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Une commune jetée aux oubliettes
OULED RACHED (BOUIRA)
Publié dans L'Expression le 03 - 08 - 2008

24 ans après avoir été promue au statut de commune, Ouled Rached, appelée aussi «Taddart», demeure, à ce jour, une région pauvre.
Oubliée, délaissée et abandonnée. Tels sont les mots les plus appropriés pour décrire la commune de Ouled Rached et ses villages. Située à une trentaine de kilomètres au sud-est de la wilaya de Bouira, la commune est issue du dernier découpage administratif de 1984. Depuis, sa situation n'a pas connu d'évolution. En matière de superficie, Ouled Rached est la plus vaste commune de la daïra de Bechloul avec plus de 150 km². Elle s'étend jusqu'à la limite séparant Bouira de Bordj Bou Arréridj du côté est. Mais, au grand malheur de ses 9732 habitants, selon les statistiques du dernier recensement, la commune reste, à ce jour, la plus défavorisée. Pourtant, les atouts ne manquent pas pour se mettre en route vers...le développement. Des potentialités de tout genre sont laissées à l'abandon.
En empruntant le chemin qui mène vers le chef-lieu de la commune, on a l'impression que l'on se perd au milieu des collines désertes. Quelques terrains défrichés, par-ci, par-là, par des particuliers pour l'agriculture. Grande opération d'extension au détriment du patrimoine forestier. A la dernière limite de la commune d'Ahl El Ksar, au virage qui indique la fin du village de Ouettouf, commence l'aventure vers Ouled Rached. N'était le panneau indiquant la direction, un étranger ne se serait jamais retrouvé en ces lieux, ni trouvé son chemin. La route est déserte. Aucun signe de vie. Quant à l'état de la route, plus on s'éloigne d'Ahl El Ksar plus la praticabilité devient difficile. Derrière quelques virages, la commune de Ouled Rached apparaît accueillante avec son air lamentable. Des interrogations plein la tête. Sommes-nous réellement arrivés à la bonne adresse? Peut-être que la route que nous avons parcourue n'était pas celle débouchant sur la commune. Que, non! C'est bien la bonne adresse. La commune de Ouled Rached, appelée communément Taddart (village), est dans tous ses états. Esseulés, deux uniques bâtiments narguent le décor par très beau à voir. L'image s'offre toute nue au visiteur. C'est d'ailleurs, la seule trace des pouvoirs locaux dans cette région. Ce petit don accordé comme offrande aux citoyens, ne fait qu'illustrer, tristement, ce qui n'a pas été encore donné et qui tarde toujours à venir.
Le Ramadhan 2007 gravé dans les mémoires
Dépassé Ouled Rached d'environ un kilomètre, à travers les chemins dégradés menant au nord de la commune, le village Ouled Abdellah surgit du néant. Les mêmes conditions. La même misère. Un peu plus en avant, cette fois-ci, au pied de la fameuse montagne de «M'laoua». Deux cornes montagneuses d'une altitude de près de 400 m, situées entre la commune de Bechloul du côté nord, et les deux communes, Ouled Rached et Ahl El Ksar du côté sud. Au coeur de cette vallée, des dizaines de maisons forment le village de Taghzout. Un autre hameau oublié. Il a été sorti de sa léthargie lorsqu'une nuit de Ramadhan d'octobre 2007 les hordes terroristes y ont signé une oeuvre barbare. Deux jeunes natifs du village ont été tués. Il s'agit d'un policier et d'un étudiant qui venait de décrocher son diplôme universitaire. Un monument immortalisant la mémoire de ces deux victimes a été construit juste devant la bicoque où le drame est survenu. Dix mois après cette nuit fatidique, Taghzout n'arrive toujours pas à avoir bonne mine. On a l'impression que cette région est en train de perpétuer son deuil.
Après 24 années d'existence sous sa nouvelle identité administrative, Ouled Rached n'a toujours pas bénéficié d'un projet digne d'améliorer sa situation. Tous les villages avoisinants attendent avec impatience l'arrivée d'un quelconque programme. Pourvu que ça bouge! Cependant, le vent qui a soufflé du côté des instances régionales de l'Etat, n'a rien apporté. Sinon, une prolongation de l'attente, de la misère qui continue de ronger le quotidien des citoyens. A commencer par le réseau routier: c'est la privation totale. Aucune piste n'est praticable ni même les chemins communaux d'ailleurs, réduits à la poussière. C'est véritablement l'éternel cauchemar qui hante les villageois. De ce point de vue, la commune de Ouled Rached ne diffère pas beaucoup d'un village. Au niveau de la partie sud du chef-lieu de la commune, se concentre la majorité des bourgades. A l'image de Hellassa, El Hammam, Thizza, Thamemachet et Assif Lekhmis, c'est la pire des aventures que l'on puisse faire le long du chemin.
Au pays des tracteurs-citernes
Encore un manque, le transport. Mis à part le chef-lieu, où une seule ligne assure la liaison entre Ouled Rached et la ville de Bouira, aucun village ne dispose de bus. Pour atteindre Ouled Rached, il n' y a pas mieux que la marche à pied, forcée bien sur. «Chaque jour, avant de rejoindre l'arrêt de bus à Ouled Rached, je dois parcourir 5 km», témoigne Lakhder, jeune originaire de Hellassa et travaillant à Bouira-ville. Une marche beaucoup plus ressentie par les écoliers contraints de traverser monts et vallées pour rejoindre les bancs d'écoles. Les lycéens sont les infortunés. Ouled Rached ne dispose pas d'établissement, ils sont donc orientés vers la commune voisine, Ahl El Ksar. Pour l'eau potable c'est une autre histoire, elle n'a jamais fait le bonheur des habitants. Les autorités ont procédé, il y a quelques années, à la réalisation de forages à travers les villages. Mais cela n'a pas été d'un grand secours. L'eau manque toujours. Le village de Hellassa n'a jamais bénéficié du moindre forage. Aussi, les habitants de cette bourgade ont décidé de se prendre en charge. Simple. Un tracteur et une citerne et le problème est momentanément réglé en attendant des jours meilleurs. Sur ce plan, on vit réellement au jour le jour.
La distance parcourue est d'une trentaine de kilomètres. De la commune de Ouled Rached jusqu'au village «Crête rouge», près de Semmache, commune d'Al-Adjiba, en passant par Ahl El Ksar et Bechloul. Seuls les tracteurs munis de citernes circulent à longueur de journée. «Le prix d'une citerne d'eau potable est de 1000 DA. Imaginons quelqu'un qui arrive difficilement à subvenir aux besoins de sa famille. C'est terrible!», regrette encore Lakhder. En matière de couverture de gaz de ville, Hellassa figure en bonne place dans la liste des communes qui attendent. Quant au centre de soins, le schéma n'est pas très différent. A travers tout le territoire de la commune, seuls, deux centres sont opérationnels: l'un au chef-lieu avec un seul infirmier et l'autre au village perché d'Assif Lekhemis. En cas de nécessité, le plus proche cabinet de médecin, est installé à Ahl El Ksar. Ouled Rached ne possède ni médecin et encore moins de pharmacie. Pour la population, le mal est profond. «Nous sommes privés de toutes commodités», déplore un jeune d'une trentaine d'années qui poursuit sur un ton chargé autant d'amertume que d'ironie: «Il me semble qu'il n'est pas du tout gênant de se demander si les responsables savent, au moins, qu'on existe dans ce coin perdu du monde.»
Le travail...une utopie
Parler du chômage, les mots ne diront pas toutes les vicissitudes auxquelles sont confrontés les jeunes de la région. Aucun projet d'investissement à l'horizon. En l'absence de gaz de ville et de l'impossibilité de se permettre le gaz butane, les jeunes se sont découvert un nouveau métier.
Le travail du bois. Il suffit de jeter un simple regard pour constater l'état du patrimoine forestier de la région. Par ignorance ou par nécessité, et malgré toutes les transgressions qui touchent de plein fouet la forêt, les chômeurs, eux, disent qu'ils n'ont pas d'autre choix. «Que pouvait-on faire du moment que rien n'existe ici, ni commerce ni investissement», soutient un jeune marchand de bois. «Nous sommes conscients de ces pratiques, mais, si nous faisons cela, c'est pour ne pas mourir de faim», a-t-il ajouté. La vie à Ouled Rached est singulière. Les gens sont condamnés à vivre dans une éternelle attente. En dépit d'un quotidien qui ne fait que s'appesantir sur toute la population, l'espoir, cette source intarissable de la vie, de voir un jour la région dotée de toutes les commodités, notamment, les routes, le gaz de ville, une clinique et pourquoi pas des entreprises, reste de mise.
Ce jour-là, peut-être, Ouled Rached méritera son statut de commune au sens le plus profond. En attendant, plus de 9000 âmes souffrent continuellement, d'un sous-développement qui ne dit pas son nom.


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