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Le dialogue est possible
ENTRE L'ORIENT ET L'OCCIDENT
Publié dans L'Expression le 22 - 10 - 2009

Le monde est marqué par l'extrémisme et la crise des valeurs.
Alors que nous sommes d'un même monde, on assiste à un dialogue de sourds et à une guerre de la dé-sinformation entre l'Occident et l'Orient. La crise des valeurs, des idées et des cultures bat son plein. Le principe de progrès se pervertit au nom d'un universel devenu hégémonique, au point d'imposer un mode d'être qui réfute le droit à la différence, la liberté et la singularité. Les discours sur la paix sont au mieux un tissu de voeux pieux et de bonnes intentions, et une totale déformation de la réalité. 90% des informations qui circulent dans le monde proviennent de sources occidentales. Les musulmans, pris comme boucs émissaires, sont accusés de tous les maux, car certains d'entre eux réagissent mal, prêtent le flanc et se conduisent de manière déraisonnable.
Malgré leurs limites, les sites Internet tentent de répondre à la désinformation, mais l'époque est dominée par les médias lourds, le monde de l'image, télévisions et cinémas. Les centaines de télévisions arabes et islamiques, ou bien sont une pâle et vulgaire imitation du système marchand, ou sont au service de propagandes archaïques. Faute de culture vivante et de rationalité, les formes de résistance de musulmans face à l'injustice, aux agressions et à l'hégémonie sont plutôt réactionnaires, bloquées dans un rapport négatif au monde. La solution ne tombera pas du ciel. Pour changer le rapport de force, progresser et relever les défis, la religion, de surcroît réduite à la gestuelle, ne peut pas suppléer à la raison.
Progrès et authenticité
Malgré les contradictions, le monde musulman doit être entendu comme un monde de résistance qui devrait témoigner d'une version singulière de l'humain. Il est possible de contribuer à une alternative intelligente, différence légitime, de formes singulières et autonomes de vie si on est créatif. La capacité à harmoniser l'individu et la communauté, l'unitaire et le pluriel, le permanent et l'évolutif, à créer et à expérimenter le sens de l'indépendance, peut encore se réaliser, si on se cultive et si on sait communiquer. L'ignorance, les comportements et les discours si peu crédibles, rétrogrades, superficiels et langue de bois, gagnent du terrain. Chacun de nous est responsable, pour sortir de ce cercle voué à l'échec, apprendre à raisonner, à communiquer et tenter de faire reculer la démagogie, l'inculture et l'incivilité. Débattre sur le plan interne, se réformer pour harmoniser progrès et authenticité est la voie, signe distinctif de la culture responsable et vivante.
Les citoyens vigilants, par-delà les dérives et les contradictions, puisent leur force de résistance de leur patrimoine, celui de l'équilibre et du juste milieu. Cette ligne est en train de vaciller. Le monde est marqué par l'extrémisme et la crise des valeurs. Au Sud, le problème est aggravé par l'absence de communication crédible. Il faut apprendre à connaître ses propres sources et celles des autres pour pouvoir dialoguer et communiquer. On ne doit pas tomber dans les pièges des provocations, ni se laisser entraîner par les mouvements extrêmes. Mais tout faire pour garder le cap, l'art de communiquer, afin de montrer que la civilisation, aujourd'hui en sommeil, se fonde non pas sur la confusion, mais sur la distinction et le lien entre origine et devenir, entre foi et raison, entre logique et sens. Face, d'une part, au regard arriéré, intégriste qui confond, s'accroche désespérément au passé déformé et instrumentalisé et, d'autre part, celui fasciné, aliéné et complexé par les prouesses technologiques et les permissions sociales de l'Occident, la majorité des citoyens considère qu'elle dispose d'une version médiane, se basant sur le couple «ouverture et vigilance», capable de lier authenticité et progrès.
Reste à être créatif, inventif, car rien n'est donné d'avance. De ce fait, on doit rechercher une voie politique et culturelle, ouverte et vigilante. Cela ne peut se faire avec le seul souvenir des leçons du passé, mais en assumant le présent, pour se projeter dans l'avenir. Ce qui signifie comprendre que les temps modernes offrent des opportunités et transforment la vie. Le travail de recherche pour une autre modernité, une transmodernité, nécessite une refondation des concepts, des catégories et des relations culturelles. Toute culture vivante est le fruit d'un échange, d'une symbiose, d'un partage. A quand le réveil pour sortir des replis, des superstitions et du sous-développement?
L'horizon n'est pas totalement fermé
S'éveiller c'est sortir du passéisme, tenter de relever les défis de notre temps et maitriser les transformations qui nous affectent aujourd'hui. Nul ne peut seul relever les défis. On a besoin les uns des autres, surtout autour de la Méditerranée. Le dialogue des cultures est la base, non seulement dans les termes de l'économie politique, car c'est le marché qui domine, mais aussi pour l'énonciation de valeurs de l'ouvert, qui transforment en richesses les différences. Cela n'exclut pas la critique.
A partir du dialogue, on peut contredire l'hégémonie, le matérialisme et les contrefaçons de la religion superficielle et figée. Les injustices, les incertitudes et la crise dominent, mais l'horizon n'est pas totalement fermé. On peut encore témoigner dignement de nos valeurs, de nos convictions et nos espérances, en phase avec le temps, et non point coupées de la réalité. Il reste un avenir.
Pour vivre humainement, il faut qu'on soit en accord avec notre conscience et le monde. Il est urgent de rouvrir les débats, hors de toutes les dogmatiques. L'on doit avancer dans la recherche des solutions concrètes, en donnant la priorité à l'école. Ainsi, pourra se dessiner et se mettre en orbite une communauté du savoir et du vivre-ensemble, antidote au fanatisme et à la tyrannie. Il faut refuser l'instrumentalisation de la religion, le vide culturel, les fuites en avant, la démission et le cynisme. Le citoyen a le droit de réclamer sa part de progrès. Il s'agit d'extraire de la culture du dialogue une politique de civilisation et non point le charlatanisme. Il faut oser proposer une «nouvelle civilisation universelle», au sens le plus cosmopolitique du terme, pour faire renaître le vivre-ensemble.
Pluralité et unité peuvent se conjuguer, pour réaliser un ouvert qui n'est en rien renoncement aux racines.
Dans ce sens, la civilisation, arabo-berbère andalouse, qui nous définissait hier, a préparé les grandes découvertes culturelles, scientifiques, esthétiques, politiques du monde. Elle a participé à la renaissance et à une modernité non encore perverties. Puis, sous les coups de boutoir des marchands, est venu le chaos de l'amère réalité, comme les rémanences de l'esclavage, la colonisation du tiers-monde, la mondialisation de la canonnière et les abîmes du désastre: colonisation de peuplement, dont la Palestine reflète la tragique condition humaine dans le cadre de la loi de la jungle moderne. Aujourd'hui, il s'agit de chercher ensemble le progrès et la justice, pour traduire «l'ouvert» de manière concrète, non coupé du réel. Sur le plan du rapport entre l'Occident et l'Orient, sans la libération du peuple palestinien, le monde entier doit savoir que l'avenir restera sombre. Le sionisme n'est pas un simple mouvement national, mais un mouvement raciste et colonialiste.
Pour changer le rapport de force, il faut arrêter de vociférer, de manipuler la religion et d'exploiter le désespoir. Il s'agit d'agir intelligemment, de communiquer et informer, en s'alliant avec tous ceux qui respectent le droit. Il ne faut pas renoncer au dialogue et à un savoir de l'amitié entre les peuples.
Sans faire l'impasse sur les causes du désordre et du «malaise dans la civilisation» que le système dominant produit, on doit dialoguer, rester proches de nos voisins du Nord et leur expliquer nos critiques, notre histoire et nos projets. Il faut interpeller l'ensemble de la communauté internationale, inscrite dans les grandes traditions spirituelles occidentales et orientales, pour dire que nous privilégions le vivre-ensemble, à condition que justice soit faite. Notre souci doit mettre en avant l'universel dans l'équité, sans contradiction avec le spécifique. L'archaïsme religieux et le repli sur soi mènent toujours à l'impasse.
Culture - éducation - information
A l'heure où dans le monde, le mouvement des idées semble vouloir nier la «panne» de notre temps, on doit informer, enclencher le débat, y participer, sans perdre de vue la nécessité de mettre en avant nos valeurs communes, actuellement remises en cause ou manipulées. Le but est d'ouvrir les conditions d'un dialogue qui évite les outrances caractéristiques du malaise dans la civilisation. Dérives que des intellectuels ont diagnostiquées. Les causes sont visibles: d'un côté, la version ultralibérale coupée du sens et de la justice qui veut se mondialiser, et de l'autre, celle de visions religieuses rétrogrades du monde. Toutes deux, produit d'une politique sans principe moral, éthique, ou culturel. Partout, ce sont les méthodes des sectes qui semblent dominer. La pratique des cultures et des croyances est soumise à la loi des manipulations et du folklore, en contradiction flagrante avec les Textes révélés et en violation des principes souverains du droit international.
Dans le contexte du libéralisme sauvage, partout les fausses églises, les intégrismes et les sectes prolifèrent et les contrefaçons des religions tous ensemble déferlent. Se succèdent des rapports faux, tout à la fois à l'ordre des valeurs humaines, du Texte révélé et de la culture qui libère et éclaire. Les nouvelles croisades et les réactions aveugles deviennent des farces tragiques et cruelles, que le prétendu «choc» imaginaire entre les civilisations représente. Heureusement, des théoriciens des fondements de la civilisation, d'une sécularité ouverte, remarquent que, sauf par la répression vouée à l'échec, il est impossible d'exclure la pluralité des cultures. Il est urgent de redécouvrir l'enjeu du rapport entre les cultures, et par-delà entre tous les peuples. Les citoyens ne sont pas dupes. Ils savent qu'il ne peut y avoir de paix sans justice et ne supportent plus tout à la fois les délires du dedans de leur monde en recul et ceux du monde qui les caricature. Il n'y a pas d'alternative au dialogue.
Dans la réciprocité, les efforts de décentrement, de déplacement, de patience sont nécessaires pour se mettre à l'écoute de l'autre, pour tenter de comprendre et de respecter la différence. Championne de l'hospitalité, la culture arabo-berbére andalouse est déformée de l'intérieur par certains des siens, et de l'extérieur par ceux qui pratiquent l'amalgame, la diversion et le jugement hâtif.
La solution est dans la priorité qu'il faut donner aux trois domaines clés: culture - éducation - information. Sur cette base, le dialogue est possible.
C'est le chemin futur, en vue de faire reculer la désinformation et l'injustice. Par la culture, le savoir et l'information on peut ouvrir de nouveaux chemins, l'ignorance étant le principal obstacle au vivre-ensemble. L'Algérie de par son histoire, ses richesses naturelles, sa position géostratégique et sa jeunesse, peut ouvrir la voie. Il n'est pas trop tard.
(*) Philosophe, professeur en relations internationales.
www.mustapha-cherif.net


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