Zitouni prend part à la réunion préparatoire de la 33ème session ordinaire du Sommet arabe    La proposition de l'Algérie adoptée    Grands pas dans la préservation de la dignité du citoyen et le développement des compétences    L'UE juge inacceptable la demande israélienne d'évacuation des habitants de Rafah    La classe politique allemande dénonce le califat islamique mais se soumet servilement au caïdat sioniste    Manifestation dans le centre de Tel Aviv exigeant le limogeage du gouvernement de Netanyahu et la tenue d'élections    Les matchs du dernier souffle de saison    Ligue 1 Mobilis – Mise à jour : MC Oran – USM Alger fixé pour le 21 mai    Quatre pongistes algériens présents à Kigali    Quatre personnes blessées dans un accident    Caravane de sensibilisation aux risques d'incendies de forêt, d'accidents lancés à Sidi Ali    Rénovation des conduites d'eau potable    Il appartenait à un déporté algérien en Nouvelle-Calédonie    Des figures légendaires du genre enchantent le public algérois    Un site archéologique important en cours de valorisation    51e anniversaire de la création du Front Polisario : le peuple sahraoui déterminé à poursuivre son combat pour l'indépendance    Le président du Conseil de la nation présente ses condoléances aux familles des victimes de la tragédie de la Promenade des Sablettes    Cinq (5) enfants morts par noyade à la Promenade des Sablettes à Alger    BNA: ouverture d'une nouvelle agence bancaire à Sétif    Production pharmaceutique: perspectives d'une production atteignant 4 milliards de dollars en 2024    Conférence pour le suivi de la mise en œuvre des opérations relatives aux examens scolaires    Constantine: l'état des lieux du secteur des Transports, thème d'une journée d'étude régionale    Décès du moudjahid Nemmar Mohamed dit "Mohamed Seghir" à l'âge de 88 ans    Conseil arabe économique et social: appel à l'intensification des efforts pour l'intégration économique    Conférence des femmes leaders à Doha avec la participation du Conseil de la nation    Décès du moudjahid et ancien commandant Mohamed Mahfoud Bousmaha, dit "Mohamed el Berrouaghia" à l'âge de 85 ans    Zitouni et son homologue bahreïni conviennent de l'activation de la commission mixte de coopération    Tour d'Algérie 2024 : coup de starter de la 24e édition à Oran    Coupe d'Afrique de développement régional de triathlon: Berrouane et Terki sacrés    Ligue 1 Mobilis : le leader tient bon à Khenchela, le CRB nouveau dauphin    Festival Imedghassen : un public nombreux à l'ouverture de la 4ème édition    Découverte d'un document historique authentique rare appartenant à un déporté algérien en Nouvelle-Calédonie    Clôture du méga-concert Rai : des figures légendaires du genre enchantent le public algérois    25 mis en cause placés en détention provisoire pour actes de vandalisme    Une formation au profit des médias sur la couverture de l'élection présidentielle    Préservation de la souveraineté nationale    Le droit de massacrer, de Sétif à Gaza    La protesta estudiantine occidentale face aux lobbies sionistes.    ALORS, MESSIEURS LES DIRIGEANTS OCCIDENTAUX : NE POUVEZ-VOUS TOUJOURS PAS VOIR LES SIGNES ANNONCIATEURS DUN GENOCIDE A GAZA ?    Megaprojet de ferme d'Adrar : « elmal ou Etfer3ine »    Témoignage. Printemps Amazigh. Avril 80    Le Président Tebboune va-t-il briguer un second mandat ?    L'imagination au pouvoir.    Prise de Position : Solidarité avec l'entraîneur Belmadi malgré l'échec    Ils revendiquent la régularisation de la Pension complémentaire de retraite: Sit-in des mutualistes de la Sonatrach devant le siège Aval    Coupe d'afrique des nations - Equipe Nationale : L'Angola en ligne de mire    Suite à la rumeur faisant état de 5 décès pour manque d'oxygène: L'EHU dément et installe une cellule de crise    Pôle urbain Ahmed Zabana: Ouverture prochaine d'une classe pour enfants trisomiques    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



«Le multilinguisme est un atout»
TAHAR ZABOOT À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 13 - 04 - 2010

Docteur d'Etat, maître de conférences, responsable de l'antenne doctorale de français de l'université de Tizi Ouzou, Tahar Zaboot vient de publier deux ouvrages, l'un portant sur les théories linguistiques et l'autre traitant des méthodes d'élaboration de thèses de doctorat.
Actuellement, chef de département de français, l'auteur évoque, dans cet entretien, les raisons qui l'ont poussé à s'investir dans ce travail. Les préoccupations et le niveau inquiétant des étudiants ne le détournent pas, pour autant, de la situation linguistique nationale. Nous l'avons questionné sur le multilinguisme en Algérie.
L'Expression: Comment est née l'idée d'écrire ces deux ouvrages?
Tahar Zaboot: Concernant le premier ouvrage, c'est-à-dire, celui relatif à l'élaboration d'un travail de recherche, d'une thèse, l'idée m'est venue à la suite d'un stage effectué en France, dans le cadre de l'école doctorale de français. Les intervenants nous ont longuement parlé de la conduite à tenir afin de mener à «bon port» un travail de recherche. Il y avait parmi les collègues algériens, des enseignants anciens et expérimentés, et les échanges étaient fructueux et intensifs.
Des documents nous ont été remis à cette occasion et certains sont insérés dans le document dont je parle et que je viens de publier. Celui-ci pourra servir de guide aux étudiants qui seront amenés à, justement, élaborer un travail de recherche. Moi-même, lorsque je préparais mon doctorat, j'avais été confronté aux difficultés liées à l'élaboration de ma thèse. Le deuxième ouvrage est né, lui, d'un constat, d'une observation. En effet, à chaque cours magistral (ou CM) en amphithéâtre donc, les étudiants vivent un véritable dilemme: prendre note ou suivre les explications de l'enseignant. Faire les deux s'avère être une tâche difficile. Je présume que le problème se pose à un grand nombre de collègues. Cela est dû, comme chacun le sait, à la baisse de niveau des étudiants. Il est vrai que ceux-ci se débrouillent pas mal à l'oral, mais le passage à l'écrit demeure problématique pour beaucoup d'entre eux. Le travail que je mets à leur disposition leur permettra, je l'espère, de se libérer de la prise de note et de faire davantage attention à ce que dit l'enseignant. Je profite de l'occasion pour préciser quelque chose que j'avais pourtant signalée dans le manuscrit remis à l'édition et que je ne retrouve pas dans le livret consacré à l'élaboration d'une thèse, notamment.
J'avais donc signalé que quelques pages jointes au dossier provenaient d'un stage effectué à Tours en France. Par ailleurs, dans le deuxième livret consacré aux théories linguistiques, de nombreuses erreurs ont été commises lors de l'édition, qui devraient être corrigées par une page d'errata, qui devrait être jointe au livret.
Notre pays, étant plurilingue, considérez-vous cela comme positif?
Oui, je considère le multilinguisme comme un atout concernant les Algériens dans leur communication au quotidien mais, pas seulement. A l'exception de monolingues et pour cause, aucun Algérien, qu'il soit arabophone ou berbérophone, ne parvient à entretenir une conversation dans une seule langue: l'arabe algérien, le berbère et/ou le français à l'exception des deux autres. Si l'on observe la fréquence d'emploi dans les échanges communicatifs quotidiens des locuteurs algériens, on constate que l'alternance des langues est bien plus présente dans leur pratique langagière que les trois principales langues présentes dans le pays. Par ailleurs, les échanges internationaux imposent aux Algériens la maîtrise d'autres langues.
Il faut d'ailleurs se rappeler que, du contact des populations donc des langues, sont nés d'innombrables modes d'expression et de communication comme le pidgin, le créole, le sabir et autres. Le sabir, justement, qui peut être considéré comme un auxiliaire, un compromis linguistique, a permis des échanges communicatifs qui ont abouti à des transactions commerciales entre des individus n'appartenant pas à une même communauté ethnique et ne partageant pas de ce fait une même langue. La pratique du sabir, née du contact des langues, remonte aux échanges commerciaux dans les ports méditerranéens comme ce fut le cas à Bône, actuelle Annaba et ce, bien avant 1830. En outre, le multilinguisme permet et favorise l'accès à d'autres cultures, civilisations, modes de pensée et d'autres visions du monde.
Pouvez-vous nous parler des contacts qui peuvent survenir dans un contexte bilingue ou multilingue?
La situation de contact des langues est propice à l'émergence de divers phénomènes linguistiques. On peut citer entre autres l'interférence considérée comme un transfert inapproprié, non voulu, donc individuel. L'emprunt, est, lui, un transfert voulu qui supplée un déficit, donc collectif. Il y a le calque qui est une traduction littérale. Il y a des mélanges de langues ou «code-mixing» qui dénote un manque de maîtrise suffisante des langues sollicitées. Et enfin, l'alternance des langues ou «code-switching» pour reprendre l'appellation anglo-saxonne qui, elle, dénote, une maîtrise suffisante des deux langues. Concernant l'emprunt, le locuteur et/ou la société se retrouvent devant un dilemme: emprunter ou produire des néologismes. Dans les deux cas, il faut être dans la juste mesure. Il ne faut pas emprunter à l'excès et ne pas s'adonner excessivement à la néologie. L'alternance des langues, quant à elle, lorsqu'elle est pratiquée pour les besoins de la communication, acquiert un statut de stratégie langagière mise en place par un locuteur plurilingue. Elle permet à celui qui la pratique de s'adapter à la situation de communication et à l'interlocuteur. Elle signifie une maîtrise suffisante des langues sollicitées. De façon générale, les contacts de langues permettent et favorisent l'évolution, la mutation des états de langues à travers le temps et l'espace.
Que pensez-vous de la recherche linguistique dans notre pays?
De manière générale, la recherche linguistique est toujours vivante en Algérie. Des colloques sont organisés dans certaines universités, des magisters en sciences du langage sont soutenus, des revues (très peu) publient quelques travaux d'enseignants et d'étudiants, comme Synergies de l'école doctorale de français. Néanmoins, la recherche demeure insuffisante, les conditions générales, n'étant pas réunies. Il faudrait encourager et faciliter les échanges interuniversitaires, y compris internationaux (octroi de bourses pour enseignants, chercheurs et étudiants, développer les abonnements aux revues spécialisées, permettre aux enseignants étrangers, en déplacement en Algérie, d'assurer des séminaires.
Et concernant l'accès aux nouvelles technologies?
Pour être honnête, nos universités n'ont pas toutes accès à l'ensemble des nouvelles technologies. Autrement dit, hormis Internet qui permet de consulter certains travaux de collègues linguistes, l'accès à des ouvrages purement linguistiques s'avère très difficile. Seuls sont présentés des résumés d'ouvrages. Les vidéoconférences, par exemple, qui pourraient permettre de tenir des réunions à distance et débattre de questions linguistiques entre collègues, ne sont pratiquement jamais possibles, faute d'équipement. Tout reste à faire en ce domaine donc et j'espère que les responsables concernés se pencheront sur la question.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.