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L'autre histoire de la littérature algérienne de langue française
KADDOUR M'HAMSADJI
Publié dans L'Expression le 29 - 01 - 2008

Le parcours éminemment algérien de l'écrivain reste exemplaire lorsqu'il s'agit pour l'histoire littéraire algérienne de construire ses propres références.
L'hommage public rendu le jeudi 24 janvier 2008 par M.Amine Zaoui et la Bibliothèque nationale à l'écrivain et critique Kaddour M'hamsadji appelle sans doute pour les spécialistes algériens - et, je le souhaite vivement, étrangers - de la littérature algérienne de langue française, la mise en oeuvre d'une histoire unifiée des pratiques littéraires d'Algériens, dans la perspective encore fragile d'une littérature nationale. J'en tire un double constat:
1°- Il est justifié de dire que la seule légitimité littéraire recherchée et reconnue présentement par les écrivains algériens -et aussi par leurs lecteurs- est celle que décrètent, en fonction d'enjeux qui leur sont propres, les instances littéraires parisiennes. La recherche universitaire française sur les littératures du Maghreb -scandaleusement dénationalisées et sans repères identitaires- est, depuis longtemps, soumise aux attentes exclusives de l'édition et de la critique françaises pour y revenir ici.
2°- On en est encore au point où il est choquant, depuis Paris et souvent Alger, d'entendre parler de littérature nationale algérienne, lorsqu'il est bien commode de disserter sur la littérature française dont elle apparaît à travers ses auteurs demi-nationaux ou français d'origine algérienne comme un greffon.
Lucidité et courage politique
Le parcours éminemment algérien de l'écrivain Kaddour M'hamsadji reste exemplaire lorsqu'il s'agit pour l'histoire littéraire algérienne de construire ses propres références. M.Kaddour M'hamsadji a beaucoup apporté à la littérature algérienne, non seulement par ses écrits d'une généreuse et transcendante humanité «Ma voix -est dans ta voix- dans ta bouche, -dans ton coeur,- enfouie», [Oui, Algérie, Birkhadem, 1961], mais aussi par son remarquable travail didactique d'accompagnement avec une égale mesure d'écrivain, hier dans le somptueux et unique El Moudjahid, aujourd'hui dans son feuilleton littéraire de L'Expression. Cela a été relevé par les conférenciers de la Bibliothèque nationale. Je voudrais témoigner de la lucidité et du courage politique de ce véritable écrivain dont je retiens cette phrase que chaque Algérien devrait méditer aujourd'hui.
C'est un des personnages du «Silence des cendres» -roman écrit pendant les ultimes soubresauts de la guerre d'Indépendance et publié à Rodez par Jean Subervie en 1963- qui s'exprime ainsi: «Mais qu'à cela ne tienne, nous aurons notre drapeau, et c'est ce qui est important», reconnaissant justement qu'après la paix, il faudra reconstruire, et que pour y arriver «que de choses à détruire!» Détruire (il ne s'agit pas dans ce cas de nihilisme) les insupportables legs de la colonisation et les féroces ambitions de pouvoir encore contenues des «frères». Position au demeurant morale et pertinente, dans une Algérie sortant de l'ornière coloniale. Et qui rend actuel le récit de M'hamsadji, au regard précisément des rendez-vous ratés de l'histoire de notre pays.
Un sens à la passionnante aventure de l'écriture
Est-ce présomptueux de saisir M'hamsadji dans une seule phrase, peut-être un unique mot, comme on l'a fait pour Camus et son inexpiatoire «justice»? C'était un jeune homme de trente ans qui interpellait rudement notre avenir. «Détruire», disait-il. Certes, mais pour reconstruire et aller dans le sens de l'Histoire. Et sanctifier les rêves, tous les rêves, surtout ceux qui viennent après la décrue des malheurs et des déchirures de la guerre. Et particulièrement ce rêve fou qui vaut par sa simplicité tous les programmes politiques: «Tu auras ta terre, ta maison, ta dignité d'homme.»
Il est regrettable que ce petit livre (d'une étonnante densité) n'ait pas été lu dans les lycées et les universités d'Algérie à cause d'une méfiance imbécile qui a déclassé tous les auteurs et textes algériens qui n'étaient pas édités dans le Quartier latin, ou qui n'y avaient pas leur adresse. Hier publiés par l'Ena, la Sned ou l'Enal, aujourd'hui par les nouvelles maisons d'édition algériennes dont le dynamisme est incontestable, beaucoup d'auteurs algériens -comme leur aîné Kaddour M'hamsadji- ne figurent pas et ne figureront jamais dans les recensions critiques et historiques que proposent l'université et l'édition françaises. Les a-t-on souvent disqualifiés au nom d'une imparable médiocrité parce qu'ils sont édités en Algérie? Ils n'ont pourtant pas moins de mérite que leurs compatriotes -mais aussi les auteurs de langue française- consacrés par le champ littéraire parisien. Et souvent, par leur qualité d'écriture, ils leur sont bien supérieurs.
Au-delà de l'hommage mérité à Kaddour M'hamsadji qui a donné sens dans différents registres à une passionnante aventure de l'écriture, il convient de retourner à une véritable histoire nationale de la littérature algérienne de langue française (mais aussi de langues arabe et berbère), qui se construit déjà par un patient travail de la critique journalistique et qui ne peut s'écrire que dans nos universités. Il faut sortir de cette étrange fatalité qui veut qu'il n'y ait de bons footballeurs algériens que dans les clubs de la ligue française et de bons écrivains que chez les éditeurs du Quartier latin.
L'institutionnalisation de la littérature algérienne -qui devient urgente- ne pourra que contribuer utilement à son autonomie et à la détermination de son rôle et de sa présence dans la société. Il y a quelques mois, l'écrivain Waciny Laredj appelait de ses voeux la création d'un grand prix national des Lettres. Il existe déjà le prix de la Fondation Mohammed Dib présidée par Mme Naget Khadda, et la Bibliothèque nationale a lancé le Prix Apulée. Mais beaucoup reste à faire pour que le destin de la littérature algérienne ne se décide plus à Paris, au Caire, à Beyrouth ou à Damas. Il faut aider cette littérature à avoir des lecteurs et de ce strict point de vue, les opérateurs politiques que sont les ministères de l'Education et de la Culture sont totalement défaillants. L'école n'apprend pas à lire et le livre n'est pas soutenu. Et souligner l'indigence de la recherche universitaire algérienne sur cette littérature, déjà sinistrée, mais en nette régression depuis la création d'écoles doctorales franco-algériennes dont le bilan reste à établir.
Ce n'est pas manifester sur l'indispensable appropriation de l'effort de création et de critique littéraires des Algériens par eux-mêmes, dans leurs propres institutions, un nationalisme étroit au moment où l'actualité algérienne se délite dans la tragique «harga». Saurons-nous garder dans la «Maison Algérie» ses fondamentaux, singulièrement, sa mémoire culturelle? Où la trouver, en dehors des oeuvres nombreuses de ses hommes et de ses femmes de culture, qui, aujourd'hui comme hier, n'en finissent pas, loin de Montmartre, de la Butte et de Ménilmontant -ici et maintenant à une encablure du feu- de renaître dans des combats nouveaux de l'insondable Silence des cendres? Voilà le message que je tire du respectable et constant travail d'écrivain et de critique de M. Kaddour M'hamsadji.
(*) Docteur en linguistique.
Ecrivain-universitaire.


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