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«L'histoire du cinéma algérien se poursuit...»
PHILIPPE JALADEAU, ANCIEN DIRECTEUR ARTISTIQUE DU FESTIVAL DES TROIS CONTINENTS
Publié dans L'Expression le 05 - 02 - 2009

«C'est fini la formation sur le tas, seule la formation par les écoles permettra d'avoir des réalisateurs, des producteurs, des techniciens, etc.»
L'Expression: M.Philippe Jaladeau, vous êtes ici à Blida pour assister aux Journées internationales du court métrage où vous avez animé une conférence autour du pourquoi d'un festival. Pourriez-vous nous expliquer le fond de votre pensée?
Philippe Jaladeau: Oui, le but de cette conférence était de savoir où allaient les festivals aujourd'hui, à quoi servent-ils, est-ce qu'ils servent le cinéma, ou bien c'est ce dernier qui les sert? J'ai voulu, dans un premier temps retracer comment les festivals ont évolué, alors qu'au départ, ils étaient là uniquement pour montrer des films à un public et des critiques. C'était jusqu'il y a trente ans, des festivals culturels et puis, petit à petit, ils sont devenus une partie de la chaîne économique du cinéma parce qu'à ce moment-là, les distributeurs sont venus, il y a eu un marché du film, ils sont venus acheter des films. Une partie business est venue se coller à la partie culturelle. Les marchés sont devenus incontournables. On voit qu'aujourd'hui les festivals commencent à être moins importants et peuvent être contournés à ce niveau-là. Peu à peu, autour des festivals se sont enchaînées des actions périphériques parce que les festivals ont voulu intervenir indirectement pour soutenir la production du cinéma d'auteur, en particulier, qui était difficile à réaliser dans les pays du Sud, comme l'Algérie bien sûr, et d'autres pays d'Afrique, d'Asie ou d'Amérique latine. Il y a des fonds et des actions qui se sont greffés un peu partout dans les festivals jusqu'au Festival de Cannes et dans d'autres festivals comme le Festival des Trois continents. Nous avons créé «Produire au Sud» qui était un séminaire pour aider la production, surtout les jeunes à faire des coproductions. Tout cela est devenu une grosse machine. Aujourd'hui, les festivals soutiennent une autre action, pas seulement l'événement. Ce dernier est certes important, mais il existe d'autres actions tout aussi importantes autour de lui, tout au long de l'année. Ce qui fait que les festivals sont devenus de véritables entreprises. Cela peut charrier des préjudices comme négliger le coeur ou le poumon du festival, l'événement. Les buts artistiques de certains festivals sont dévoyés pour avoir une programmation très large, qui ressemble à une auberge espagnole et qui ne possède plus une véritable direction. Il n'y a plus véritablement de direction artistique dans certains festivals. Et ça, c'est vraiment dommage! Il n'y a plus de ligne en quelque sorte. Les gens picorent un peu partout. Cela développe une certaine confusion. Aussi, certaines villes se servent des festivals pour leur propre finalité, pour leur promotion, pour développer un certain nombre de choses purement locales qui ne sont pas au service du cinéma et des réalisateurs et c'est ce qui compte pour elles d'abord. Ce sont les films et les réalisateurs. Tant mieux s'il y a un public local, mais il ne faut pas changer les priorités. Il ne faut pas dire: que veut le public local?
Il a été beaucoup question, lors de cette conférence, de la formation des jeunes cinéastes, sujet soulevé d'ailleurs par nos jeunes cinéastes algériens. Un mot là-dessus...
Il est clair qu'aujourd'hui, la plupart des pays dans le monde, du moins là où le cinéma a une part importante, possèdent des écoles de cinéma. Un peu trop d'écoles même parfois puisqu'on dit qu'en Argentine, il y aurait 10.000 étudiants de cinéma et dans l'audiovisuel. Ce qui est quand même énorme, car cela fait des gens au chômage. Mais c'est quand même la formation par les écoles qui permet d'avoir des réalisateurs, des producteurs, des techniciens, etc. C'est fini la formation sur le tas où on regardait des films comme à l'époque de la nouvelle vague, où des réalisateurs comme Godard ou Truffaut allaient à la cinémathèque pour apprendre à faire des films. Maintenant, on est passé dans un autre système. Même aux USA. Depuis, Coppola et Lucas ont pris de l'importance, maintenant les gens qui font des films en Amérique sortent des écoles de cinéma. En Amérique latine, vous avez une école à Cuba, à Buenos Aires.. Dans le monde arabe, il y a des écoles, surtout au Liban, qui marchent très bien. L'école du Caire a repris une dynamique très importante. Il y a des écoles qui existent au Maroc et même en Tunisie. L'Algérie reste un peu à la traîne.
Pourriez-vous nous dire votre sentiment suite à l'accord de coopération et de coproduction conclu récemment entre l'Algérie et la France?
Je ne connais pas les termes de cette coproduction. Est-ce pour de la formation? c'est possible. Alors à défaut d'écoles, on peut faire des ateliers pour des formations spécifiques, pour des durées déterminées. Mais cela ne remplacera pas une école. On peut faire cela avec la France. Elle aura un atelier d'écriture, ou sur les problèmes techniques du son, notamment. On fera venir un certain nombre de gens de France. Il y en aura un certain nombre ici, mais cela ne remplace pas l'école. Il faut qu'elle existe, encore faut-il qu'il y ait des débouchés. On ne va pas faire des chômeurs. Parallèlement, il faut développer la production. Si on forme des réalisateurs et qu'ils ne pourront pas faire de films après, c'est une erreur. Il faut créer des écoles et des possibilités de faire des films.
Vous avez eu un coup de coeur pour deux films égyptiens qui ont été sélectionnés et visionnés lors de ces Journées internationales du court métrage de Blida...
Oui, Tout à fait. Ce qui m'a surpris et beaucoup plus, c'est que pendant un certain nombre d'années, le cinéma égyptien tournait en rond, le cinéma commercial n'était pas exportable. En termes de cinéma d'auteur, il y avait Youssef Chahine, il ne restait plus que Youssfi Nasr Ellah, et tout d'un coup, arrivent deux ou trois réalisateurs qui sortent de l'école du cinéma du Caire et qui sont très jeunes, entre autres, Chérif El Bandary dont on parlera et qui a fait deux courts métrages, absolument remarquables. Un (Sabah el foul, Ndlr) qui est vraiment une prouesse puisque c'est un film de plus de six minutes en plan-séquence, c'est-à-dire sans coupure du tout, avec Hind Sabry, magnifiquement dirigée et le film est très beau. Le deuxième intitulé A la fin du jour se distingue par une dimension intérieure formidable qu'on n'avait pas vu depuis longtemps. L'acteur qui joue dans ce film est, en fait, professeur de cinéma à l'école du Caire. Il n'est pas comédien. C'est là où le jeune réalisateur a dû le rencontrer et l'a pris comme acteur. Il y a aussi un autre cinéaste égyptien qui s'appelle Ibrahim El Batout qui a fait un bon long métrage remarqué dans les festivals, intitulé Aïn Shems.
Que pourriez-vous nous dire enfin sur le cinéma algérien?
Je trouve que le cinéma algérien retrouve une dynamique. Il a été brillant dans les années 70, ensuite il y a eu un creux dû au système de production qui était beaucoup trop étatique. Il n'y a pas qu'en Algérie. Partout ça s'est essoufflé, à Cuba en l'occurrence. En Syrie, pareil.
Il reprend, aujourd'hui avec ces jeunes réalisateurs dont ceux qui sont là, et je pense aussi à Malek Bensmaïl. Un cinéaste qui a fait un remarquable film primé au Festival des Trois continents. Il y en a d'autres. Je pense qu'il y a un renouveau du cinéma algérien. C'est un pays jeune. La culture cinématographique existe. Il y a des gens qui aiment le cinéma. Il ne faut pas perdre cette culture,il faut la maintenir. Si la culture du cinéma disparaît parmi les jeunes, il n'y aura plus de connexion avec l'histoire du cinéma algérien. Cette histoire se poursuit. Il ne faut pas qu'il y ait une coupure. En termes, de production, elle a eu lieu. Cette culture, je pense qu'elle existe parmi les jeunes réalisateurs. Moi, j'y crois beaucoup.


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