Cette catégorie de la population est confrontée chaque jour à des problèmes, tel l'accès à certaines administrations publiques. Quelques manifestations par- ci, une ou deux expositions par-là, des discours de circonstance, une collation où on fait semblant d'être heureux et puis plus rien. Tout est remisé jusqu'à l'année prochaine. Le handicapé lui, se retrouve seul face à sa situation, à ses problèmes, à ses petites misères, à son chômage, un calvaire auquel il est soumis tous les jours tout en sachant que rien ne changera. L'espoir, il l'a perdu le jour où il a pris conscience de son handicap, le jour où il a découvert qu'il n'est pas tout à fait comme les autres, qu'il est différent, qu'il lui manque quelque chose; avec le temps, il a su qu'il est condamné à survivre avec cette disgrâce, la surmonter pour se prendre en charge et aller de l'avant. Ils sont 16.046 handicapés selon le dernier recensement de la Direction de l'action sociale à Annaba, 7175 sont handicapés moteur, 2072 sont non-voyants et 2021 sont sourd-muets, parmi eux des enfants en bas âge qui sont placés dans des établissements spécialisés comme le centre psycho-pédagogique ou les centres de formation professionnelle. Cette catégorie de la population est confrontée chaque jour à des problèmes qui, normalement, ne doivent pas se poser, tel l'accès à certaines administrations publiques où il n'y a pas d'accès aménagés, ce qui les amène à demander de l'aide aux autres; pour le transport, c'est toute une histoire, les bus ne sont pas équipés, les taxis reviennent trop cher et le handicapé doit se débrouiller tout seul pour aller d'un point à un autre. Certains sont amenés à restreindre leurs déplacements et préfèrent rester chez eux ou envoyer quelqu'un à leur place, ce qui, la plupart du temps, n'est pas accepté par les administrations qui exigent la présence de l'intéressé pour la délivrance d'un document. Ali, un handicapé moteur que nous avons rencontré, nous confie ce qu'il ressent; «Vous savez, nous sommes marginalisés, la société ne nous voit pas d'un bon oeil et parfois certains d'entre nous sont pris à partie par des enfants dans la rue, on nous traite de tous les noms et n'était l'intervention de personnes adultes, les choses dégénéreraient. J'ai un ami qui est nain, la dernière mésaventure qui lui est arrivé dépeint à elle seule toutes les difficultés qu'il rencontre. Il est allé se faire payer à la Poste. Quand on l'a appelé, et comme il avait une petite taille, le préposé ne l'a pas vu. On a du le porter à bout de bras pour que ce dernier puisse s'assurer de son identité. Normalement c'est à l'employé de se lever et de le voir, cela n'a pas été le cas. Ceci n'est qu'une situation parmi tant d'autres, nous passons notre vie à attendre que les choses changent, apparemment les mentalités n'ont pas évolué.» Pour l'emploi, si la DAS fait de son mieux pour insérer les handicapés dans la société en délivrant des contrats de préemploi ou en plaçant certains parmi eux dans des administrations ou des établissements, ce n'est pas le cas ailleurs et ce, malgré la loi n°02-09 du 8,5/02 qui stipule que toute entreprise est tenue d'employer un minimum de 1% de ses effectifs parmi cette catégorie. La réalité est tout autre et les employeurs font fi de cette loi sans que personne ne s'en inquiète. Rares sont les entreprises qui prennent en charge des handicapés, qu'ils soient diplômés ou qu'ils soient des proches. Pour les autres, tous les autres, c'est la galère, chacun se débrouille seul. On commerce dans l'informel, on fait de la couture ou dans l'artisanat, on devient écrivain public pour ceux diplômés des universités, on devient réparateur de produits électroménagers et on essaie de survivre dans cet environnement qui fait peu de cas des handicapés. L'Etat qui essaie tant bien que mal d'aider cette catégorie de la population ne peut à lui seul régler tous les problèmes. Toute la société devrait s'en occuper parce que tout simplement, nul n'est à l'abri, on peut devenir handicapé d'un jour à l'autre.