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«Cessons d'imiter les Japonais!»
ENTRETIEN AVEC MOHAMED ARAM
Publié dans L'Expression le 25 - 12 - 2007

«Que l'Algérien puisse s'y voir. Qu'il se miroite dans un dessin animé algérien, c'est ça l'objectif.»
Il est le fondateur du film d'animation en Algérie, spécialisé dans le dessin animé éducatif et à caractère didactique. Dans cet entretien, M.Mohamed Aram revient sur sa riche carrière, évoque son passé de plus de 100 dessins animés dont une partie en langue amazighe. Il donne ici, sa vision des choses sur cet art qui doit refléter, selon lui, la culture algérienne quand cela est fait par nos artistes. Un conflit de générations peut-être mais qui ne l'éloigne pas pour autant de son vif désir d'inculquer à tous ceux qui le veulent, les mécanismes du dessin animé, quitte à sillonner pour cela tout le pays par amour tout simplement pour cet art à part entière. Ecoutons-le.
L'Expression: Pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs?
Mohamed Aram: Je m'appelle Mohamed Aram, né le 3 avril 1934 à Hussein Dey. J'ai réalisé ma première bande dessinée au sein du journal Algérie Actualité. Cela s'appelait Une Sirène à Sidi Fredj. Puis j'ai créé le dessin animé à la télévision. J'étais accessoiriste. J'avais beaucoup de temps libre. J'ai créé pas moins de cinq dessins animés. Quand je suis sorti en retraite, tout a été informatisé, l'art de l'animation est devenu très facile. Avec un logiciel et un programmateur avec un micro-ordinateur, vous pouvez faire un dessin animé. J'ai réalisé plus de 100 dessins animés durant ma carrière. Vous les proposez à la télévision, ils vous disent «c'est bon, mais dommage que cela ne parle arabe ‘'fosha''». Je leur répond que je fais un film sur la drogue, le public ciblé est de 17 à 77 ans. Si on le fait en arabe classique, ça ne passera pas. Mes dessins animés en arabe dialectal n'ont pas été acceptés par la télévision. Si vous les faites en amazigh, on les accepte. J'ai livré à la télé plus de 35 films en amazigh en 2004. Je me suis demandé pourquoi accepte-t-on les uns et pas les autres. Aujourd'hui, je ne produits que des dessins animés en langue amazighe. Aussi, on vous les paie à un prix dérisoire, moins que le salaire d'une femme de ménage. Un dessinateur pour faire une minute, il lui faut 15 jours de travail, donc il ne peut pas faire plus de deux minutes par mois. Or, il est payé 4800DA la minute. Il faut pourtant encourager cet art. les premiers hommes quand ils ont constaté qu'ils n'étaient pas des animaux et qu'ils émettaient des sons, ils ont eu pour premier souci, comment communiquer avec autrui. Ils ont donc fait appel aux dessins pour nous parler de faune, de flore, d'eau, etc. Le dessin est ainsi un moyen de communication extraordinaire.
Que reprochez-vous à cette nouvelle génération d'artistes qui fait appel à l'ordinateur pour faire un film d'animation?
Je leur reproche une chose: pourquoi dessiner Manga? Il faut dessiner «algérien». C'est à l'image d'un artisan qui possède un atelier, au lieu de fabriquer des casseroles et des brouettes, il essaie de fabriquer un Boeing 727. Ce n'est pas possible. Il faut dessiner ce qui existe sur le marché. Zid Ya Bouzid est un personnage très simple. Dans le dessin animé, il faut faire des milliers de dessins, si vous commencez à dessiner Manga, vous n'arriverez jamais à faire un film en une année, si vous le faites bien, alors il vaut mieux faire des dessins très simples.
C'est une question de moyens technologiques ou de culture?
C'est une question de culture. Je crois qu'on est envahi par cette culture de Manga que les jeunes veulent copier à tout prix, sous l'influence de la télé, des jeux... Mais pourquoi n'y a-t-il pas de production sur le marché national?
Comment voyez-vous la situation du film d'animation en Algérie? Il y a quand même une certaine dynamique venant de la part des étudiants des beaux arts notamment, cette frange de «cinéastes» qui évoluent dans «l'air du temps» que vous décriez, mais ils tentent quand même de faire quelque chose...
Je pense qu'il faut organiser cet art. C'est-à-dire se réunir, avoir une école de base, simplifier le mouvement et le personnage et faire des films à caractère social. Ne faites pas un film de 20 à 30 minutes, faites-en de deux minutes. Il faut s'imprégner de cet art. Il ne faut pas imiter les Japonais. Faites des petits films sur les accidents de la route par exemple, la sécurité routière. J'en ai fait une série de 5 minutes en langue amazighe.
Ne pensez-vous pas qu'il y a un décalage entre vous et ces jeunes, je dirais au niveau de la démarche, la vôtre serait plutôt didactique et l'autre plutôt artistique?
Notre peuple a tout de même besoin de ces techniques pour être éduqué. Tout le monde regarde les dessins animés. Pourquoi ne pas faire des films d'abord éducatifs? L'artistique viendra après. Le plus important est de dire: attention ne crache pas par terre! Attention à la drogue, etc. Et puis amuser le public avec des petits gags.
Que devient aujourd'hui M.Mohamed Aram? Travaillez-vous toujours pour la télé?
J'ai arrêté de travailler pour la télévision. Maintenant, je suis sur un long métrage. C'est grâce à Khalida Toumi que ce film va être réalisé. C'est un long métrage en dessin animé sur la désertification des sols. Nous avons en Algérie un problème de sable. Le film est finalisé à 80%. Le scénario a été écrit en 1987. Il a été accepté par le ministère de la Culture en 1995. Ce n'est qu'en 2007 qu'il a été mis sur les rails. Il est vraiment formidable. Je pense le terminer en juin 2008 car il y a 9 444 dessins à réaliser. J'ai quand même une petite équipe de douze personnes avec moi. Dans ce film, vous verrez le costume traditionnel, l'Algérie, le Sud, de façon à ce que chaque Algérien puisse s'y retrouver. Qu'il s'y miroite, c'est ça l'objectif. On ne peut pas faire voir la tour Eiffel et raconter une histoire algérienne. Il faut voir Timgad, le Tassili, La Casbah, et faire en sorte qu'un enfant ait confiance en sa mère patrie.
Comment faire développer le dessin animé en Algérie selon vous?
Des amis m'ont dit récemment: «Du moment que tu bouges, fais une école!» Je ferai donc une école qui se déplace vers les élèves. Nous avons 48 wilayas. Si on forme dans chaque wilaya douze faiseurs de dessins animés, on aura 500 réalisateurs de dessins animés. Je passe 15 à 20 jours par wilaya, c'est suffisant. Je prends de bons dessinateurs et je leur apprends la technique d'animation dans sa simplicité... Imaginez donc. La télévision sera inondée de productions. Et ces affairistes iront se suicider! On n'ira plus à l'étranger faire nos emplettes. Je suis prêt à le faire, car dans chaque wilaya, il y a un centre culturel. J'espère terminer ma vie comme ça. Ce sera merveilleux. Je ne demande pas que l'on me paie.


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