n'en ai pas déchiffré les signes annonciateurs dans le climat social ambiant. Néanmoins, si les syndicats veulent se concerter, faire des consultations, émettre des revendications, c'est leur affaire, c'est leur droit, je dirais même que c'est leur devoir dans la mesure où, en tant que représentants des travailleurs, ils en sont les porte-voix et agissent dans le respect des lois de la République et ne portent pas atteinte à l'ordre public. Maintenant, concernant la revendication d'un statut valorisant, l'ensemble des cadres du secteur, y compris le premier responsable, joignent leurs voix à la leur dans la mesure où le projet de loi d'orientation sur l'éducation, actuellement à l'étude au niveau de l'APN, consacre à cet aspect un article libellé comme suit:
«L'Etat garantit la disponibilité des ressources et des moyens nécessaires pour conférer aux personnels de l'Education nationale un statut moral, social et économique leur permettant de mener une vie digne et d'accomplir leur mission dans des conditions décentes.
Dans ce cadre, les statuts des personnels de l'éducation doivent mettre en évidence leurs spécificités et valoriser leur positionnement dans la hiérarchie des corps de la Fonction publique.»
Le statut particulier des travailleurs de l'éducation, dont le niveau de préparation est suffisamment avancé, l'augmentation des salaires et la nouvelle grille nationale de rémunération présentés au public par Monsieur le chef du gouvernement dans le cadre de la communication institutionnelle, vont tous dans le sens de cette valorisation tant souhaitée par la communauté éducative. Pour ma part, j'ai donné les instructions utiles pour que le nouveau statut des fonctionnaires de l'éducation soit finalisé avant la fin de cette année, afin que les nouveaux salaires - avec les augmentations - puissent être servis dès que possible.
L'année scolaire 2006-2007 a été marquée par une grande polémique autour des écoles privées. La situation s'est-elle améliorée cette année?
Au moment où vous posiez cette question, je faisais en même temps un effort de mémoire pour retrouver cette «grande polémique». Mon effort est vain, à moins que vous ne fassiez allusion à la décision de fermeture de deux écoles privées pour non-respect de dispositions légales et réglementaires, notamment celles relatives à l'obligation qui leur est faite d'utiliser les programmes nationaux et de dispenser les enseignements dans la langue nationale officielle, aux termes de la Constitution, et également langue d'enseignement, aux termes de la loi.
Si tel est le cas, je n'ai rien à rajouter car je n'ai pas compétence à discuter l'opportunité ou la pertinence d'une disposition constitutionnelle ou légale. A part ces cas isolés, les établissements privés d'éducation et d'enseignement fonctionnent bien et conformément à la loi.
La drogue, la violence, deux phénomènes qui semblent prendre de plus en plus d'ampleur ces dernières années au niveau de l'Ecole algérienne; que fait votre département pour lutter contre ces fléaux qui menacent à la fois l'élève, l'enseignant et la société en général?
Avant de répondre à cette question, je voudrais mettre en toile de fond 3 principes de sociologie de l'éducation:
1-la société agit sur l'école (l'école est le produit de la société).
2-l'école agit sur la société (on ne peut pas inférer, par analogie avec le premier principe, que «la société est le produit de l'école»).
3-l'école et la société interagissent et contribuent chacune à l'évolution de l'autre.
En posant ces principes, j'ai voulu démontrer que la question est biaisée dans la mesure où elle domicilie «l'ampleur des phénomènes de drogue et de violence» au niveau de l'école, ce qui implique par omission que la société en est exempte, n'est pas touchée et n'est pas responsable.
La suite de la question corrobore cette appréhension puisqu'on demande au ministre de l'Education ce qu'il va dire «pour lutter contre ces fléaux qui menacent l'élève, l'enseignant et la société en général». En d'autres termes, ce sont les maux venant de l'école qui contaminent la société et non l'inverse! C'est un peu comparable aux accusations proférées çà et là en leur temps contre l'Ecole algérienne génératrice de terrorisme, comme si les forces de sécurité chargées de combattre le terrorisme étaient formées ailleurs ou dans un monde virtuel.
Cette mise au point étant faite, je ne conteste pas le fait que la drogue et la violence constituent des menaces pour la société en général et l'école en particulier. Des dispositifs sont conçus et mis en oeuvre au niveau de différents services de l'Etat, notamment de la Sûreté nationale, de la Gendarmerie nationale, des Douanes et d'autres départements ministériels qui travaillent en étroite coordination pour créer les synergies nécessaires à même de juguler ces maux sociaux.
Concrètement, au niveau de l'Education nationale, les services de l'orientation scolaire jouent un rôle précieux dans la prévention de la violence et la contribution à la prise en charge des traumatismes psychiques induits par la violence; ceux de l'action sociale en matière de santé scolaire s'attellent au dépistage et à la prévention de la consommation de drogues; leur partenariat avec l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie fonctionne bien.
M.Boubekeur Benbouzid est à la tête du département de l'Education depuis plus de 10 ans. Que représente cela pour vous? Peut-on connaître le secret de cette longévité?
Je suis à la tête de l'Education depuis fin juin 1997, avec une interruption d'un peu moins d'une année correspondant à mon passage à la tête du ministère de la Jeunesse et des Sports. Pour moi, cela signifie ce que cela doit signifier pour un commis de l'Etat. En tant que commis de l'Etat, je crois avoir fait de mon mieux pour servir mon pays au poste auquel le président de la République m'a nommé. Il est de mon tempérament de m'investir sans réserve, souvent aux dépens de ma santé et de ma famille, dans la mission qui m'est confiée. Servir l'Algérie est pour moi un devoir, une fierté et un honneur. Servir l'Education est une source de satisfaction inépuisable et inestimable à l'idée que je me projette dans un avenir lointain à travers mes élèves et mes étudiants qui serviront à leur tour l'Algérie éternelle. Ce que j'ai donné à mon pays, ce que je donne encore, ce n'est rien en comparaison de ce qu'il m'a donné en contrepartie: la fierté de lui appartenir et l'engagement farouche à demeurer jalousement à son service.


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